08-04-2018 10:35 - Mauritanie: Le Congrès américain s’en prend au FMI au sujet d’un Etat jugé esclavagiste

Mauritanie: Le Congrès américain s’en prend au FMI au sujet d’un Etat jugé esclavagiste

Lactuacho - Utilisant un langage rarement utilisé entre nations, certains des plus proches alliés de Donald Trump ont attaqué le Fond Monétaire International (FMI) pour le prêt qu’il a accordé a un pays qu’ils accusent de torture, de vol et d’esclavage.

Six des plus proches républicains de Donald Trump au Congrès ont pris la mesure inhabituelle d’ignorer la Maison-Blanche et le gouvernement pour condamner l’un des plus proches alliés de Washington en Afrique.

Les membres du Congrès ont écrit à Christine Lagarde, chef du FMI, et lui ont demandé de mettre fin au financement de la République islamique de Mauritanie, pays situé en Afrique de l’Ouest.

Finie la finesse diplomatique, remplacée par une condamnation du président Mohamed Aziz qui dépasse même les tweets de M. Trump, accusant la Mauritanie et son gouvernement de vol, d’esclavage, de corruption et d’un « odieux bilan des droits de l’homme ».

Finesse diplomatique et langage de vérité

La lettre datée du 5 mars a été signée par une poignée de noms que vous ne connaissez peut-être pas, mais ce sont des hommes qui ont soutenu Trump au début de son ascension, et tous sont indispensables pour faire passer ses projets de loi au Congrès.

– Mark Meadows de la Caroline du Nord est l’un des amis les plus proches du président et préside le Freedom Caucus, un groupe de 40 politiciens dont le nombre de votes est suffisant pour faire ou défaire la législation.

– Thomas Garrett de Virginie est un ancien officier de l’armée et une étoile montante du Parti républicain.

– Jeff Duncan parmi les plus fervents partisans de M. Trump au Congrès et siège au Comité des affaires étrangères, avec Lee Zeldin et Scott Perry, qui ont tous deux signé la lettre.

– Gus Bilirakis de Floride qui a l’habitude de critiquer les mauvais leaders, mais jamais utilisant un tel langage.

Il est vrai que M. Aziz dirige l’un des gouvernements les plus oppressifs du monde, mais les États-Unis se lient d’amitié avec un certain nombre de mauvais pays, y compris Djibouti, la Chine et l’Arabie Saoudite.

En général le Congrès prend soin de laisser la politique étrangère à l’exécutif, sachant avec quelle facilité un langage peut diplomatique de la Chambre des Représentants peut nuire aux échanges commerciaux, la défense et la soi-disante « Guerre contre le terrorisme ».

Mais dans ce qui a été surnommé le « Mémorandum Mauritanie », la Chambre semble avoir averti M. Trump qu’elle va jouer un rôle plus agressif.

La Mauritanie couvre plus d’un million de kilomètres carrés – principalement désertique – et arrive en tête de la liste des pays qui comptent plus grand nombre d’esclaves par tête d’habitant.

Mais son gouvernement est carrément contre des groupes comme Al-Qaïda, Al Shabaab et Boko Haram, et permet aux troupes américaines le libre règne pour les traquer sur son territoire.

Le FMI a récemment approuvé une ligne de crédit de 163 millions de dollars. Christine Lagarde a tweeté que ce prêt améliorerait le niveau de vie des Mauritaniens qui souffrent d’un niveau de pauvreté des plus élevés même selon les normes africaines.

Mais la lettre du Congrès prétend que cet argent va « alimenter les poches » du président Aziz, qu’il accuse de « manipulations d’appel d’offres » dans toutes les soumissions, de réception de pots de vin et de corruption.

« On estime que jusqu’à 20% de la population de la Mauritanie est asservie, le taux le plus élevé au monde », indique la lettre.

Aziz a « refusé l’entrée à des groupes de défense des droits de l’homme, a employé la torture et détenu des dirigeants de l’opposition sans motif ».

