25-09-2016 15:10 - Privé de subventions et de reconnaissance, marginalisé :Heurs et malheurs du Comité Olympique( première partie)

Privé de subventions et de reconnaissance, marginalisé :Heurs et malheurs du Comité Olympique( première partie)

Rimsport - Le Comité National Olympique et Sportif Mauritanien (CNOSM) fait l'objet, depuis plus de deux décennies, d'un ostracisme sans précédent. Cibles idéales, dans la ligne de mire des différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, le CNOSM et son président n'ont pourtant jamais cessé de s'employer à promouvoir l'image de la Mauritanie, dans le concert des nations sportives.

Force est de reconnaître le travail méritoire entrepris pour redorer le blason du pays via l'édition de trois pins obligataires (Beijing 2008, Londres 2012 et Rio 2016). Aujourd'hui, ces pins sont les plus recherchés sur le marché international des collectionneurs, accroissant de jour en jour leur valeur.

"C'est la meilleure publicité qu'on puisse offrir et perpétuer pour la Mauritanie", reconnaissent les spécialistes. Un travail sous_estimé, voire ignoré.

La Mauritanie avait fière allure à Rio 2016

La délégation mauritanienne avait fière allure, vendredi 5 Août, lors du traditionnel défilé d'ouverture des Jeux Olympiques Rio 2016. Rayonnant de joie, l'athlète Jiddou Ould El Moctar, portait, en tête de délégation, l'étendard national. Suivait sa collègue Houleye Ba et leurs accompagnateurs : Mohamed Abdellahi ould Nagi, chargé de mission, Daouda Kassougué, entraîneur, Boïbou Ould Guig, officiel de l'équipe, Khadijetou Mint Yacoub, responsable féminine et deux australiens, amis et convives du CNOSM. Ils ont défilé dans une ambiance joyeuse.

Signalons que le président et le secrétaire général du CNOSM, le docteur Mohamed Mahmoud Ould Mah et Abdoul Kader Dieng étaient dans les travées du mythique Maracana. Dans la tradition des JO, tous les pays ont la possibilité de convier des mécènes et de les faire accréditer au sein de leur délégation.

Ces bonnes volontés qui profitent des vacances estivales facilitent souvent la tâche et établissent des liens avec leur pays d'adoption. En retour, ils reçoivent des présents (objets d'art, tenues traditionnelles...).

Les JO sont obligatoires pour tous les pays (Charte olympique) que ces pays aient ou non des athlètes qualifiés ; et ce, au nom de l'universalité des Jeux. En l'absence d'athlètes qualifiés, le CNO de ce pays en sélectionne deux de moindre niveau (un homme et une femme), en athlétisme et/ou natation.

Depuis Atlanta 1996, la Mauritanie a pris l'option d'envoyer deux athlètes (un garçon et une fille). En football, les Mourabitounes olympiques ont disputé, pour la première fois de leur histoire, les éliminatoires mais ont été éliminés par le Mali (1-1 ; 1-3).

Sans sous ni drapeau

Composée de huit membres (deux athlètes et leurs entraîneurs), la délégation mauritanienne s'est rendue encore au Brésil sans drapeau ni argent. C'est devenu la norme dans le pays. Le CNOSM fut autorisé, par la Solidarité olympique, à prélever une somme sur un des projets qu'elle finance, pour permettre à notre pays de participer.

La délégation du Sénégal, constituée d'une trentaine de personnes, reçut, avant son départ, le drapeau national sénégalais, des mains de Macky Sall, et une subvention de plus de 800 millions de FCFA (plus de 400 millions d'ouguiyas).

Mais, comme la Mauritanie, le Sénégal n'a pas ramené de médailles. Si cette moisson dépendait des moyens financiers, la délégation de l'Arabie Saoudite ne serait pas rentrée, elle aussi, bredouille, à l'instar de 127 pays sur 205.

Bien avant le retour de la délégation du CNOSM, une campagne médiatique sans précédent fut ourdie à son encontre,sur les ondes de la radio gouvernementale.

