07-09-2017 12:33 - Le Dossier RP 04/2017, un dossier d’un autre âge (par Maître Elyezid Ould Yezid, Avocat)

Le Dossier RP 04/2017, un dossier d’un autre âge (par Maître Elyezid Ould Yezid, Avocat)

Le Calame - Depuis quelque temps, un dossier défraye la chronique à Nouakchott, et même au-delà, le « dossier Ghadda ». En matière de justice, d’Etat de droit et de démocratie, tous les observateurs s’accordent pour reconnaître que ce dossier nous a fait revenir des dizaines d’années en arrière.

Il apparaît tout d’abord qu’il s’agit d’un dossier non pas judiciaire – ou crapuleux, comme le pouvoir voudrait le laisser entendre – mais d’un règlement de compte politique, et comme c’est la personne au pouvoir elle-même qui règle les comptes, tous les moyens sécuritaires de l’Etat sont à l’œuvre. Qu’on en juge par les faits.

Le Contexte


Le 17 mars 2017, le Sénat rejette, à une très large majorité, le projet de révision constitutionnelle présenté et souhaité par Ould Abdel Aziz.

Au lieu d’abandonner le projet comme cela résulte normalement des dispositions de la constitution, ce dernier décide de convoquer directement un référendum pour faire passer sa réforme, en invoquant une disposition constitutionnelle sans rapport avec le contexte. Mais cette histoire, risible et honteuse, tout le monde la connait.

C’est son prolongement, à savoir l’actuel dossier judiciaire, qui est moins connu, et qui risque d’être encore plus honteux pour notre pays.

Car, en effet, Ould Abdel Aziz ne semble pas se suffire d’avoir imposé sa réforme constitutionnelle. Il veut pousser l’avantage jusqu’au bout.

Tout le monde a suspecté cette réforme constitutionnelle de n’être que la préparation, l’avant-propos, d’une autre réforme plus anti-démocratique encore, puisqu’elle permettrait à Ould Abdel Aziz de s’éterniser au pouvoir.

Or, si telle était la volonté de celui-ci, son premier souci serait tout naturellement d’écarter, de neutraliser, d’annihiler tous les adversaires politiques qui pourraient l’en empêcher.

Et en premier lieu ceux qui, justement, ont failli compromettre sa première réforme, la plus « facile » à faire passer.

Ces adversaires sont évidemment tout indiqués : il s’agit des sénateurs qui ont rejeté la réforme avec une solidarité et une dignité exemplaires.

Il s’agit aussi de Monsieur Mohamed Bouamatou, adversaire de l’ombre, craint par-dessus tout par l’actuel Président qui l’avait déjà persécuté depuis de nombreuses années (tout le monde se souvient de la crise épique de 2013 et de l’emprisonnement de Mohamed Ould Debbagh – déjà ! – pendant plus de trois mois).

En raison de sa fortune, de son entregent, de ses relations, de l’image de grand mécène dont il jouit en Mauritanie et à l’étranger, en raison surtout de sa distance et de son indépendance par rapport à Ould Abdel Aziz (après l’avoir fait roi), qui l’a conduit à un exil volontaire (ou forcé ?) depuis sept ans, Monsieur Bouamatou apparait de plus en plus comme un homme à abattre.

Dans un poker menteur dont il a le secret, le pouvoir imagine alors un scénario où tout ce beau monde serait impliqué ensemble, un dossier unique, une arme fatale qui ferait le ménage une fois pour toutes.

C’est le dossier que nous avons maintenant sous les yeux, dossier qui a commencé sous l’appellation « Ghadda et consorts » et que la justice a rebaptisé dossier « Bouamatou et consorts ». Cela dit tout.

Le scénario

Dans les procès staliniens (tous les anciens communistes et dissidents du communisme vous le confirmeront), c’est la forme qui compte avant tout. La forme prime le fond.

Or la forme de ce dossier est typiquement stalinienne : fausses preuves, fausses accusations, filatures policières, écoutes téléphoniques, fouilles et confiscation illégales de documents etc.

Le 25 avril 2017, alors qu’il se rendait en voiture au Sénégal, Monsieur Mohamed Ould Debbagh, le bras droit de Monsieur Bouamatou en Mauritanie, est arrêté par la police des frontières de Diama. Son véhicule est fouillé de fond en comble, toutes ses affaires personnelles sont confisquées (ordinateur, téléphones, carnets de notes, chéquiers etc.) en toute illégalité. Le policier à la manœuvre s’excuse quand même et lui dit « ce sont des ordres qui viennent d’en haut, très haut », comme si cela légitimait l’opération.

