16-01-2019 13:51 - L'Editorial du Calame : Jusqu’au jour où…

L'Editorial du Calame : Jusqu’au jour où…

Le Calame - Lors de la cérémonie de clôture du dialogue inclusif, en 2016, entre les partis de la majorité et une partie de l’opposition, Ould Abdel Aziz déclara, dans un discours très applaudi par l’assistance, qu’il n’était pas question de toucher les articles de la Constitution limitant les mandats présidentiels.

Et que ceux qui le demandaient étaient des ennemis de la Nation dont ils cherchaient la perte. Il aura répété, plusieurs fois, à des organes de presse étrangers, qu’il respectera le texte fondamental et ne se présentera pas à un troisième mandat. Le pays tout entier, tant les partisans du généralissime que ses détracteurs, poussa un grand ouf de soulagement.

Celui qui a mis le pays en coupe réglée va enfin passer la main. A n’importe qui. Pourvu qu’il parte. Pourtant, malgré le verrou constitutionnel et ces déclarations de bonnes intentions, il restait toujours beaucoup de gens persuadés qu’Ould Abdel Aziz ne céderait jamais le pouvoir de gaieté de cœur et ferait tout ce qui est en son pouvoir, pour y rester le plus longtemps possible.

Et les faits, malheureusement, sont en train de leur donner raison. Des membres de son cercle proche et des députés de l’UPR se mobilisent, en effet, depuis quelques jours, pour obtenir un maximum de signatures de parlementaires en faveur d’amendements constitutionnels modifiant les articles limitant à deux les mandats du président de la République.

L’initiative à laquelle Ould Abdel Aziz serait « étranger » (!) aurait déjà recueilli près de soixante-dix signatures mais elle rencontre, parallèlement une forte opposition de divers députés de la majorité. Rumeurs et contre-rumeurs circulent. N’ayant pu obtenir les voix des deux-tiers des députés et risquant, du coup, faire voler le camp du Président en éclats, l’initiative aurait, dit-on, été abandonnée. Que nenni !, rétorquent d’autres sources, elle continue son petit bonhomme de chemin et ses soutiens ne cessent d’augmenter. Difficile, dans ces conditions, de démêler le vrai du faux.

Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le pays est à un tournant. Des députés irresponsables sont en train de le mener vers des lendemains périlleux. Rarement une initiative n’aura été autant décriée et ses auteurs vilipendés, sur les réseaux sociaux. Comme si les Mauritaniens s’étaient donné le mot d’ordre que, cette fois, ils ne se laisseront pas faire et n’accepteront plus qu’on les prive de leur dernier espoir, qu’enfin ce pays se normalise, grâce à une alternance pacifique. La frustration et l’amertume seront d’autant plus grandes que ce pouvoir tant décrié se maintiendra, de longues années encore.

Si elle aboutissait, l’initiative desdits députés serait-elle la goutte qui fera déborder le vase ? Elle laissera, en tout cas et à coup sûr, des traces. Lorsqu’il essaya, en 2011, de modifier la Constitution sénégalaise, le président Abdoulaye Wade dut faire face à une opposition déterminée. En tête de cortège, ses leaders s’enchainèrent aux grilles de l’Assemblée et ses militants affrontèrent, avec courage, les forces de l’ordre. Les amendements firent ainsi chou blanc, Wade annonçant, le soir même, qu’ils étaient retirés. Mais, chez nous, où en est notre opposition ?

Continuera-t-elle à se contenter de communiqués de dénonciation… jusqu’au jour où il sera trop tard ?

Ahmed Ould Cheikh




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Commentaires (2)

  • bleil (H) 16/01/2019 23:54 X

    AUCUN RESPECT ... sauf celui que nous devons tous à la Mauritanie, Mouawiya Ould Taya et son majordome on fait tellement de mal (des conneries à tour de bras), ont érigé la gazra en valeur morale par ignorance et gavé nos paisibles populations de slogans creux ! ces idiots ont ruiné le pays pour de longues années à venir; toutes les institutions du pays sont en dérive. Les turpitudes des militaires, en matière politique, ne sont pas terminées et loin de là ! le témoin est au passage tenu pour Gazouani, un marabout mystique de bonne foie et de bonne famille mais qui ne risque pas de se départir des sentiers battus des régimes militaires...

  • ahznar (H) 16/01/2019 16:29 X

    Article équilibre bien que le conditionnel utilise soit un peu rationnel. En terme d’indexation il est valide. On retiendra toutefois deux jugements de valeur compris étant le ciment de cet article et qui méritent a la fois une réflexion honnête et objective s’agissant du premier et second paragraphe et du dernier paragraphe. En clair il est bon de rappeler qu’il faut distinguer vitesse et précipitation avant d’émettre un jugement de valeur. La position du Président (sans parler au conditionnel ou au plus que parfait) n’a varie d’un seul iota depuis sa déclaration sur le 3e mandat et les faits lui donnent magnifiquement raison. Reconnaissez lui raison et… du respect pour son depart.