20-06-2018 09:00 - Présidentielles de 2019 : enjeux politiques qui risquent de noyer d’autres pouvant être non moins importants

Présidentielles de 2019 : enjeux politiques qui risquent de noyer d’autres pouvant être non moins importants

Dr Sidi El Moctar TALEB HAMME - Depuis la fin de l’année dernière, règne en Mauritanie un climat par excellence politique. "L’alternance pacifique en 2019", est le facteur le plus déterminant parmi les aléas responsables de ce climat et de son caractère exagérément politique.

Dans la perspective des présidentielles de 2019, on assiste en effet déjà à des révisions parfois profondes des politiques des partis, à l’affinement des stratégies, à la recherche d’alliances et la formalisation d’engagements. Ces alliances et engagements visent, pour l’opposition, à parvenir à un accord sur un candidat unique et/ou sur le soutien du candidat qui, en cas d’un éventuel deuxième tour, affrontera celui de la majorité présidentielle.

Pour cette majorité présidentielle, la devise est "on ne change pas un cheval qui gagne" et l’espoir d’une issue heureuse pour le maintien en place de l’actuel Président au-delà de 2019, réside dans l’annonce, le moment opportun, d’une 3ème République.

De tels enjeux politiques inquiètent l’opinion publique outre mesure, préoccupent les analystes politiques et risquent, en conséquence, de noyer ou faire oublier d’autres enjeux pouvant être, pour la majorité des Mauritaniens, non moins importants que l’occupation du fauteuil de la magistrature suprême.

A propos, la pêche serait un exemple illustratif à ce sujet eu égard à la multiplicité et/ou la diversité des enjeux auxquels ce secteur sera censé faire face surtout au cours de 2019.

Le présent article, se limite à attirer l’attention sur quelques éléments devant déjà être au centre des préoccupations des gestionnaires de ce secteur ou sur lesquels devra porter l’évaluation de plus de trois ans de mise en œuvre d’une stratégie sectorielle finissante dans moins d’un an.

Actualisation de l’état des ressources halieutiques:

A ce sujet, la priorité des administrations concernées doit en constituer l’organisation du traditionnel Groupe de Travail qu’organise tous les 4 ans l’IMROP sur l’évaluation des stocks halieutiques, la gestion des pêcheries de la Zone Economique Exclusive (ZEE) mauritanienne et l’étude de leur environnement». Il s’agit de disposer d’un état actualisé des ressources et de leur environnement. Un état réalisé sur la base l’exploitation par les experts des résultats de la gestion des ressources par le Ministère durant les trois premières années de la mise en œuvre de sa stratégie, des données de recherches proprement dites et de l’intégration de données issues d’études récentes effectuées notamment par les Chinois, les Espagnols et les sociétés d’exploration pétrolières.

Evaluation de la stratégie sectorielle 2015-2019:

Faute d’être soumise, à temps, à une évaluation à mi-parcours, la Stratégie Nationale de Gestion Responsable pour un Développement Durable des Pêches et de l’Economie Maritime (2015-2019) doit être évaluée avant la fin de l’année en cours.

Les résultats de cette urgente opération devront faciliter, avec ceux du GT de l’IMROP 2018, les choix futurs à faire en ce qui concerne l’opportunité de reconduire une version actualisée de la stratégie 2015-2019 ou de mettre carrément en place, pour au-delà de 2019, une nouvelle stratégie autour de nouveaux objectifs pertinemment choisis.

Quel que soit le scénario qui sera retenu, l’état actualisé des ressources tel qu’il sera réalisé par l’IMROP en 2018 et le résultat de l’opération d’évaluation souhaitée, serviront de support à la gestion des activités du secteur durant 2019 et probable période transitoire.

En d’autres termes, ces deux catégories de données devront alors constituer la base surtout de l’allocation des ressources, c'est-à-dire la détermination, par espèce et groupes d’espèces, des quantités destinées aux nationaux, d’abord à la vente aux étrangers, ensuite.

Concernant particulièrement les accords de pêche, sait-on déjà que celui avec le Sénégal peut trainer plus que prévu et que celui avec l’Union Européenne, viendra à échéance au cours de 2019.

Revenant à l’opération d’évaluation de la mise en œuvre de la présente stratégie sectorielle de pêche, celle-ci devra principalement porter sur :

1. les textes d’application du code des pêches et autres acte administratifs pris pour mettre en œuvre le texte théorique de la stratégie sectorielle.

2. le cadre organisationnel ou l’organigramme : dans quelle mesure les structures de l’administration centrale et les établissements sous tutelles chargés d’exécuter des tâches pratiques spécifiques, reflètent les priorités de la stratégie sectorielle et tiennent comptent des ressources humaines disponibles;

3. les ressources humaines: (i) nombre et profils des personnels disponibles, (ii) analyse des cadres à qui on a confié la responsabilité de mise en œuvre des différents volets de la stratégie, critères considérés dans les recrutements et les nominations, etc.

4. les ressources financières: budget effectivement octroyé par rapport à celui estimé initialement comme nécessaire pour la réalisation des objectifs de la stratégie pour la période 2015-2019.

5. les interviews avec les principaux acteurs nationaux: pêche artisanale, pêche côtière, pêche hauturière, usines de traitement et de transformation (farine et huile e poisson), mareyeurs, exportateurs, etc.

Serait-ce la seule occasion où les conflits d’intérêts laisseraient découvrir les noms des bénéficiaires de l’accès à nos ressources et les conditions pratiques de cet accès : quantités effectivement octroyées, conditions techniques, conditions financières, capacités propres du bénéficiaire quant à exploiter le quota attribué, noms des intermédiaires ayant permis l’accès à nos ressources à des étrangers moyennant des commissions, etc.

Par ailleurs, ne perdons de vue que telles interviews, pourront surprendre les ennemis à travers témoignages confirmant le bilan fort positif prôné par l’Administration et illustré particulièrement par un niveau de recettes de ce secteur de pêche, jamais atteint par le passé.

Dr Sidi El Moctar TALEB HAMME



"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


Commentaires : 0
Lus : 1787

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (0)