L’idée, c’est évidemment de faire accréditer auprès de l’opinion publique, par des fuites savamment distillées par la police politique et les renseignements, que des informations de première main auraient été trouvées dans les documents de Monsieur Debbagh faisant état de manœuvres de corruption.

Autre exemple, avec l’accident de circulation du Sénateur Mohamed Ould Ghadda, le 12 mai 2017. La gendarmerie procède au constat, mais chose curieuse, là encore on confisque tout à fait illégalement le téléphone de l’intéressé et peu de temps après, les réseaux sociaux sont inondés de messages vocaux à la voix du Sénateur faisant état de dons d’argent.

La police politique a commencé le procès avant le procès. Elle livre les cibles à l’accusation « publique », pas celle du parquet (pas encore, c’est le scénario à suspense qui le veut) mais de l’opinion publique en général. Dans son essai de manipulation de l’opinion publique, la police politique reproduit la farce grossière si caractéristique du régime stalinien.

Le scénario livré ? Mohamed Bouamatou, par l’entremise de son homme d’affaires en Mauritanie Mohamed Ould Debbagh, verserait de l’argent au Sénateur Mohamed Ould Ghadda à charge pour ce dernier de reverser l’argent aux autres sénateurs pour qu’ils votent contre la réforme constitutionnelle.

Pour étendre le champ de la corruption et montrer le « danger » que représente Ould Bouamatou, on convoque aussi des journalistes et des syndicalistes auxquels il aurait versé de l’argent. Dans le scénario du film, ce sont des seconds rôles, mais ils sont toujours bons à présenter. Et ce sont des voix gênantes qu’il fait bon d’étouffer.

Manipulation, persécution, intimidation, tous les ingrédients du polar sont réunis.

Par la suite, le Sénateur Ghadda est arrêté (une cinquième fois depuis le début de l’année, un record !), puis les interpellations s’enchaînent et c’est l’accusation, puis les premiers actes du juge d’instruction qui délivre à la pelle mandats de dépôt, mandat d’arrêt et mise sous contrôle judiciaire, le tout vendredi 1er septembre au petit matin, jour de l’Aid El Kébir, jour sacré, jour férié, jour aussi du pardon entre les musulmans.

Mais comme nous sommes dans une farce, il ne faut pas l’oublier, le juge d’instruction signe ses actes à la date du 31 août, ce qui les rend tous faux et donc nuls (à tout le moins annulables).

Où va-t-on de la sorte ?

N’est-il pas temps de mettre fin à cette honte ?

Le fond du problème résout le problème

Il faut toujours revenir aux fondements, aux repères, pour garder la compréhension du sujet.

Notre fondement ici, le point d’orgue du dossier, nous l’avons précisé au début, c’est la révision constitutionnelle.

Or, quel est le contenu principal de cette révision ?

Tout le monde s’accorde, même ceux qui ont voté, sur l’apport principal de la révision de la constitution qui consiste dans la suppression du Sénat (en plus du changement du drapeau national).

Or, qui a intérêt à ce que le Sénat reste en place et ne soit point supprimé ? S’agit-il de Monsieur Mohamed Bouamatou ou des sénateurs eux-mêmes ?

La question mérite d’être posée puisqu’elle est au centre de ce dossier judiciaire de corruption. On veut nous faire croire que Mohamed Bouamatou a corrompu les sénateurs pour qu’ils empêchent la suppression du Sénat.

Peut-on "corrompre" quelqu'un pour qu'il défende ses propres intérêts, alors que le corrupteur n’y a aucun intérêt ?

De plus, les sénateurs ne se sont jamais cachés de leurs intentions : la corruption suppose que le "service" rendu soit caché ; là il ne l'est pas, les sénateurs revendiquent et assument leur choix au grand jour ; cela suppose aussi que le service soit illicite et interdit par loi, là c'est la loi elle-même qui prévoit et donne la primauté au vote des sénateurs.

En réalité, et on peut parier là-dessus que l’instruction qui vient de commencer n’y changera pas grand chose, cette affaire n'a rien à voir avec la corruption et tout à voir avec la politique.

Ce dossier permettrait à Ould Abdel Aziz de régler plusieurs difficultés politiques :

- Effacer le désaveu cinglant qu'a constitué pour lui le vote du sénat. À travers ce dossier il dit à l'opinion : ce n'est pas le Sénat qui a rejeté mon projet, ce sont des corrompus.

