11-04-2018 00:00 - Sort des enfants réfugiés à Nouakchott (Libre Expression)

Sort des enfants réfugiés à Nouakchott (Libre Expression)

Tandia Cheikhna Mbouh - Ils font désormais partie du décor de la ville de Nouakchott ; on les trouve aux abords de ses grands axes.

Ces enfants-là nous dit-on ce sont pour la plupart ceux des réfugiés syriens en exil humanitaire chez nous. Ils sont exploités, manipulés, entrainés pour mendier. Et le constat est que cette pratique est devenue banale, acceptée tacitement par tous.

Mais la pauvreté ; les difficultés d’existence et de subsistance ne justifient pas tout. Notre pays a ratifié les différents instruments juridiques internationaux pour la sauvegarde des droits fondamentaux de l’enfant ; le droit à la santé, à la protection ; le droit à l’éducation notamment.

Nous constatons que la solidarité nationale ne s’exprime pas assez à l’égard de ces réfugiés qui sont abandonnés à eux-mêmes dans des pratiques contradictoires avec les bonnes mœurs, la morale islamique saut en principe, de l’Etat mauritanien.

Des enfants en bas âge sous le soleil plombant des carrefours, qui se faufilent entre des voitures et des foules, risquant leurs vies à la recherche de la petite pièce de monnaie. Et le drame c’est que ces enfants sont « téléguidés » au loin par un adulte bien à l’abri qui à travers des instructions gestuelles et auditoires dignes pour les animaux, les pousse à ce qui a tous les caractères du harcèlement de rue, du travail forcé. Et Ce sont là les prémisses de la délinquance juvénile qui a déjà des influences sur la partie vulnérable de la société mauritanienne. La pratique de la mendicité, est en principe prohibée dans l’esprit du code pénal mauritanien. Mais il s’agit ici d’attirer l’attention sur ses nouvelles formes galopantes avec en droite ligne, « l’utilisation » des enfants. Comme des objets, oui !

La ratification de la convention internationale des droits de l’enfant et de ses protocoles facultatifs par notre pays met en avant l’idée d’une garantie des droits fondamentaux de l’enfant dans le fonctionnement quotidien de sa société. Et ces droits sont en fait un ensemble de garanties pour l’enfant quel qu’il soit ; d’où qu’il vienne. La garantie notamment du principe de non-discrimination et celle de la protection de l’intégrité physique et mentale de l’enfant. Or qu’est-ce qu’on a pour le cas de ces enfants réfugiés ?

D’abord leur intégrité physique est risquée au quotidien par des adultes qui les « téléguident » au travers des points de circulation bombés de mondes et de voitures, sous un soleil ardent. Ils courent, ils s’accrochent aux gens et aux portiers de voitures en plein démarrage ; suivent des clients de banque dans des GAB : qu’est-ce qui est susceptible de leur tomber de dessus ? Un adulte énervé ? Une voiture en excès de vitesse ? Des enlèvements ? La liste est longue… Aussi, à travers ces pratiques extrêmes de la mendicité, on forme une certaine psychologie chez ces enfants. La psychologie de l’éternel assisté ; celle du faible pour qui il suffit juste de tendre la main ; de prendre par les émotions pour obtenir ce qu’il veut. Ces pratiques nuisent gravement à leur développement physique et psychologique.

Ces enfants ne méritent pas ce sort ; ils ne méritent pas que les autorités restent sans réaction face à cette situation. Et il est de la responsabilité de ces concernées autorités de prendre la mesure de ce que vivent ces enfants réfugiés chez nous, qui sont en quelque sorte aussi sous une certaine responsabilité collective dès l’instant qu’ils ont franchi nos frontières.

Ces adultes qui les « exploitent » sont pour la plupart des personnes valides qui peuvent travailler dignement pour les nourrir et assurer leur développement physique et psychologique. Il y a lieu alors de poser ici la question de leur régularisation et d’une certaine assistance humanitaire que les services du gouvernement et la société civile spécialiste de la question doivent prendre en charge. On n’a pas le droit de fermer les yeux face à cette situation dramatique que vivent ces enfants réfugiés chez nous. Les risques de traitements inhumains, de « chosification » sont réels et on en déjà des signes visibles.

Nous nous permettons donc d’interpeller directement à ce niveau le gouvernement ; d’attirer l’attention des organisations de la société civile sur le cas de ces enfants réfugiés « mendiants-harceleurs » malgré eux. Ils sont sous influence ; ils n’ont pas le choix.

Par Cheikhna Mbouh Tandia

Juriste d’affaires



"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


Commentaires : 1
Lus : 2075

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (1)

  • lass77 (H) 11/04/2018 06:39 X

    Oui il faut etre solidaire avec les enfants dits régugiés venus de la Syrie mais la Mauritanie a ses propres réfugiés internes touchant des milliers de familles pauvres sans aucune aide. Et d'ailleurs pour faire venir des gens et ne pas s'en occuper. Il n'ya pas de frontière entre la Mauritanie et la Syrie alors sont t-ils arrivés en Mauritanie ? Juste pour voire une population Arabe dans nos villes pour s'afficher dans le monde. Hein