26-03-2017 22:30 - Déclaration relative aux conditions du recensement des Mauritaniens en France, en Espagne et en Belgique
CMAF -
Depuis le 11 février 2010, date d’entrée en vigueur de la loi 2010-23/PM portant abrogation et remplacement de certaines dispositions de son code de la nationalité, la Mauritanie a pris un certain nombre de dispositions visant la refondation de son état civil.
C’est dans cette optique que l’enrôlement de la population lancé le 05 Mai 2011 en Mauritanie par le gouvernement après la création de l’ANRPTS (Agence nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés) en vue, affirme-t-il, de doter le pays d'un fichier d'état-civil plus fiable dans le prolongement de celui de 1998.
Cet enrôlement se déroule dans ses conditions et modalités d'application humiliant et discriminant, revêtant un caractère d'épuration identitaire contre les mauritaniens noirs (négro-africains), suscitant alors dénonciation et contestation.
La population noire est exclue de ce recensement et ne peut entrer en possession de pièces d’état civil qui lui permettent de jouir de sa pleine citoyenneté en Mauritanie.
Après plusieurs mois de tergiversions, nous sommes sur le point d’assister à l’arrêt certain du recensement dans les pays précités. Les difficultés accrues à l’enrôlement et l’accueil indigne particulièrement réservé aux candidats d’ethnie noire créent chez ces populations un état de stress et d’angoisse, un plan de dissuasion qui, malgré les oppositions, continue de faire des victimes, préférant l’abandon à l’humiliation.
Ceci dit, les autorités à Nouakchott, pensent que tout mauritanien n’ayant pas été recensé à ce jour devrait faire l’objet de contrôle telle une investigation au vue des exigences nouvellement imposées aux populations aussi bien en Mauritanie qu’à l’extérieur. Les documents demandés relèvent du parcours du combattant et rendent les conditions de l’enrôlement encore plus drastiques.
Ce recensement n'était donc pas classique ni dans ses objectifs ni dans ses modalités, et constituait un enjeu important pour le Gouvernement mauritanien en quête de légitimation des quotas ethniques dans les structures politico-administratives de l'Etat et pour les populations négro-africaines (noires) de Mauritanie qui pourraient être privées de leur nationalité.
C'est dans ce contexte particulièrement chargé, qu'une Commission de recensement qui en constitue la modalité opérationnelle, logée dans l'enceinte de l'Ambassade de Mauritanie à Paris, avait commencé ses opérations d’"enrôlement" dans des conditions humainement inacceptables, juridiquement contestables et politiquement condamnables. Opérant pour la majorité de l'Europe, cette commission obligeait les Mauritaniens venant des quatre coins de France et de certaines parties d'Europe à s'entasser dans un rang.
Femmes et enfants compris, les autres devant attendre les jours et mois suivants, le tout dans des conditions humainement inacceptables, faute d'organisation et d'informations claires de la part de l'Ambassade de Mauritanie. C’est pourquoi, depuis le lancement de cette opération, les mauritaniens qui devaient être recensés n’ont pas pu à ce jour avoir leurs nouveaux titres d’Etat civil malgré d’incessants aller et retour. L’arrêt programmé va surement accentuer leur difficulté face à l’administration Française.
Tous ces mauritaniens seraient à terme des clandestins, perdraient par conséquent leur travail et deviendraient apatrides, puisque du recensement dépend l'obtention des nouvelles pièces d'identité qui conféreront le droit à la nationalité avec toutes les conséquences de droit.
Considérant qu'il est politiquement inacceptable et moralement condamnable de priver de catégories entières de la population de leur Nationalité pour des considérations de politique démographique, de justification de la politique des quotas et de marginalisations, du système politico-administratif de pans entiers de la population, en particulier les négro-africains.
Nous, Collectif des associations mauritaniennes en France :
• Exigeons la reprise du recensement des mauritaniens en France, et partout où il se doit ;
• Demandons que des mesures soient prises pour permettre un recensement dans les meilleures conditions, qui respectent la dignité des candidats au processus ;
• Dénonçons de nouveau le caractère discriminatoire et épuratoire de ce recensement ;
• Informons le Ministère de l'intérieure des risques de désordre publique qui serait provoqués par le comportement des Autorités de l'Ambassade de Mauritanie à Paris ;
• Attirons l'attention de la Communauté internationale, l'Union Européenne en particulier, de la volonté du gouvernement Mauritanien de priver de milliers de mauritaniens de leur droit au suffrage pour les prochaines élections ; car au dire de certains, il semblerait que le quota qu’ils veulent attribuer aux noires de Mauritanie a été atteint.
• Lançons un appel de soutien aux organisations Syndicales et de défenses des droits de l'homme pour qu'il soit mis fin à cette situation humainement, juridiquement et politiquement inacceptable.
Fait à Paris le 22 Mars 2017
Le Collectif des Mauritaniens de France (CMAF)
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