18-11-2017 09:54 - Retour de l’application de la peine de mort en Mauritanie : "un recul net des libertés", estime Aminétou

Retour de l’application de la peine de mort en Mauritanie :

La présidente de l’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) a réagi vendredi à la décision juridique du Gouvernement mauritanien de retourner à l’application de la mort de mort en Mauritanie après l’avoir abandonnée.

"La décision du Conseil des ministres met fin aux engagements de la Mauritanie vis-à-vis de la Communauté internationale, malgré la ratification de la Convention sur la torture et les pratiques analogues, la mise en place d'un mécanisme national de lutte contre ces pratiques", a écrit Mme Mint Ely sur sa Page Facebook.

"Il est très clair que nous assistons à un recul net des libertés dans notre pays, qui a commencé par le changement de la Constitution, le référendum bidon, les poursuites judiciaires des sénateurs opposés à la mascarade référendaire, le contrôle judiciaire et le retrait des passeports des sénateurs, journalistes et syndicalistes, en plus de la fermeture des chaînes de télévisons privées à Nouakchott. Ou va-t-on dans ce pays de mollahs", a ajouté la présidente de l’Afcf.

Le gouvernement mauritanien a adopté jeudi un projet de loi durcissant la législation contre les auteurs d’apostasie et de blasphèmes, qui seront désormais passibles de la peine de mort, sans tenir compte d’un éventuel repentir, a indiqué vendredi 17 novembre, l’agence officielle mauritanienne AMI.

« Le présent projet de loi vise à abroger et remplacer l’article 306 du Code Pénal en vue de durcir les peines prévues à l’encontre du blasphémateur », a précisé le gouvernement. « Chaque musulman, homme ou femme, qui se moque ou outrage Allah ou Son Messager (Mahomet) - Paix et Salut sur Lui - ses anges, ses livres ou l’un de ses Prophètes est passible de la peine de mort, sans être appelé à se repentir. Il encourt la peine capitale même en cas de repentir », stipule le texte, selon le ministre de la Justice, Brahim Ould Daddah.

Pourvoi en cassation

Le 9 novembre, un Mauritanien détenu depuis près de quatre ans pour un billet de blog jugé blasphématoire avait vu sa condamnation à mort convertie en une peine de prison de deux ans. La décision de la Cour d’appel de Nouadhibou (nord-ouest), saluée notamment par Amnesty International, avait provoqué un tollé dans cette république islamique.

Le parquet s’est pourvu en cassation pour à nouveau réclamer la peine capitale. Et des fidèles avaient manifesté le lendemain, à la sortie de la grande prière du vendredi, pour réclamer la « potence ». Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir, un musulman âgé d’une trentaine d’années, était en détention depuis janvier 2014 pour avoir critiqué sur internet l’utilisation de la religion pour justifier certaines discriminations dans la société mauritanienne.

Selon M. Ould Daddah, l’article qui accordait la possibilité du repentir aux fautifs « avait été fait dans une époque particulière, mais aujourd’hui les faits ont changé et la loi doit évoluer en conséquence ». Selon le ministre de la Justice, cette nouvelle disposition, qui n’aura « pas d’effet rétroactif », doit remplacer l’ancien texte, en vigueur depuis 1983.

Une source sécuritaire avait affirmé que le jeune homme avait été libéré et conduit à Nouakchott, où la gendarmerie veillait à sa sécurité. Cependant, le ministre a affirmé vendredi qu’il se trouve « toujours à Nouadhibou ». Des mouvements religieux ont lancé des appels à manifester à nouveau vendredi pour réclamer l’application de la charia.

Le jeune homme avait été reconnu coupable d’apostasie et condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou. Le 21 avril 2016, la Cour d’appel de Nouadhibou avait confirmé la peine de mort mais en requalifiant les faits en « mécréance », une accusation moins lourde prenant en compte le repentir de l’accusé, puis renvoyé son dossier devant la Cour suprême. Celle-ci avait ordonné un nouveau procès.

La peine capitale n’a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987.

Par Babacar Baye NDIAYE, avec l’Afp et Le Monde

©Cridem 2017

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Commentaires (5)

  • Cheikh Aly 2007 (H) 22/11/2017 10:19 X

    La communauté international n'applique pas la Charia et les musulmans n'y sont pas considérés comme des individus civilisés. Vous pouvez, si vous voulez ressembler à ces individus et laisser la Mauritanie faire le choix d'un peuple fier d'être musulman. Après tuer ou ne pas tuer, je suis incapable de m'y prononcer.

  • guarej (H) 20/11/2017 09:21 X

    Quelle est la relation entre la peine de mort et femme au foyer? Est ce que l'objet des associations n'est pas bien defini en mauritanie. Notre probleme en mauritanie c'est cette polyvalence intelectuelle dans le but de se raprocher de l'occident.mint elmokhtar parle de politique,de l'islam ,du spaciale et surtout du viol plus proche a l'objet de son association et plus rentable vis a vis des donnateurs.

  • sraghaa (H) 18/11/2017 16:05 X

    cette vielle (***) est plutôt préoccupé par la satisfaction des EUROPEENS par arrivisme que par l'islam

  • Raisonneur (H) 18/11/2017 14:54 X

    Un recul se dit de ce qui avait été fait sur un avancement d’une situation donnée, le pouvoir de Mohamed Abdel Aziz ne respecte aucun engagement national ou International, cela montre aussi que le pouvoir est contrôlé par les islamistes et les barbues de premier couteau, ils utilisent tous les moyens anti-démocratique pour faire sauter la démocratie et instaurer un système inique en Mauritanie, dans cette situation Aziz ne sait plus à quel seigneur se vouer, l’appareil judiciaire est sous contrôle Islamique raciste et féodal, le système se perd dans ses analyses et autres tours de magie qui risque d’emporter Aziz et son gouvernement. L’objectif c’est Mkheïttir, mais le but de la peine capital c’est faire partir Aziz et son gouvernement.

  • moukhabarat (F) 18/11/2017 13:23 X

    Mme ne confondez pas moratoire pour l'application de la peine de mort ce que l'a Mauritanie applique depuis plus de 30 ans et institutionnalisation de la peine de mort qui existe dans le code pénal. Le débat sur la peine de mort en Occident - dont vous êtes malheureusement une porte voix - est en fait un combat contre l'appareil judiciaire et l'Etat en général puisque le droit de tuer pour la légitime défense (menace sur la vie ou les biens : un smartphone...) est reconnue au simple citoyen partout dans le monde.... Les militants pour l'abolition de la peine de mort qui vous appuient sont d'assidus contribuables de puissances nucléaires qui sèment la mort partout dans le monde. Cessez ces hypocrisies...