31-03-2015 11:54 - Ce que je pense de ce qui se passe: Ni Musellement ni Censure, mériter sa liberté…

Ce que je pense de ce qui se passe: Ni Musellement ni Censure, mériter sa liberté…

Tawary - On vous dit publiquement : « eskit voummat », « moubbu hunukoma », « teudieul sa gueumine », « an raqqe ntexe » (ferme-la !!!) », Vous faites quoi ? Ceux qui pensent devoir à Mohamed Ould Abdel Aziz le semblant de liberté d’expression dont nous croyons jouir ont sûrement frotté leurs yeux et leurs oreilles pour s’assurer que ce n’était ni un rêve ni un cauchemar que de voir et d’entendre le Président de la république s’emporter en direct sur un journaliste en ces termes : « eskit voummak » (ferme-la).

Ceux-là ont dû être ébahis d’entendre leur Chef d’Etat intimer à un autre journaliste, celui-ci étant de la Chaine publique officielle Al Mouritania, l’ordre d’arrêter l’enregistrement de sa rencontre en direct avec quelques journalistes sélectionnés par les soins de je ne sais quel conseiller…Ils ont dû sûrement se sentir déçus lorsqu’au summum de sa colère le président qui a habitué la presse à des rencontres on ne peut plus relaxes a dit à tous les journalistes venus le questionner : « ensahbou kaamliin !! » (Retirez-vous tous)….

L’entretien télévisé entre le Président de la république a symbolisé à mon sens l’expression du musellement et de la Censure. Musellement parce que le Chef de l’Etat a voulu faire taire un journaliste. Celui-ci n’a pas eu froid aux yeux pour lui dire : « Monsieur le Président je suis venu pour parler… »

Face à l’intimidation, Ahmed Ould Ouadi’a, en journalise convaincu, a exercé son droit à la liberté d’expression et son devoir de défendre ce droit…Libre à qui veut se mettre dans la position de défenseur de la sacralité du titre de chef d’Etat de dire que ce journaliste a été impoli et irrespectueux de la fonction de Président de la République…Que l’on reconnaisse simplement à chaque homme le droit au respect et le droit de résister à toute tentative d’humiliation…

Là où des journalistes, se croyant privilégiés parce qu’invités à interviewer le Président de la république, préfèrent courber l’échine et s’abstenir de tout comportement professionnel de crainte d’être exclus des grâces du chef, il doit se trouver au moins un qui donne la priorité à sa propre image et veille sur la rigueur professionnelle qui est attendue de lui.

Là-dessus, le jeune Ahmed Ould Ouadi’a s’est montré à la hauteur puisque, resté malgré la prise de gueule avec le Chef de l’Etat, il a posé les vraies questions avec chiffres et références à l’appui ; et ce avec sang froid. Combien auraient pu garder une telle lucidité face à l’hostilité d’un Président de la République que visiblement même les ministres, assis à côté les bras croisés, donnent l’impression de craindre jusqu’à la moelle ?

Censure, parce que pour cacher sa mauvaise humeur aux téléspectateurs, Ould Abdel Aziz a intimé énergiquement l’ordre au journaliste qui gérait l’émission de couper la retransmission en direct…La TVM, Al Mouritania, est donc loin d’être un service public libre.

Quand les humeurs du chef deviennent des ordres à exécuter il ne faut pas se laisser convaincre que la question de l’augmentation des salaires des journalistes des medias officiels relève des choix des Présidents de Conseils d’Administration des établissements dont ils dépendent…

Quand ce même chef d’Etat peut se permettre d’effectuer des visites inopinées dans ces établissements et y faire trembler de trouille les Directeurs et Chefs de services, c’est qu’il peut bien donner l’ordre de faire jouir les employés de ces institutions de toutes bonifications accordés aux autres fonctionnaires de l’Etat pas ses soins…

Censure encore, parce que les rediffusions de cette fameuse conférence de Presse sur la TVM et autres chaines alignées ont privé les téléspectateurs de l’Instant où Mohamed Ould Abdel Aziz est sorti de ses gonds face à Ahmed Ould Ouadi’a…Heureusement que les medias sociaux sont là pour favoriser le rattrapage…

N’en déplaise à tous ceux qui défendent Ould Abdel Aziz au nom du respect dû à la fonction de Président de la République et à ceux qui avaient approuvé par principe le geste d'un certain Al Jaydi, le journaliste arabe qui avait lancé sa chaussure à Georges W. Bush, la liberté d’expression n’est pas donnée, elle se mérite…

Les poètes, les artistes et les intellectuels de la trempe de Gramsci qui eut à utiliser son sang en prison pour rédiger des Cahiers de prison, sont un exemple à suivre pour les journalistes mauritaniens…

Kissima (kissimadiaganamondoblogsopt)



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