08-08-2017 15:51 - Ligne rouge : Le président Aziz nous a insultés
Cisse Housseynou - Monsieur le président, aujourd'hui je suis un homme triste et abattu qui n'a que ses larmes pour exister. Je ne pleure pas votre victoire ou la défaite du non, notre défaite nous autres Mauritanien.
Je ne pleure pas non plus la suppression de certaines institutions et le changement de ce beau drapeau qui nous a vus naitre et pour lequel des Mauritaniens (noirs et blancs) sont tombés aux fronts. Je ne pleure pas pour la fraude ou le bourrage des urnes à la Taya.
Je ne vous en tiendrai jamais rigueur pour la simple raison que vous étiez sans adversaire. La défaite ne pouvait vous être permise. Tout vous appartenait.
Je pleure parce que vous nous avez insulté, vilipendé, traité de traitres, dénigré, marginalisé, « diabolisé » et perverti.
Je pleure parce que la raison évidente est que nous n'avons pas cautionné soit le processus choisi pour la modification de notre charte mère, soit pour le refus de vous y accompagner. Je pleure pour notre patriotisme et notre sens élevé de la responsabilité.
Vous avez oublié, le temps d'une campagne, que nous autres que vous insultez avec ferveur et autant de haine sommes aussi de ce peuple et avons aussi le droit et le devoir de le défendre contre toutes les agressions internes et externes. Contre la folie de ses dirigeants.
Je pleure parce que vous avez biaisé les règles constitutionnelles et démocratiques. Je pleure parce que vous vous êtes laissé aller dans une confrontation égoïste contre les mêmes hommes qui vous ont permis de devenir ce que vous êtes.
Les traitres d'aujourd'hui ont pourtant légitimé votre pouvoir hier. Au prix de leur sang ils vous ont défendu contre tout. Ils vous ont même protégé contre vous-même.
Le plus grand défaut d'un homme étant l'oubli. Je pleure les malades, l'éducation, les chômeurs et les millions de pauvres qui meurent tristement pendant que vous dépensez orgueilleusement nos milliards pour vos ambitions personnelles.
Je pleure parce que, oubliant votre rôle de père, vous avez utilisé nos milliards pour nous prouver votre force et votre courage de soldat. Vous avez utilisé inutilement notre armée contre nous autres Mauritaniens.
Vous nous avez interdit notre droit de faire entendre notre voix et les raisons de notre choix. Vous occupiez toute seule la terre, le ciel, les eaux et les airs pour un si médiocre résultat. Vous avez dirigé le combat contre une partie de votre propre peuple. J'en ai encore le cœur brisé.
Je pleure parce que vous avez mis du temps à comprendre combien on vous trompe. Vous, le super héros du peuple aviez eu autant de mal à intéresser le peuple à votre référendum. Le taux de participation en dit long. Je pleure parce que vous risquez de devenir le nouveau Taya acclamé hier et insulté aujourd'hui.
Vos amis sont faux et vous utilisent comme un feu de bois pour se faire leurs repas. Je pleure parce que vous risquez de tomber dans le piége qui consiste à vouloir rester au pouvoir par tous les moyens. Je pleure parce que vous avez insulté votre propre peuple. Je pleure parce que vous êtes descendu trop bas le temps d'une campagne sans enjeux où vous étiez l'unique partie et le seul arbitre. Je pleure parce que notre peuple mérite plus.
Cissé Housseynou Birama
L’avocat du peuple
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