- Eliminer par la même occasion des adversaires politiques dangereux et encombrants qui n’ont cessé d’attirer l’attention sur ses malversations financières et de mettre à jour la nature véritable de son régime constitué en pompe à fric.

- Enfin, last but no least, Ould Abdel Aziz raccorde tout cela à Mohamed Ould Bouamatou qui se révèle être la cible inavouée de cette inavouable machinerie.

Ayant fait le grand ménage, Ould Abdel Aziz pourra de la sorte faire avancer ses futurs chantiers (sans jeu de mots, évidemment).

Entre-temps, la Mauritanie aura reculé de trente ans.

Les régimes politiques qui pratiquent encore de pareilles purges à l’encontre de leurs opposants à travers le monde se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une seule main : Maduro au Venezuela, Erdogan en Turquie, Kim Jong-un en Corée.

Encore une place pour nous dans les bas-fonds des classements mondiaux…

Maître Elyezid Ould Yezid



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Commentaires (8)

  • Sidikader200 (H) 07/09/2017 19:27 X

    Maitre, Vous avez magistralement démêlé l'écheveau de cette cabale que le president a monté pour neutraliser tous ceux qui peuvent se dresser pour lui barrer la route du 3eme mandat car son obsession c'est de rester au pouvoir le plus longtemps possible. Pour lui, quitter le pouvoir c'est s'exposer à des poursuites certaines pour crimes économiques et haute trahison. C'est cette perspectives qui lui donne des sueurs froides.

  • leguignolm (H) 07/09/2017 17:38 X

    Il est entré dans en détail Maître alors je avais dit ici que je le jure si Aziz avait confiance à ses sénateurs, il n'allait pas chercher à dissoudre le sénat et que Ould Boylil n'est qu'à se préparer pour assumer la future présidence comme le scénario de BA Mbaré et d'Aziz.

  • jakuza (H) 07/09/2017 16:47 X

    Me El Yezid, ayant eu à vous lire par le passé je me suis précipité sur le présent article. Grande est ma déception ! Peu de verve et un peu trop de verbe, dithyrambique et un brin discourtois. Vous dites bien Monsieur Bouamatou mais quand il s’agit du Président c’est Aziz tout court. Vous parlez de fausses preuves mais réfutez-les donc devant qui de droit. Vous arguez que les sénateurs n’avaient pas besoin d’être corrompu pour voter contre la suppression du Sénat, soit ! Mais ils se sont bien gardés de le faire savoir avant le jour de ce fameux vote volte-face ! Les sénateurs avaient le droit de s’opposer à ce projet d’amendement sauf qu’ils auraient dû éviter au pays ce côté cachotier qui accrédite la thèse du complot. Les sénateurs de la majorité qui ont voté contre ont trahi leur engagement politique qu’ils affichaient la veille du vote virage, à leurs risques et périls.

  • rororo (H) 07/09/2017 16:31 X

    « Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais communiste. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai pas protesté, je n’étais pas juif. Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté, je n’étais pas catholique. Puis ils sont venus me chercher, et il ne reste plus personne pour protester »

  • bleil (H) 07/09/2017 16:20 X

    Je pense que notre PR se doit d'entendre toutes les voix d'une partition au lieu de n'en entendre qu'une… surtout pour éviter de se retrouver le nez dans la merde.. Maitre Yezid, votre missive baigne dans la clarté des idées, une splendeur absolue ! … c’est dommage que les esprits normaux sont obligés de se cacher chez eux pour dire la vérité ! SANS RANCUNE AUCUNE POUR LES IDIOTS.

  • rahalas (H) 07/09/2017 15:32 X

    Maître, Yezid...vous êtes plus menaçant que Ghadda...on devrai vous inscrire sur la liste des prévenus...vous en savez trop et ce n'est pas bon signe....

  • habouss (H) 07/09/2017 15:04 X

    Recu du Maroc mais ça nous ressemble tellement :

    On ne connaît pas l'auteur du texte . Merci à lui de nous avoir mis face au miroir :

    " JE FAIS PARTIE DE CE PEUPLE FIER, SCHIZOPHRÈNE ET HYPOCRITE!

    Je fais partie de ce pays où la religion occupe toutes les sphères de la vie mais où la foi n’est nulle part.

