25-03-2017 13:33 - Mohamed Ould Abdel Aziz ou ses "phobies" du passé
Le Rénovateur Quotidien - Dans beaucoup de ses sorties, il transparait à travers les propos de Mohamed Ould Abdel Aziz une sorte d’obsession étrange à tourner la page d’une Mauritanie à laquelle il ne se reconnaitrait plus et dont il veut effacer toute trace de la mémoire collective des mauritaniens.
Haro sur tout, sauf sur les « héros » de la résistance. ! Quels héros ? Plus grave, il assimile tous les vieux héritages à des symboles d’un passé anachronique qui ne méritent que d’être jetés dans la poubelle de l’histoire. A ce sujet la prudence doit commander qu’on respecte au moins ceux qui ont fondé ce pays « contre vents et marrées ».
La sagesse voudrait qu’on garde le positif et qu’on rejette le négatif. Les faits sont têtus. L’homme est allergique dans ses déclarations aux vieux leaders de l’opposition assimilés tous à des « Roumouz El Vessad », des voleurs, des délinquants financiers etc.
Ils n’ont rien à dire, rien à apporter aux mauritaniens sauf des idées noires, des fantasmes morbides et destructeurs. Si un jour la justice sévirait contre les pilleurs des biens de ce pays, ceux qui ont occupé des hautes fonctions dans la hiérarchie politico-administrative ou militaire, qui échapperait, y compris les juges qui disent le droit.
Oublie-t-il que dans tout entourage présidentiel de ce pays de tous les régimes, les hommes trempés dans des scandales reviennent en force. Dénoncer n’est pas suffisant. Il faut décider de « rétroactiver » la justice contre tout ce monde et voir ce qui resterait hors des geôles. Sinon écarter ceux qui ont participé aux expéditions criminelles contre les biens de l’Etat. Les prévaricateurs impliqués dans des grosses affaires de détournement sont relâchés et les voleurs d’œufs emprisonnés.
Les exemples sont nombreux où des soutiens du président trempés dans des scandales au CSA, les leviers financiers de l’Etat, la sonimex, dans des banques occultes etc se la coulent douce. Mieux, certains sont nommés ailleurs. Les raisons politiques finissent toujours par étouffer les affaires ayant défrayé la chronique. Ces gens sont dans l’opposition radicale, modérée dans les majorités politiques etc . La guerre contre les « mouvsidines » est dirigée plus contre certains pour des motifs de règlement de compte.
En Mauritanie qui est prévaricateur et qui ne l’est pas ? Quels sont les outils de jugement ? Si on revient au discours du président notamment dans ses conférences de presse, les procès intentés contre les "symboles archaïques et maléfiques" sont plus dirigés contre les idéologues d’hier qualifiés de démons du mal. C’est ainsi que les anciens dirigeants ont maintenu le pays dans la misère et ils sont responsables des retards de la Mauritanie.
Dans sa forme générale il y a des « vérités » patentes. Mais si on ne sépare pas la bonne graine de l’ivraie, on entretient l’amalgame dans les esprits. Cela voudrait dire que tant que vous contestez « ma majesté » vous êtes des voyous. L’armée n’est pas en reste. Aujourd’hui, Aziz nous fait oublier les beaux jours d’une armée sans moyens mais qui défendait la patrie avec des moyens rudimentaires. Des 12/7 des Land-Rover et Jeep.
Au temps où les valeurs militaires avaient leur place. Il suffisait à , l’époque de parler d’un certain Haidalla, d’un Louli, d’un Yall Abdoulaye, d’un Soumaré Silmane, d’un Babaly, d’un Diayanne, d’un Viyah qui vient de disparaitre, d’un Momoy Diarra et même d’un jeune Breika bouillonnant à son époque pour que tout plonge dans le silence dans les casernes tellement la personnalité militaire de ces hommes était forte. Des événements graves viendront entacher cet héritage.
Le président a côtoyé ces hommes dans sa carrière. Il sait ce que valait l’armée hier et ce qui en est advenu par la suite lors des purges ethniques, des massacres des militaires noirs. Certains présumés bourreaux sont encore en activité. De quelle armée fait –il allusion s’il dit que c’est aujourd’hui que le pays dispose d’une véritable armée. Et les morts dans la guerre du Sahara ? Et les martyrs assassinés lâchement dans les casernes ? Oui, être militaire sous la fraicheur du clim c’est facile. Poursuivre des groupes de bandits narcotrafiquants qu’on assimile à des terroristes c’est quoi ?
On sait où se trouve Aqmi, Ançar Eddine, Bookou Haram, etc. Aucune armée en Afrique aujourd’hui n’est dépourvue de moyens, d’hommes et d’équipement. Mais cela ne suffit pas pour construire une armée. Il faut savoir que l’histoire est immortelle et aussi raison garder, mesurer la portée de ses déclarations. Chacun est en situation de force dans son époque. L’armée mauritanienne n’est pas née aujourd’hui tout comme le pouvoir politique.
Au bout du compte il ya lieu de relativiser les choses. Des réalisations accomplies par l’argent de l’état, aux « victoires » remportées, jusqu’aux prétendues préférences nationales, nul n’est seul à marquer l’histoire en bien ou en mal. Chacun, un jour, jouera bien ou mal son rôle dans son pays et tirera sa révérence. La différence sera dans les souvenirs qui resteront…