23-12-2016 11:35 - L’éditorial de La Nouvelle Expression : Mama SY est parti
La Nouvelle Expression - Innaa Lillaahi we innaa ileyhi raaji’oun. C’est le matin du Dimanche 4 décembre 2016 qu’Allah Le Très Haut a rappelé à Lui notre frère, notre ami, Mamadou Demba Sy.
A Allah nous appartenons et à LUI nous retournerons. Repose en paix Mamadou Demba SY. Voilà 20 jours que j’ai eu la force de prendre ma plume. Ma plume pour te rendre hommage même si les mots seront difficiles à trouver. Des mots qui siéent à un être spécial comme toi.
Cher ami, tu es parti, nous laissant dans le désespoir, nous tes amis, tes frères, ta famille. Notre douleur est telle que nous nous demandons encore est-ce vrai ? Est-ce que c’est vraiment fini ? Cette belle histoire, cette superbe page que tu as écrite, toute cette énergie d’un jeune de 38 ans que tu as dépensée pour ton pays, est-ce réellement terminé ?
Ta disparation a été vécue comme un drame national. Beaucoup peinent encore à y croire, à comprendre ce destin tragique, à accepter que tu es réellement parti pour toujours. Et pourtant tu es parti, comme Habib Mahfoud, comme Cheikh Oumar N’Diaye, comme Abou Cissé... Tous partis, nous laissant dans le désarroi, peinant à refreiner nos sanglots et à sécher nos larmes.
Comme moi, ils sont nombreux ceux qui ont pleuré comme des enfants. Nous pleurons l’immensité de la perte, nous pleurons cette valeur humaine que tu incarnais. Tu étais l’intelligence, l’humilité personnifiée. Tu étais la modestie. Tu avais l’obsession de bien servir tout le monde, avec cette joie juvénile et déterminée ; avec ce sourire qui, jamais ne te quittait. Tu avais cette capacité de faire naître l’espoir chez chacun d’entre nous. Tu étais la mauritanité pure…
Mama SY, tu étais un bloc de conviction, de détermination pour servir ta communauté, toutes les communautés ; tu étais au service d’une Mauritanie juste et égalitaire.
Comme toutes les bonnes âmes, les hommes de valeur, tu as subi parfois des coups, encaissé l’ostracisme de certains, sans jamais perdre ce sourire qui faisait rayonner ton visage, faisant de toi un modèle, un exemple que nous ne cesserons de pleurer. Aujourd’hui. Demain. Les siècles prochains.
Qui disait que « les meilleurs partent toujours les premiers » ? Avais-tu le pressentiment ? Etait-ce une prémonition ? A croire que tu savais qu’Allah l’Omniprésent et l’Omniscient te Rappellerait très tôt à Lui : tu abhorrais l’injustice, tu évitais de porter tort et, partout, tu répandais l’amour pour le prochain et la joie de servir.
Oui tu es parti comme beaucoup de valeureux fils de ce monde. Et tu es parti trop jeune, laissant à la postérité une belle œuvre immaculée. Tu es parti mais la communauté à laquelle tu as tout donné, tout sacrifié ne t’oubliera pas ; tout comme ce pays que tu as tant aimé, chéri et servi ne saurait oublier cette belle page d’histoire que tu as écrite avec l’encre de la détermination, de l’abnégation, de la loyauté et de la piété...
A la Radio, tu as travaillé de 2001 à 2004 sans le moindre salaire. C’est à partir de 2004 que tu as touché ta première rémunération en tant que pigiste à la Radio Jeunesse. Et c’est cette même maigre pige qui tu as continué à percevoir jusqu’à ton rappel à Dieu ce 4 décembre 2016.
Tu es parti. Malgré ton talent, malgré tes compétences, en dépit de ton sens inné d’initiative instructive et constructive pour la marche de notre histoire, l’histoire de notre pays, jamais tu n’as été embauché, recruté. Combien de personnes, peu formées, sans compétence avérée t’ont trouvé à la Radio ? Combien ont été recrutées alors que toi, avec ton talent connu et tes sacrifices quotidiens, tu n’as pu bénéficier de ce traitement ?
Toi la vedette, la star des micros et des écrans, toi dont l’amour du métier et le désir de servir son pays étaient sans pareil, tu es pourtant resté pigiste pendant des années, avec l’espoir que les choses changeraient dans le sens de la justice. Hélas tu es parti sans que justice ne t’ait été rendue. Avec philosophie, d’un air pensif et un sourire légèrement moqueur, tu répliquais à ceux qui s’inquiétaient et dénonçaient cette situation que « tout est entre les mains de Dieu » et tu terminais tes réponses par des rires qui en disaient long sur ton cœur pur et ton esprit de tolérance, de pardon.
Mamadou Demba SY, contrairement à ces jeunes journalistes qui, pour chercher la célébrité, imitent la voix et copient le maintien et la gestuelle des autres, tu es resté naturel ; tu es resté toi-même, aussi bien dans ton comportement dans ta vie professionnelle que dans celle de tous les jours. Et c’est là l’un de tes caractères qui t’ont valu l’estime et l’affection de tous. Et tous, dans un seul élan de compassion, de tristesse, sont venus – foule compacte d’anonymes, de citoyens lambda, de parents, d’amis – dans un ultime geste, accompagner ce digne fils de la Mauritanie vers sa dernière demeure.
SY Mama a vécu comme un géant et s’en est allé comme un géant. Au-delà de la Mauritanie, le Fouta a perdu un homme qui, malgré son jeune âge, était devenu un symbole, et le Lao – l’une de ces provinces de ce Fouta millénaire – pleure cet être cher qui, jamais, ne reviendra.
Nous prions pour le repos de ton âme. Qu’Allah Le Très Haut t’Accueille dans Son Vaste Paradis. Amin.
Innaa Lillaah we innaa ileyhi raaji’oune.
Camara Seydi Moussa