29-04-2017 02:00 - Intronisation de notre chef de village à Fondé Elimane
L'Eveil Hebdo - Samedi, le 29 avril 2017 aura lieu l’intronisation d’un nouveau ardo dianel à Fondé Elimane dans le département de Bababé. Cette manifestation d’une telle envergure, notre communauté renoue avec la tradition, en préservant et en perpétuant la mémoire historique d’un passé civilisationnel aux trésors immuables et aux vertus toujours d’actualité.
En effet, huit ans après l’investiture de l’actuel Ardo sortant Monsieur DIA Amadou Ardo, alias Aly Racky de la famille Amadou Sidiki, la famille Baidy, au nom de DIA Alassane Hamadi, dit Alassane Bababé, reprend honorablement le glorieux flambeau de la gérance des affaires coutumières : une mission noble allant dans le sens du bien-être et de la construction d’une société forte mais oh ! combien ardue.
Il n’ y a pas de miracle dans cette importante manifestation, il y a la volonté de se mobiliser ensemble ayant une obligation capitale d’assumer résolument le destin de notre société face aux écueils et aux rivalités stériles.
Cette cérémonie va consolider l’unité et la cohésion de notre société tout en la mettant à l’abri des clivages et autres considérations qui la guettent. C’est ainsi que cette manifestation aura perpétué la lignée tracée par nos illustres aïeux.
Le titre de Ardo Dianel est une charge héréditaire. Les Dianelnabé, fraction des Diawbé nomadisaient dans la zone d’Acco bâli à mi-chemin entre le Tooro et le Djolof ; ils recrutaient leur Ardo (chef) dans le clan des DIA.
Ainsi, à Fondé Elimane , seuls les descendants de la lignée directe de Ardo Yagga dit Demba Diery ou Dewa Douwara descendant de Ardo Thiamboulel pouvaient prétendre au Ardoyat. En effet, Ardo Yagga, chef des Dianelnabé serait venu du Macina dans une localité appelée Guimi (appelé aussi Weendu Diawbé) et s’est installé définitivement au village qui porte aujourd’hui le nom de Fondé Elimane
L’Ardoyat fut une institution puissante très ancienne et semble-t-il, existait dans le Fouta bien avant l’incursion des peuls Denianké en 1512. Ardo Yèro Dide de la fraction des Diawbé fut fondateur d’un Ardoyat entre 1490-1512, mais le site d’implantation de cette chefferie n’est pas localisé. A Fondé Elimane, ArdoYagga serait le 1er qui aurait embrassé le titre de Ardo Dianel à l’état actuel des connaissances.
Ardo était au sommet de la hiérarchie. Il était épaulé par un Dialtabé nommé par le chef. Le pouvoir du Dialtabé était limité. Le chef, lui exerçait son pouvoir sur toute la population et sur toutes les terres de Dianel. L’élection du chef des Dianelnabé est sujette à de nombreuses conditions :
• être issu de l’une des familles DIA éligibles
• Avoir l’aval des Toorobé du clan Bâ (Elimane de Fondé Elimane).
• solliciter le soutien des Soubalbé, des Wayloubé en leur offrant des cadeaux.
• S’acquitter des droits comme : le taureau. (pour la cérémonie d’investiture et éventuellement utiliser la peau pour la confection du Tambour (tabalde), un boubou ou son équivalent en liquidité pour l’Elimane Bababé car c’est ce dernier qui se chargera de couronner Ardo Dianel. Le critère d’âge est plutôt écarté.
Le pouvoir n’est pas gérontocratique comme dans beaucoup de chefferies au Fouta. Seul celui qui remplirait les qualités et les conditions requises était choisi comme Ardo par les Diambourebé sur proposition des Dianelnabé avec l’appui des différentes composantes de la population.
Donc tout prétendant doit obligatoirement se concerter avec les Lamminoobé. A l’époque, la nomination du Ardo était accordée par l’Almamy du Fouta sur proposition des Notables. A Fondé, la nomination du Ardo n’a jamais fait l’objet de vote et selon les sources recueillies, le titre n’a jamais était vacant jusqu’à nos jours.
Comme toute cérémonie de couronnement, celle-ci était et demeure à nos jours l’occasion de grandes manifestations dans la collectivité. Le couronnement se faisait à Diaba, puis à Mboumba avant d’être transféré à Fondé.
Ardo payait un tribut variable appelé « Njoldi ». Il prélevait au profit du chef de Lao, les Bayti et avait droit à une part de viande le « Biwol » des animaux abattus. Il bénéficie de l’Assakal perçu par le Dialtabé. Il avait également droit à un champ « laamorba ».
Ardo détient le tambour (tabalde), convoque les réunions chez lui ou à la mosquée, s’occupe de l’hébergement des hôtes.
Les litiges seront débattus et traités et des décisions importantes prises en présence de toutes les composantes. La nomination du Dialtabé ne fait l’objet d’aucune cérémonie de couronnement. Il est choisi parmi les Mbodj ou les Diaw de caste pêcheurs.
Un Dialtabé déjà révoqué peut être réélu s’il entretenait des relations fraternelles avec l’ensemble de la population et le nouveau chef des Dianelnabé. Le Dialtabé détenait des champs du lit mineur « palé » et quelques terres du lit majeur. En plus de la collecte des redevances, le Dialtabé s’occupait du fleuve (pêche, la traversée…).
Le Ardo, chef des terres procède à la redistribution des terres à l’ensemble des Dianelnabé. Le reste des terres « Kedde Leydi » était partagé entre les différentes composantes du village contre paiement de redevances : Njoldi, Assakal...Ardo ordonnait les récoltes et fixait les taxes « Tiwandé ». Le chef des Dianelnabé étendait son pouvoir sur les louggans dénommés « Leydi Dianel » : Bim, Yilla, Ngadata, Baari, Loboudou, Baarol, Galo-Coly, Dougué, Palé Dialoumbel…
Pour garantir la pérennité de cette riche tradition, cete manifestation devra œuvrer pour l’unité, la solidarité, l’entre aide et la mobilisation inconditionnelle derrière le Ardo, dépositaire de la tradition, en lui obéissant au doigt et à l’œil.
C’est une nécessité traditionnelle, une nécessité sociale, sans laquelle rien de fécond ni de durable ne peut être entrepris à plus forte raison réussi. Ainsi, les défauts devront être liquidés, faire converger les esprits vers un objectif unique car l’unité suppose la tolérance, la reconnaissance de la différence. l’ambition n’a d’égale que la confiance absolue dans la capacité à transcender les difficultés qui freinent le développement.
Nous prions Allah Le Tout Puissant d’accorder longue vie au nouvel Ardo et de le mener sur la bonne voie afin qu’il puisse s’acquitter avec piété et dignité de la mission qui lui est confiée.
DIA Djibril Demba