14-11-2018 17:16 - Biram Dah Abeid : Mon salaire n'égale la souffrance du pays

Biram Dah Abeid : Mon salaire n'égale la souffrance du pays

IRA-Mauritanie - Chers collègues députés, honorables élus du peuple.

Mon salaire n'égale la souffrance du pays.

Qu’ai-je, donc, appris?

Des députés et des responsables administratifs de l'Assemblée Nationale réfléchissent à entreprendre quelque démarche pour convaincre le pouvoir du moment, de bien vouloir surseoir à appliquer, contre moi, la directive de privation de salaire et d’indemnité. Elles et ils s’alarment ainsi de la violation de mes droits d’élu.

Je les remercie certes mais les invite en même temps, à abandonner l’entreprise, à cause de l’urgence et de la priorité au traitement de celle-ci. Des problèmes de fond et d’une tonalité bien plus tragique requièrent, ailleurs, l’expression de la solidarité parmi les législateurs. Je citerai, ici :

La dépréciation de la monnaie nationale

La hausse vertigineuse des prix

La banqueroute de l’école

Le chômage désespérant des jeunes

La faillite généralisée des établissements publics, en particulier du secteur de la santé

Le détournement des ressources monétaires, minières et halieutiques

La banalisation des mœurs néo-patrimoniales dans le rapport des dirigeants à l’Etat

L’impunité de la torture, du racisme, de son passif humanitaire et des discriminations liées à la naissance

Chers collègues

Je cède mon salaire et autres émoluments, au « Président des pauvres », afin qu’il s'en serve pour épaissir, davantage, la fortune de sa famille et de ses proches. Il y a 10 ans déjà, je renonçais à mon revenu de fonctionnaire de Greffier dont la suspension devait me dissuader de poursuivre la lutte pour l’égalité.

Huit ans après cette mesure d’un présupposé ô combien naïf, le chef de l’Etat Ould Abdel Aziz pourrait tenter de comprendre que l’argent n’est pas tout, ni même l’essentiel. Je sais combien l’idée lui paraîtrait improbable tant elle déroge à sa socialisation. Chez certaines humanités en dégénérescence, l’appât du lucre finit par embrumer la raison. Plus le sevrage est ancien moins vite se désaltère l’assoiffé.

Chers collègues, honorables députés

Si vous parvenez à relativiser l’intérêt pathologique que Ould Abdel Aziz porte à l’accumulation des biens ici-bas, vous auriez rempli l’essentiel de la mission à vous confiée dans les urnes : modérer le Prince, le guider dans les tourments de l’orgueil, enfin le rappeler à la vergogne quand il menace de n’en plus avoir.

Le 14 novembre 2018.

Biram Dah Abeid

Prison civile de Nouakchott.

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Explications.

- Néopatrimonialisme: méthode de gouvernance qui consiste à confondre le bien public avec la fortune privée des dirigeants

- La vergogne: est le sentiment qui permet d’éprouver de la honte. Elle est l’équivalent de la pudeur.





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Source : IRA-Mauritanie
Commentaires : 11
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Commentaires (11)

  • Belphegor (H) 18/11/2018 19:31 X

    Tu as raison mais dis plutôt que ton salaire n'égale pas les subsides que tu perçois de tes généreux donateurs occidentaux au nom de la lutte contre les opprimés qui n'en ont jamais vu eux mêmes la couleur...démagogie et populisme de caniveau qui ne trompe que ceux qui veulent bien l'être.

  • mseyke le martyr (H) 16/11/2018 15:21 X

    bouvaly (H),ta réponse cher ami, trouves la dans les Misérables de Victor Hugo

  • bouvaly (H) 15/11/2018 17:48 X

    mseyke mseykine!je ne cherche pas à polémiquer avec des ignares. j'ai seulement relevé "l'inculture" de Biram. Mais puisque tu t'ériges en avocat du diable peux tu m'expliquer le sens de ces extraits: -moeurs néo-patrimoniales -le rappeler à la vergogne et j'en passe.

  • mseyke le martyr (H) 15/11/2018 11:37 X

    bouvaly (H), je pense que la qualité de cette lettre n'est plus à démontrer sauf pour ceux qui somnolent encore dans un passé révolu et qui développent à présent sa nostalgie, bref, la condescendance et le mépris développés souvent par ceux qui s'accrochent avec leurs piédestaux sur les débris passéistes nauséabonds comme des mouches sur les dents jaunes d'un vieux crocodile au large de NGAWLé au bord du fleuve senegal. le ridule ne tue plus.

  • yanis (H) 15/11/2018 00:05 X

    Les missives de Biram depuis la prison, dans la quelle il est injustement incarcéré, ont le même style d'écriture que Jemal Ould Yessa… Juste une constatation d'un lecteur-observateur du microcosme mauritanien.

  • mdmdlemine (H) 14/11/2018 18:38 X

    j'ai malencontrueusement inversé les initiales de Hraki c'est plutot ASB, un éminent professeur de français voire un journaliste passif de la trempe de feu Habib ould Mahfoudh juste pour lui rappeller que je suis impatient de voir sa remarque sur ce qui m'a paru comme une confusion involontaire difficile à comprendre pour les non initiés

  • Hartani Intellectuel (H) 14/11/2018 18:17 X

    Le titre est très bon et c’est du très bon français qui peut prendre deux sens, mais là n’est pas l’essentiel, le plus important est le contenu du texte, quelqu’un avait dit dans un commentaire que Biram ne veut pas de salaire de député, il veut comme salaire l’alternance politique pour mettre fin à la souffrance de ce peuple avec les régimes militaires, la fin de l’esclavage et la justice entre les mauritaniens etc.. Pour la première fois dans l’histoire parlementaire de ce pays, un homme décide de laisser son salaire, pour la cause et le combat qu’il mène depuis plus de 15 ans, cela montre une fois encore que Biram Dah Abeïd ne cherche pas l’argent, il a une conviction.

  • bouvaly (H) 14/11/2018 18:16 X

    Enfin!à lire cette scabreuse sortie on voit le niveau réel de BDA. on n'y comprend rien à des phrases décousues et n'ayant aucun sens. Un conseil retourne sur les bancs pour apprendre à rédiger

  • mdmdlemine (H) 14/11/2018 18:00 X

    Hraki ou BOAS: j'aimerai avoir ton avis sur mon observation, toi qui est professeur de français avec les qualités d'un academicien Salut

  • lhraki (H) 14/11/2018 17:54 X

    Toi,Mohamed lemine ,,professeur de français à le veille de ta retraite,tu n'es pas francophone?

  • mdmdlemine (H) 14/11/2018 17:31 X

    n'étant pas francophones à la perfection, j'aurai preferé comme titre " Mon salaire n'égale pas la souffrance du pays" ou " Mon salaire n'égale que la fin de la souffrance du pays" au lieu de " Mon salaire n'égale la souffrance du pays" Le titre est juste mais prête à équivoque aux francisants apprentis autrement à la françafrique