Kassataya - Le premier septembre dernier jour de la fête de Tabaski, les mauritaniens venant de plusieurs pays en transit à l'aéroport de Casablanca pour Nouakchott ont connu une grande mésaventure de la part de la compagnie marocaine, Royal Air Maroc (RAM).

En plus des mauritaniens, le vol comptait quelques expatriés éberlués et incrédules face à la manière avec laquelle la RAM s'est comportée vis-à-vis de sa clientèle mauritanienne. Ayant pris leur mal en patience certains passagers sont restés 24 heures durant à poiroter et à ronger leurs ongles dans l'attente d'un hypothétique départ pour Nouakchott.

Ils se sont fait rejoindre par d'autres passagers désireux de profiter d'un moment de bonheur partagé en famille pendant cette période de la grande fête religieuse musulmane si significative.

Ce fut un calvaire et un fiasco total face au mépris et a l'indifférence affichée par la compagnie.

En principe ceux qui ont plus de 7 heures d'escale ont droit à une prise en charge à l'hôtel.

Quelle ne fut la surprise de constater que la quasi-totalité des pensionnaires de l'aéroport devaient être pris en charge. C’est vers 14h que tous ont été conduit vers un endroit qui ressemble plus à un dortoir digne des conditions d'hébergement des immigrés de la première génération en France !

Le vol pour Nouakchott était prévu pour le décollage à 21h55 malheureusement il n’arrivera qu’à 23h40, cependant, il ne prendra son envol que vers 02h30 pour arriver vers 05h du matin.

Le problème ce n'est pas tant le retard, qui au demeurant peut se comprendre, mais l'absence totale d'annonce et d'informations pour des passagers extraits de la salle de repos qui ont comme seuls interlocuteurs trois hôtesses d'accueils incapables de dire la vérité sur la situation. L’amateurisme et le manque considération s’invitant aux mensonges répétés de nos interlocuteurs peu crédibles.

Au début il fallait attendre 23h45 pour avoir une information précise, ensuite 00h30 et enfin on nous dira qu'il manquait des membres de l'équipage, au même moment où on nous envoyait un message électronique pour expliquer qu'il y'a un problème technique dont on ne sait quant il allait se résoudre.

L'exaspération a commencé à gagner les passagers devant ceux qui, aux yeux des habitués de la compagnie, considéraient comme un manque de considération de la part de la compagnie vis-à-vis de la destination Mauritanie qui oscille entre perte de bagages et retards répétitifs.

D’autant plus que ce jour là, un ministre mauritanien présent, ne comprenant plus rien s'est dirigé vers les hôtesse pour glaner quelques informations en vain ! Très poliment il est remonté avec sa famille dans le hall de l'aéroport ce qui augurait pour les autres que l'attente allait durer !

Alors tour à tour les passagers se sont invités au comptoir pour exiger des informations qu'ils ne pourront trouver devant un monsieur impassible et incapable de donner une information à un moment ou l'attente devenait insoutenable pour les enfants, femmes et personnes de troisième âge qui doivent prendre leur mal en patience.

La tension est montée d'un cran car quelques passagers ont décidé de remonter à l'étage supérieur pour espérer trouver un responsable pendant que l'hôtesse avait préféré faire dos rond et endosser toutes les critiques dirigées à l'encontre de la compagnie, manifestation de l'irrespect du citoyen mauritanien (dû certainement au climat qui prévaut entre les deux pays).

A partir de 01h00 les passagers ont décidés de passer à la vitesse supérieure en rentrant sur le tarmac de l'aéroport. Le responsable ferma la porte et fut venir un policier. Devant le policier éberlué et l'air dépassé des cris se sont fait entendre très fort au son de ZERO RAM ZERO RAM…

Le policier à tenté de calmer les gens en vain. Et ce n'est que vers 03h du matin que l'hôtesse viendra nous annoncer que le dernier membre d'équipage attendu venait juste d'arriver et qu'il fallait se mettre en rang pour accéder à l’avion.

Le soulagement était certes visible sur les visages des voyageurs extenués par la fatigue et ayant ratés l’occasion de fêter en famille. Malgré ce léger soulagement, les cris de ZERO RAM sont devenus plus stridents à tel point, qu'excédé, un des stewards qui a estimé être bousculé par un passager, a demandé au policier de prendre le passager en aparté - pour certainement le menacer - ce fut alors un niet catégorique de la part des passagers visiblement décidés à en découdre avec la compagnie dont ils exigent le boycott.

L’artiste mauritanien ZIZA de retour d’une tournée en Europe, et figurant parmi les passagers dira que seuls les mauritaniens sont responsables du traitement que la compagnie leur inflige. Une autre dame très remontée dira que c'est normal qu'on subisse ce sort car on ne veut pas emprunter les services de notre compagnie pour afficher notre fierté. Face à l'humiliation tous exigent et réitèrent la nécessité d’un boycott.

Finalement tous les passagers se sont mis d'accord pour exiger l'arrivée à bon port des bagages dont ils demandent à en avoir la garantie avant la montée à bord. Ainsi les passagers organisent la police des bagages.

La conclusion qu'il faut tirer de cette mésaventure, c'est qu'il faut plus de pression et d'exigence de la part des passagers pour que les compagnies qui desservent les destinations interafricaines ou en transit à partir de l'Afrique puissent répondre de leur responsabilité.

Il faut commencer à engager des procédures judiciaires sur la base des actions de groupe aussi bien pour les pertes de bagages que pour les retards excessifs dont les compagnies ne font suivre d'aucun remboursement.

Les compagnies ayant signés des conventions internationales (notamment deux grandes conventions internationales) sont contraintes de respecter certains engagements sous peine de sanctions.

En tout cas nous sommes entrain d'engager une procédure judiciaire avec un cabinet d'avocat en France pour ce qui est des bagages que la compagnie Air Algérie à fait perdre à plusieurs passagers sans indemnisation et sans suite aucune.

A tous ceux qui ont voyagé à travers la RAM le 1er septembre qui n'auraient pas retrouvé leurs bagages qu'ils veuillent se manifester pour une action collective en restitution de leurs affaires.

Vivement que l'on puisse voyager en toute sérénité avec nos compagnies aériennes !

Amadou Diallo
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