20-02-2018 07:45 - Le président mauritanien Aziz, un piètre allié de la France

Le président mauritanien Aziz, un piètre allié de la France

Mondafrique - Emmanuel Macron doit se rendre fin juin 2018 en visite officielle en Mauritanie. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, dont il loue "le pragmatisme", est-il un solide maillon de la lutte anti terroriste au Sahel? Pas certain !

D'après le journal "Jeune Afrique", le président français est attendu à Nouakchott d'ici à la fin juin 2018, juste avant la réunion du G5 Sahel qui doit s'y tenir en juillet. Au centre des discussions, se trouvera fatalement la lutte contre le terrorisme au Sahel, une priorité absolue, on le sait, du président Macron obsédé par l'idée de rapatrier les troupes françaises d'Afrique et la seule carte pour un président Aziz rattrapé par ses impostures.

Emmanuel Macron doit se souvenir que malgré les promesses, aucun soldat mauritanien n'a été envoyé pour combattre dans le cadre de l'opération militaire que l'armée française mena en janvier 2013 au Nord Mali.

Premier souci, la France va-t-elle se présenter, les poches percées, comme lors des voyages officiels en Tunisie ou au Sénégal, où quelques conversions de dettes et de maigres aides à une poignée de start-ups ont été le seul horizon d'une coopération soi disant renouvelée? Or en matière sécuritaire, l'équipement des 5000 hommes de la force G5 Sahel pose de graves problèmes de financement.

Pour l'instant, la France vient de contribuer pour 8 millions d'euros seulement à cette armée en gestation contre 130 millions pour les Émirats et l'Arabie Saoudite. Emmanuel Macron, en clair, a donné les clés du Sahel aux monarchies pétrolières qui ainsi, dans une approche consensuelle, financent les deux parties en présence, djihadistes d'un coté et forces armées étatiques de l'autre. Il faut à Emmanuel Macron d'autres arguments sonnants et trébuchants pour se faire entendre. En a-t-il les marges de manœuvre? Rien n'est moins sur.

Le mirage mauritanien

D'après "Jeune Afrique" toujours, décidément bien en cour à l'Elysée, Emmanuel Macron apprécierait "le pragmatisme" de Mohamed Ould Abdel Aziz. Il n'est pas certain que cette notion toute macronnienne définisse l'approche sécuritaire de l'actuel pouvoir mauritanien, faite de plus de duplicité que de réalisme. Il est de notoriété publique que le président Aziz a passé un pacte douteux en 2010 avec les amis de Ben Laden qui, moyennant quelques gratifications, se tenaient tranquilles. Il y a mieux: un site internet proche du pouvoir n'hésite pas à Nouakchott à publier les communiqués des groupes terroristes, y compris quand ils attaquent une base gazière en Algérie en 2013. Autant d'initiatives qui sont sans doute à mettre au crédit du "pragmatisme" du président Aziz.

En prime, le pouvoir mauritanien offre aux chefs terroristes le gite et le couvert et organise chez lui une véritable base arrière pour djihadistes fatigués. Les représentants des mouvements indépendantistes du Nord Mali ont pignon sur rue à Nouakchott. Plus grave, c'est l'ancien numéro 3 d'Al Qaida, retenu en Iran pendant un temps, qui vient de publier un livre d'entretiens sur son glorieux passé avec la discrète bénédiction du pouvoir. Sa belle villa, mise à disposition, fait face à Nouakchott à celle de l’ancien chef de la Sécurité d'Aziz.

Un paix civile précaire

Ces dernières années, ces arrangements douteux, il est vrai, ont garanti au régime de Nouakchott une certaine paix civile. Contrairement aux Maliens ou aux Nigériens, les Mauritaniens n'ont guère connu d'attentats spectaculaires ces dernières années. Mais pour combien de temps? Et à quel prix? Pour diner avec le diable terroriste, il faut une longue cuillère, dont le pouvoir mauritanien ignore l'usage.

On sait le poids qu'ont pesé les services secrets algériens de l'ancien DRS sur l'histoire récente de la Mauritanie et sur les coups d'état qui se sont succédé. Les polices parallèles du grand frère algérien ont exercé une véritable fascination sur le jeune Aziz formé à l'école du Basep, la garde prétorienne du régime qui vit plus de prébendes que de l'art militaire.

Le président Macron n'est pas sans connaitre l'examen de conscience du pouvoir algérien. Aidé en cela par la France de Hollande, l'Algérie a choisi, fin 2015, de décapiter l'ancien DRS, véritable Etat dans l'Etat dont les arrangements meurtriers et secrets n'étaient pas de nature à éradiquer le terrorisme.

Petit pays par la population mais grand par son histoire et par sa superficie, la Mauritanie fait encore partie du pré carré français en Afrique. Pour combien de temps? A conforter un régime déconsidéré en interne et discrédité sur le plan régional et international, le président français servirait une bien incertaine idée de la France.

Par La rédaction de Mondafrique



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Source : Mondafrique
Commentaires : 4
Lus : 3744

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (4)

  • aminatat (H) 20/02/2018 12:43 X

    La Mauritanie fait partie des pays africains qui entretiennent de très bonnes relations avec la France et ce n'est pas un hasard. En effet, le président aziz constitue un maillon fort dans la lutte contre le terrorisme au sahel.En président responsable, notre président a fait de la sécurité de notre pays une priorité. Ainsi, les islamistes savent qu'ils ne peuvent sévir en Mauritanie tant la détermination de notre président pour la sécurité de ses concitoyens est très importante. C'est le réalisme et le pragmatisme de notre président qui a sauvé la Mauritanie de certaines dérives. Ceux qui disent que aziz a acheté une paix avec les terroristes en les finançant se trompent. je leur conseille de dire astaghviroullah autant qu'ils peuvent. Les mauritaniens peuvent se féliciter de ce capital de confiance que la France accorde à notre président

  • siam2013 (F) 20/02/2018 12:26 X

    Être un bon allié de la France, c'est réduire son peuple affamé à un cortège pour aller saluer le président français. Être un bon allié de la France, c'est installer des bases françaises sur le sol de son pays et signer des accords de "défense" avec la France. Être un bon allié de la France, c'est faire de la langue française son unique langue officielle et laisser végéter ses langues vernaculaires pourtant déjà équipées selon l’Académie africaine des langues. Être un bon allié de la France, c’est pérorer devant une population analphabète et médusée dans une langue de Molière châtiée. Être un bon allié de la France, c’est danser en prenant bien soin de tenir par les mains sa partenaire et faire danser sur des rythmes endiablés avec plusieurs cavalières le président français en bras de chemise…

  • medabdul (H) 20/02/2018 11:07 X

    G5 SAHEL;une aberration grandeur nature a l'image du sahel sur le plan geographique;cette mutualisation des forces de pays intimement rivaux et qui se detestent de facon claire ne marchera jamais ;l’Algérie ne voudra jamais que ca marche;elle tire les ficelles djihadistes.

  • maham68 (H) 20/02/2018 09:59 X

    Les pétards mouillés de mond à fric ne trompent plus Aziz marque chaque jour Machallah des points malgré vos gesticulations