L'intervenant insinuait que les athlètes mauritaniens étaient les derniers - une assertion fausse, au demeurant – et qu'il fallait suspendre, à défaut de dissoudre, le CNOSM. Le pourfendeur du CNOSM ignorait qu'aucun gouvernement ne peut suspendre un CNO. En outre, il faut nécessairement un gagnant et un perdant, dans une compétition. Et comme on vient de le dire, si l'investissement déterminait le résultat, l'Arabie saoudite allait glaner des médailles à la pelle.

Des raisons d'espérer

En lice dans la deuxième série du 800m, Houlèye Ba, au couloir7, n'a pas réussi à se qualifier pour les demifinales du mercredi 17 Août. La mauritanienne a fini 8ème de sa série avec un temps de 2'43'' et termine avant-dernière, après l'abandon de la marocaine Rababe Arafi. La sud-africaine Caster Semenya a terminée en tête de la course, avec un temps de 1'59"31, mais n'a pas été la plus rapide sur l'ensemble des séries, dominées par la canadienne Melissa Bishop (1'58"38).

" Houlèye en est à sa première participation internationale et dans un bon timing, par rapport aux résultats décrochés par ses aînées ", fait remarquer son entraîneur, Daouda Kassougué. La meilleure performance féminine mauritanienne est de 2'28'', réalisée à Londres, lors des JO en 2012, par Aïcha Fall.

Chez les hommes, Chérif Baba Aïdara avait fait fort, lors du championnat du Monde à Athènes, en 2002, avec 1'57''. Quant à Jiddou Ould Moctar qui courait au premier couloir, il s'est fait éliminer lors de la troisième série du 100 m plat.

Seul lot de consolation, Jiddou, arrivé avant-dernier, a néanmoins amélioré son temps par rapport aux 11ème Jeux Africains (tenus du 4 au 19 Septembre 2015), battant ainsi son record personnel.

Notons également que le jeune mauritanien devance, sur les trois premières séries, six autres athlètes. Depuis Brazza, Jiddou n'a pas pu participer à aucune compétition.

Empêtrée dans des remous inextricables, la Fédération d'Athlétisme de la République Islamique de Mauritanie (FARIM) n'a dépêché, cette année, le moindre athlète à une compétition digne de ce nom ni initié aucun stage de préparation au profit de ses sportifs.

Le seul entraînement pour les deux athlètes mauritaniens dépêchés à Rio aura été le programme concocté en leur faveur, depuis six mois, par le CNOSM et mis en oeuvre par Daouda Kassougué.

Asphyxie financière

Comme on l'a dit tantôt, l'embargo dont est victime le CNOSM est ancien. En effet, depuis 1996, date de l'élection du docteur Mohamed Mahmoud ould Mah, notre comité olympique a cessé de recevoir une subvention de l'Etat.

Il est quasiment le seul CNO au monde en cette situation, admettent plusieurs observateurs. Miracle, en 2012, à l'occasion des Jeux Olympiques de Londres ?

Le CNOSM reçoit, en effet, un chèque de 7 millions d'ouguiyas, sans doute le plus faible budget accordé, par un gouvernement, à son CNO, à l'occasion des JO. Mais, comble d'ironie quand le CNOSM présente le chèque au Trésor : le compte du ministère est sans provisions !

Sans prise en charge financière, au moins partielle, la Mauritanie ne participe plus aux grands événements sportifs dont certains sont qualificatifs pour les JO. Le pays a brillé par son absence aux Jeux africains de la Jeunesse (Maroc 2010) " Pourtant c'est la porte à côté ", déplorent les sportifs. Et quand la Mauritanie décide de participer, elle se signale par de bien étranges bizarreries.

Aux Jeux de la Francophonie (Nice 2013), la délégation mauritanienne était réduite au chargé de mission de madame la ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, une artiste et un préparateur de thé...

Il faudra bien se rendre à l'évidence : l'accréditation des sportifs aux différents jeux est de la compétence du CNO (règle 27, article 3 de la Charte olympique). Faute de sportifs, la ministre a voulu passer outre. Elle s'est non seulement lourdement trompée mais aussi, couverte de ridicule. Et la Mauritanie avec elle.