Et la lettre se termine par un appel à l’action. « Si le président Aziz continue de promouvoir un environnement contraire aux normes internationales », alors le patron du FMI devrait mettre fin au financement pour s’assurer que le FMI ne devienne pas complice du régime Aziz.

Un espoir pour le combat contre l’esclavage

À Paris, où des milliers de Mauritaniens ont fui en exil, les manifestations sont fréquentes en dehors de l’ambassade de leur pays. Il y a toujours Thomas N’diaye qui a longtemps appelé le gouvernement français à sévir contre son ancienne colonie.

« Je crois que cette lettre peut changer la donne dans notre lutte pour la liberté », a-t-il déclaré.

« Nous savons que l’armée américaine a besoin de la Mauritanie pour son travail contre le terrorisme, mais cela donne-t-il au président Aziz le droit de terroriser encore plus son propre peuple ? »

Le Congrès, a-t-il dit, vient de découvrir la Mauritanie, "de la même façon dont il a soudainement découvert l’apartheid dans les années 1980 après des décennies de collusion avec le gouvernement blanc minoritaire. Nous sommes la capitale de l’esclavage du monde et il est vrai que nos dirigeants s’enrichissent de prêts et de l’aide destinée aux pauvres".

« L’Union africaine ne fait rien à propos de milliers d’esclaves dans mon pays, la France collabore avec le régime et les dirigeants américains nous regarde simplement comme un pays qui coopère avec eux dans la guerre contre les extrémistes. Ce mémo du Congrès pourrait changer cela.»

Peut-être que M. N’diaye et ses exilés sont trop optimistes. Peut-être que le mémo de Mauritanie est une tentative de hauts responsables républicains qui voulaient, comme tous les politiciens, avoir leurs noms dans la presse et devant le président.

Le Congrès prêt à forcer la main

Si beaucoup plus de lettres similaires suivent, peut-être sur les tarifs chinois, les espions russes, la menace de prendre des terres en Afrique du Sud sans compensation, alors, peut-être pouvons-nous dire qu’il y a un nouveau climat d’action, un Congrès prêt à forcer la main du Département d’Etat, de la Maison Blanche, et même le FMI.

Ce qui aurait commencé avec un endroit obscur comme la Mauritanie pourrait être une stratégie: si l’attaque tournait mal, les retombées seraient autour d’un pays (la Mauritanie) que la plupart des Américains ne pouvaient pas trouver sur la carte.

Pour le peuple mauritanien, rarement cité dans les dépêches, la lettre est un coup de pouce dans leur long combat pour la démocratie, la liberté et la fin de l’esclavage.

Et Christine Lagarde devra peut-être repenser son prêt.

CAJ News Agency (Johannesburg) » 4 APRIL 2018

Mauritania: U.S. Congress Lashes IMF On Slave State – allAfrica.com

allafrica.com/stories/201804050220.html





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Commentaires (2)

  • Juge Lord Kadaaj (H) 08/04/2018 19:40 X

    "Les membres du Congrès ont écrit à Christine Lagarde, chef du FMI, et lui ont demandé de mettre fin au financement de la République islamique de Mauritanie, pays situé en Afrique de l’Ouest." Et ils ont bien raison , faut arreter de filer du fric a ce pays ainsi que financer des projets etc ... Toutes aides exterieurs doivent etre stopper . ca secouera peut etre un peu certains ici .

  • jahil (H) 08/04/2018 11:14 X

    Les décisions du FMI sont souverainement prises par son Conseil d’Administration où siège le représentant des USA, sur la base des rapports de sa Direction Générale documentée par ses missions périodiques dans les pays membres, et par ses représentations régionales et locales dont celle en Mauritanie. Les pérégrinations de 4 Congress-men visiblement manipulés par quelques aventuriers, et in capables de situer la Mauritanie sur une carte, sont insignifiants et sans le moindre intérêt.