24-04-2014 18:49 - Une jeunesse perdue dans un pays où la « prostitution » politique règne.
kaalden googa - La formulation peut être étonnante pour certains avec le mot prostitution qui signifie dans le dictionnaire Larousse « un acte par le quel une personne consent à des rapports sexuels contre de l'argent ». On peut utiliser ce terme également pour désigner l'achat des voix qui est une pratique courante chez les hommes politiques en période électorale.
C’est ainsi que la population qui leur sert d’appât est conçue comme un réservoir à voix taillable et corvéable. Ces prostitués politiques qui sont tous issus des plus hautes sphères de l’Etat, ont toujours mis en avant dans les campagnes politiques l'argent comme arme de conquête.
Pour cela nos villes et nos villages croupissent de jour en jour dans la misère faute de vision et de perspective claire de nos politiques. Nos populations en arrivent à la conviction que la politique c'est seulement le présent, d'avoir de quoi mettre dans la marmite et tout ce qui reste « ko Alla jogui ». Tout relève de Dieu bien-sur mais notre développement dépend de nous mêmes pas sur les cadres ou l’État.
Connaissons-nous la politique?
Ces prostitués politiques ont formaté les esprits à telle enseigne qu’aujourd'hui « le meilleur politicien est ce "généreux" donateur qui distribue de l’argent à flot pour assouvir ses ambitions personnelles égoïstes. Inconscients des enjeux beaucoup de jeunes en profitent aussi.
Ainsi, cette politique qui ne repose pas sur des principes a semé la haine et la division dans nos familles dont certaines sont aujourd’hui séparées. C’est pourquoi toutes les alliances qui se forment sont guidées par l’argent qui est le nerf de cette sale guerre. Si l’argent est le mobile d’un mariage, il sera aussi la cause du divorce.
« So goo wopama noon limoree ayiima », « un mauvais départ aboutit toujours à un échec », aujourd'hui le regard ou la vision des vieux par rapport à la politique c'est presque transposé chez les jeunes.
A côté des prostitués politiques du pouvoir il existe aussi une autre catégorie chez les partis d'opposition. Dans ce pauvre pays où le climat politique est pollué par la prostitution, on dénombre une multitude de partis politiques soit un pour 1000 électeurs. Si le multipartisme est un des critères d’une santé démocratique, la formation de partis sur des bases clientélistes, ethniques, tribales ou familiales tue la démocratie.
Un parti qui ne vit qu’en période électorale peut-il contribuer à la consolidation des acquis démocratiques. L'opposition constitue un contre-pouvoir. Elle permet d’éviter que la majorité une fois au pouvoir n'ait la tentation de mener une politique portant atteinte aux droits et libertés. Pour cela l'opposition dispose de différents moyens par exemple la mise en cause de la responsabilité gouvernementale devant l'assemblée nationale par la motion de censure.
Si on se limite à cette unique arme redoutable de l'opposition chacun peut en déduire quelque chose car comme nous le savons depuis l'existence du multipartisme en Mauritanie cette action n'a jamais été engagée hormis la fronde parlementaire téléguidée par des généraux sous l’ère Sidi O/ Cheikh Abdallahi.
Faute de visions et de perspectives claires, elle se réfugie derrière des manifestations sporadiques aux slogans inspirés de l’extérieur. Elle multiplie les réunions de discussion, et se termine par faire des propositions à la majorité qui ne les a jamais prises en considération. Face à leur impuissance, la majorité leur tourne toujours le dos. Ainsi pour mieux mener son action de prostitution, elle se tourne vers la population plus précisément aux jeunes en les conduisant dans la rue, en les poussant à faire des actes odieux comme la profanation du Saint Coran etc.
Un problème aussi se pose au niveau de l'opposition celui de l'alternance politique. Seul une alternance va permettre aux jeunes de comprendre à bien leur devoir, l'autre me dira il faut que les jeunes savent s'imposer oui mais il faut aussi une volonté de céder car si non le jeune va être pris comme un putschiste.
Enfin se pose une question fondamentale, celle de la confiance qu’il faut placer aux acteurs politiques du pouvoir et de l’opposition confondus. L’électorat est écartelé entre ces deux camps aux pratiques similaires.
Si nous sommes soucieux de l'avenir de ce peuple, en aucun cas nous ne devons accepter qu'on achète nos voix ou notre force intellectuelle. Pour avancer on ne doit plus croire à ces prostitués politiques et le peu de force intellectuelle que nous avons doit nous guider.
Nous avons pendant longtemps été victime de cette prostitution politique mais aujourd'hui à l'heure où le Mauritanie cherche une place importante au niveau international, notre devoir est de montrer ce que nous sommes capable de faire.
Niang Daouda Amadou
Avec le soutien de Mr Dia Abdoulaye (professeurs)
et Mr N'diaye Kane Sarr.
nzrou80@yahoo.fr
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