    Je fais partie de ce peuple plein de pharisaïsmes qui désire « ressembler » au Prophète et à ses compagnons en apparence en laissant pousser la barbe ou en portant le voile mais où personne ne cherche à lui ressembler dans les actes et le fond.

    Je fais partie de ce peuple où les hommes se scarifient le front par des callosités pour montrer qu’ils se cognent la tête contre le sol cinq fois par jour.

    Je fais partie de ce peuple où l’habit fait encore le moine, où un homme qui n’a pas le bac mais qui porte un qamis et tient dans sa main un chapelet se croit exégète et fait la misère à tous ceux qui le croisent en leur disant ceci est « makruh », cela est « haram ». Mais ce même individu n’est même pas soucieux de prendre soin de son hygiène corporelle ou de son haleine (car le parfum ou le dentifrice pour lui sont déconseillés, surtout durant Ramadan…) alors que le Coran exhorte à prendre soin de son corps, car « Dieu est beau et aime la beauté », n'est-ce pas?

    Je fais partie de ce peuple où l’on te sort des hadiths dont l’authenticité n’est même pas avérée par des historiens mais que tous substituent au Coran et érigent en 6e pilier de l’Islam. Des hadiths dont la plupart ignorent l’origine, l’auteur ou le contexte politique et idéologique de leur rédaction.

    Je fais partie de ce peuple qui débat encore de ce qui est "halal" ou "haram" alors que les grandes nations sont à la conquête de l'espace et font évoluer la médecine à un rythme impressionnant.

    Je fais partie de ce peuple qui organise des concours d’apprentissage du Coran par cœur mais où il n’y a aucun concours de compréhension, d’analyse et d’explication du Coran.

    Je fais partie de ce pays où l’« éducation islamique » est une matière à l’école où l’on apprend aux élèves à être calculateurs et égoïstes. On leur apprend à faire des calculs d’épicier, à calculer les « hassanat » (les bienfaits) comme des points, à calculer l’héritage, à calculer le nombre de prières obligatoires, facultatives et surérogatoires, à calculer le nombre d’ablutions, à calculer ceci ou cela… On leur apprend à travailler pour des notes pour réussir l’examen final mais pas à travailler pour son prochain et sans contrepartie. On ne leur apprend pas les fondamentaux et l’essence véritable de la foi. On ne leur apprend pas qu’un bon croyant s’accomplit d’abord en tant que bon citoyen. On ne leur apprend pas à être utiles pour le pays, à œuvrer pour l’intérêt collectif de l’ « oumma »… Non, on leur apprend à être obéissants et soumis. On leur apprend que l’esprit critique en Islam, le questionnement ou le doute sont des actes blasphématoires. Dans nos écoles Ibn Taymiyya et Sayid Qutb remplacent peu à peu Ibn Tufayl et Averroès. On ne leur apprend plus les lumières et la philosophie islamique, mais on les gave de liturgie et de superficialités. On leur apprend la religion, mais pas la foi.

    Je fais partie de ce pays qui n’a pas réussi à construire un système éducatif potable 60 ans depuis son accès à l’indépendance.

    Je fais partie de ce peuple appauvri et tenu en ignorance. Je fais partie de ce peuple qui ignore son histoire et ses grands hommes et dont la mémoire a été confisquée, ce peuple dont le patrimoine et les monuments se dérobent.

    Je fais partie de ce peuple où l’on apprend davantage à craindre Dieu qu’à l’aimer, où toutes les bonnes actions sont motivées par la crainte et le désir de récompense.

    Je fais partie de ce peuple qui veut être vu à la mosquée mais qui est incapable de pratiquer sa foi discrètement.

    Je fais partie de ce pays où l’on prie beaucoup, mais où le mensonge, la calomnie, l’hypocrisie et la corruption sévissent le plus. C’est à se demander si l’on prie autant parce qu’on a trop de péchés à faire pardonner !

    Je fais partie de ce peuple où le concept de virginité et de vertu n’est applicable qu’aux femmes. Je fais partie de ce peuple où les fils de bonne famille ont le droit de « s’amuser » avec toutes les filles, de butiner ici et là, mais on leur dit que pour le mariage il faut une fille de bonne famille et vierge de préférence.

    Je fais partie de ce peuple où les relations hors mariage sont pénalement répréhensibles mais où la loi ne s’applique que pour les miséreux qui n’ont pas les « contacts » pour la contourner.

