29-06-2014 08:17 - Le combat de jeunes Mauritaniens pour venir en aide aux populations défavorisées

Le combat de jeunes Mauritaniens pour venir en aide aux populations défavorisées

Le Courrier du Sahara - Un collectif de jeunes de Rosso a créé une œuvre humanitaire pour venir en aide aux familles dans le besoin avant le Ramadan. Quatre tonnes de sucres et 1300 kilos de dattes ont été distribués à l’occasion de la troisième édition de l’opération Sukkorou Koor.

Djibril Abdoul Diop arpente les ruelles sinueuses de sa ville natale. La nuit vient de tomber sur cette cité frontalière du Sénégal. Le jeune homme, qui préside le collectif «Agir ensemble pour Rosso», n’a que quelques heures devant lui pour mettre au point les derniers détails de la troisième édition de l’opération Sukkorou Koor 2014.

Les équipes seront mobilisées dès le vendredi matin 28 juin pour distribuer plusieurs tonnes de denrées de première nécessité, à deux jours du début du Ramadan.

Les jeunes du collectif sont déjà réunis dans une villa du centre-ville. Des paquets de dattes et de sucres sont ouverts et triés. La production est locale. La marchandise est soigneusement répartie, à l’aide de petits sachets qu’il faut remplir à la main. Cinq kilos de sucres et un kilo de dattes par famille. Des centaines de sacs sont assemblés durant une bonne partie de la nuit. Les femmes prennent le relais dès le lendemain matin

«Ces jeunes savent comment cibler les aides»

Aux premières heures de la matinée, les jeunes sont accueillis dans le bâtiment communal par le deuxième adjoint au maire, Alpha Ba. Ce dernier souhaite être tenu informé des derniers détails avant le lancement de l’opération. La Mairie a livré l’essentiel des aides: 1300 kilos de dattes et quatre tonnes de sucre destinés à 800 familles nécessiteuses. «C’est une très belle initiative, tant du point du vu religieux que social. Ces jeunes ont de l’expérience. Ils connaissent le terrain et savent comment cibler les aides. On ne pouvait que collaborer avec eux», témoigne Alpha Ba.

Le maire de Rosso, Sidi Diarra, et son équipe, appartiennent au parti El Wiam, de l’opposition «modérée». Ils sont entrés en fonction à l’issue des municipales de décembre dernier. Le collectif doit-il redouter une récupération politique? «Il n’y aura pas de récupération politique, assure Djibril Abdoul Diop. C’est la vie de la commune qui est en jeu et cela nous concerne tous. Et le maire n’est pas impliqué en tant que représentant du parti El Wiam.»

Le collectif finance ses activités avec une cotisation mensuelle. Les habitants de Rosso ont été invités à faire un geste avec une donation. Egalement sollicitées, les grandes entreprises du pays, comme les banques et les opérateurs téléphoniques, n’ont pas données suite aux appels du collectif, regrette l'un de ses membres.

Des ravitaillements pour une dizaine de villages autour de Rosso
Pour cette troisième édition, l’équipe s’apprête à ravitailler une dizaine de villages autour de Rosso, une première. «Ce sont des communes dans lesquelles peu de gens travaillent. Il y a beaucoup de chômage et les populations en sont très affectées», explique Mustapha Bou, l’un des bénévoles.

Le convoi s’arrête à Gowpbina 1, une petite cité d’une centaine d’habitants. Les membres de l’équipe cherchent à entrer en contact avec le chef du village. Il leur faut s’assurer que les denrées seront équitablement réparties. En l’absence de ce dernier, c’est son épouse qui réceptionne la marchandise. «Nous manquons de tout, de sucre, de lait, de café. Nous n’avons pas d’eau potable. Nous sommes obligés de puiser l’eau du fleuve mais elle est contaminée», déplore Coumba Diallo, une femme du village.

Les habitants se regroupent autour de la délégation. Les questions fusent. «Ils nous demandent si l’aide vient de l’Etat. On leur explique que c’est une œuvre sociale organisée par des jeunes de Rosso», explique Mustapha Bou. Dans la foule, Mamadou Mohamed Deh, un jeune du village, interpelle le comité. «De toute façon, les représentants de l’Etat, on ne les voit jamais!»

30'000 UM par mois pour une familles de six à sept personnes
Plusieurs sacs de sucres et de dattes sont déposés. Le convoi repart et poursuit sa route en direction de Toungen, un autre village. Les bénévoles sont accueillis par Bada Dian, adjoint au député de Rosso: «Regardez ces baraques autour de vous. Ici, 30% des familles vivent au jour le jour, sans revenus assurés. Avec parfois moins de 30'000 ouguiyas par mois pour une famille de six à sept personnes. Cette aide est forcément la bienvenue.» Un vieil homme s’approche des sacs de vivre. Il tient à remercier en personne chacun des bénévoles. L’assistance se recueille au cours d’une brève prière dirigée par le vieillard.

A quelques kilomètres de là, dans le dernier site visité par la délégation, des femmes sont regroupées autour d’une marmite. En déplacement, le chef du village ne peut pas recevoir les bénévoles. Aucun homme n’est visible à l’horizon. La marchandise est déchargée devant l’assemblée mais le ton monte. Les femmes se disputent pour le partage des vivres.

«Un homme doit venir pour trancher», s’exclame l’une d’entre elles. Un jeune homme s’approche du petit groupe pour mettre fin à la dispute. La marchandise sera déposée à la mosquée en attendant le retour du chef du village, décide-t-il. Les bénévoles repartent à bord de leur pick-up. Ils n'ont pas une minute à perdre. Plusieurs centaines de familles doivent encore être ravitaillées avant la tombée de la nuit.



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