La situation ira de mal en pis. Aux jeux Islamiques Indonésie 2013, malgré cinq billets, l'hébergement et la restauration totalement pris en charge par la Solidarité islamique, la Mauritanie était le seul pays absent. Aux Jeux africains de la jeunesse (Gaborone 2014, au Bostwana), la Mauritanie l'est encore et ce, au moment même où le chef de l'Etat mauritanien présidait l'Union Africaine.

Aux seconds Jeux olympiques de la jeunesse (Nanjing-Chine 2014), malgré la prise en charge des billets, de la restauration et de l'hébergement par la Solidarité olympique et en dépit de " l'obligation pour tout CNO de participer aux JO, en y envoyant des athlètes " (règle 27, article 3 de la Charte olympique), la Mauritanie était sur le point de faire faux bond.

Heureusement, la Solidarité olympique a autorisé le CNOSM à prélever une somme sur le projet " Journées olympiques, édition 2014 " pour couvrir les tenues traditionnelles pour le défilé, les équipements sportifs, les perdiem des membres de la délégation, les provisions pour médicaments, téléphones, cadeaux d'usage pour le maire du village olympique.

Le CNOSM fait preuve de résistance, en dépit de la guerre en sourdine qui lui est déclarée, et reste jaloux de ses prérogatives.

D'autant que " les CNO doivent préserver leur autonomie et résister à toutes les pressions, y compris, mais sans s'y restreindre, les pressions politiques, juridiques, religieuses ou économiques qui pourraient les empêcher de se conformer à la charte olympique " (règle 27 paragraphe 6). S'ajoute, aux restrictions financières, le boycott des manifestations sportives et des rencontres internationales.

Beaucoup d'argent encaissé au nom du sport

En 2009, le président et le secrétaire général du CNOSM participaient au 13ème congrès du CIO (à Copenhague, Danemark). Les billets et l'hébergement étaient pris en charge par le CIO. Y participaient, également, les présidents des USA et du Brésil, le roi et la reine d'Espagne, ainsi que le Premier ministre du Japon. Le président du CNO et son secrétaire général ont dû payer de leur poche la restauration et les autres frais.

A leur retour et à la suite d'une lettre officielle, adressée au Premier ministre, par le président du CNOSM avant leur départ, ils ont tout de même pu récupérer des frais de mission.

Pourtant, le ministère chargé des sports encaisse beaucoup d'argent au nom du sport. Le département dispose d'un budget de plus d'un milliard d'ouguiyas.

La vente d'une bande du Stade olympique (700x50m), à 100 000 UM le mètre carré, à " certains " mécènes, en guise d'aide au sport a permis de drainer un peu moins de deux milliards d'ouguiyas.

A suivre...



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 1
Lus : 1721

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (1)

  • ZELINKHAM2 (H) 25/09/2016 20:48 X

    Bonjour Honorable Maire de Nouakchott Dr Mohamed Mahmoud MAH et Président du CNO ! Avec tout le respect que j’ai pour votre grande, honorable, respectable Maire et Président de notre CNO et loin de moi l’idée d’être un donneur de leçons mais je constate ci-après les remarques suivantes REMARQUES : 1 – A ma connaissance vos collaborateurs n’ont jamais fait parvenir un bilan financier et un bilan des activités du CNO par le canal de la Presse, 2 – Ils n’ont jamais publier une seule fois à ma connaissance les montants que le CNO reçoit de la Solidarité Internationale. Cette information doit être connu de tout mauritanien qui le souhaite, 3 – Il nous a été donné de constater que CNO et la Federation Nationale d’Athlétisme ont les mêmes membres, 4 – Les mauritaniens n’ont rien contre Votre personne, mais la moisson du CNO en activité est très faible. Comment voulez-vous avec ces maigres résultats que certains sportifs et promoteurs soyons solidaires avec vos cris de détresse. 5 – Le Sport a évolué avec la Ministre Dr Coumba BA, allez la voir c’est mieux que de l’attaquer avec les journaliste. 5 – Démissionnez de votre poste, c’est un conseil de jeune frère. Cheikh FALL