    Je fais partie de ce pays où une femme qui s’assoit dans un café est une fille facile. Si elle fume, alors c’est une catin.

    Je fais partie de ce peuple frustré qui ne peut pas passer près d’une fille en mini jupe sans la vilipender mais où la pornographie est massivement consommée.

    Je fais partie de ce peuple où l’on demande à la femme de se faire discrète et de cacher ses charmes car on ne sait pas maîtriser ses désirs et ses pulsions sexuelles.

    Je fais partie de ce pays où l’alcool est interdit mais où il est vendu et que beaucoup consomme en cachette.

    Je fais partie de ce peuple superstitieux où même dans les grandes villes on continue à aller voir le « fqih » et d’autres charlatans, à se ruer sur les tombes des « saints » et à offrir des animaux en sacrifice aux marabouts thaumaturges pour chercher la guérison, la réussite ou la fertilité. Je fais partie de ce peuple où même les gens « éduqués » croient encore à la sorcellerie et la pratiquent. Je fais partie de ce peuple qui enrobe le « chirk » et le paganisme dans des versets du Coran.

    Je fais partie de ce pays où l’on n’arrête pas de construire des mosquées pour gagner une place au paradis mais où personne ne veut construire des écoles ou des hôpitaux car « ça ne rapporte » pas beaucoup dans l’au-delà…

    Je fais partie de ce peuple qui se rue dans les mosquées à chaque prière du vendredi en abandonnant ses responsabilités professionnelles et préfère laisser attendre le citoyen devant son bureau vide au sein de l’administration pendant qu’il accomplit ses « obligations de croyant ». Je fais partie de ce peuple qui ignore la notion de "service public".

    Je fais partie de ce peuple qui refuse le débat, qui refuse et récuse les avis qui sont différents des siens.

    Je fais partie de ce peuple qui trouve que l’Occident est perdu dans trop de liberté et est imparfait parce qu’il n’a pas la bonne foi, mais est incapable d’expliquer pourquoi les nations musulmanes sont incapables de sortir du sous développement avec autant de « bons croyants » et de mosquées pleines à craquer.

    Je fais partie de ce pays où les partis politiques utilisent toujours la religion à des fins populistes et démagogiques. Je fais partie de ce peuple qui refuse la laïcité, qui refuse que la religion n’ait pour espace d'expression que la sphère privée.

    Je fais partie de ce peuple qui défend un violeur parce qu’il est célèbre mais où l’on réclame la peine de mort pour des enfants de la rue qui commettent un viol dans un bus.

    Je fais partie de ce peuple où la zoophilie est encore pratiquée dans les villages, où une jeunesse sacrifiée git sans avoir accès à l’éducation, à des lieux de divertissement.

    Je fais partie de ce peuple où le chômage croissant, le manque d’opportunités pour la jeunesse et l’oisiveté conduisent à la criminalité.

    Je fais partie de ce pays où la prostitution existe, mais que nul ne veut voir ni chercher à comprendre.

    Je fais partie de ce peuple où le modèle de réussite ne se trouve pas dans l’accomplissement de soi, dans la maîtrise des sciences, dans l’art et la connaissance, mais dans les richesses matérielles que l’on est capable d’amasser et exposer, dans la villa ou la dernière voiture de luxe que l’on peut s’offrir.

    Je fais partie de ce peuple qui s’endette pour claquer des sommes immenses lors de mariages pour impressionner ses invités et son entourage.

    Je fais partie de ce pays où beaucoup d’interdits existent et que tous veulent transgresser. Faute d’apprendre aux gens à être responsables tout en étant libres, on a préféré leur confisquer leur liberté car on ne leur a pas appris à être responsables.

    Je fais partie de ce peuple où l’on te dit fais ce que je dis mais ne fait pas ce que je fais.

    Je fais partie de ce peuple… où les apparences comptent beaucoup mais dont le fond est creux et pourri.

    Je suis marocain et musulman et j’ai honte de ces aspects de mon pays.

  • KANTAKI (H) 07/09/2017 12:37 X

    A maître, maître et demi ! Au jeu de grands, Bouamatou a perdu par amateurisme et indélicatesse... Un voleur n'est jamais voleur tant qu'il ne s'est pas fait prendre, mais gare à la main dans le sac ! La règle d'or est que chacun joue sa partition sans toucher à l'essentiel, c'est ç dire la Mauritanie...Elle n'accepte pas le jeu de Poker Menteur et c'est cela qu'il faut comprendre...