02-11-2019 19:30 - Tinariwen, transfigurer la révolte touarègue

Tinariwen, transfigurer la révolte touarègue

Africultures - Tinariwen marque son retour sur la scène mondiale avec un nouvel album, aux accents sahariens assumés et une maturation dans le discours et dans la pensée du groupe. Instagrist al Ansari raconte les coulisses de la fabrication de l’album Amadjar.

Le délitement de la situation conflictuelle, au Mali inspire au mythique ensemble touareg une négociation permanente avec les aléas de l’insécurité qui ne leur permet plus de vivre et travailler convenablement, chez eux, dans la région de Kidal, au nord-Est du Mali. Les artistes ont fait de cette contrainte un objet de création et même d’évolution de leur art.

En transitant par le grand sud marocain, les Tinariwen sont partis du Sahara nord malien, pour faire revivre, en quelque sorte, l’esprit des caravanes transsahariennes, d’antan. Les moyens de transports ne sont certes plus les mêmes, mais le but du voyage reste inchangé, car c’est toujours une quête profonde qui pousse les hommes vers les profondeurs désertiques, infinies.

« En Mauritanie, à la conquête de l’imaginaire saharien »

À quelques dizaines de kilomètres, à la sortie Est de Nouakchott, sur la route de l’espoir menant vers le Mali, un 4X4, d’un modèle dépassé, mais résistant et adulé par les connaisseurs, cherche un accès incertain voire impossible, à un cordon dunaire apparaissant au lointain.

A un moment, il faut quitter la piste reliée au goudron, pour emprunter un chemin non tracé, de sable parsemé des grosses touffes d’herbes séchées qui font le bonheur des troupeaux de dromadaires, mais empêchant de rouler convenablement en véhicule.

La voiture avance lentement, en tentant de se frayer un passage, presqu’au rythme d’une vieille chamelle assoiffée, à bout de forces et insouciante d’arriver vite au point d’eau. Pourtant, rien ne semble altérer la studieuse patience du légendaire Ibrahim ag Al-Habib, (surnommé Abrayboun), assis à l’avant, pensif, en train de scruter l’horizon lointain.

Lunette noire, l’air grave et marqué, la mine absente et habitée, cheveux éclatés, cigarette, éternellement, au bec, Abrayboun encaisse chaque grande secousse, sans broncher, comme si l’appel du désert était plus fort que tout ; que la récompense, au bout de la route, sera finalement le repos et la tranquillité de l’âme qu’on trouvera, dans la contemplation, loin des Hommes.

Mais, le leader du fameux groupe n’a pas l’impatience de son second. Ce dernier s’appelle Abdallah ag Al-Housseïni, d’allure grand, geste lent et enveloppant, chèche traditionnel ouvert sur un visage angélique : petite barbe soigneusement, toujours bien taillée, yeux clairs et imbibés, regard franc et lointain, sourire spontané et permanent.

Abdallah est la figure historique et intellectuelle, du célèbre groupe touareg, titulaire d’un Grammy Awards, décerné en 2012 pour l’album Tassili.

C’est dans le langage, métaphorique, ou humoristique, que celui qu’on surnomme, également « Catastrophe », en raison de son penchant pour la dérision, excelle, habituellement. L’homme a la très bonne manière et une particularité, qui lui est propre, de vous tenir, aussi longtemps qu’il lui faudra pour théoriser et développer sa pensée, contrairement à son ainée Ibrahim, beaucoup moins bavard et profondément plus timide.

« Franchement, je n’y croyais plus ; je n’étais plus avec vous depuis bien longtemps ! » soupire Abdallah, décrivant son impatience d’arriver, enfin, au point de chute, après un long périple, depuis le Sahara central, via le sud marocain. Leur guide mauritanien n’ayant retrouvé le lieu repéré, quelques semaines, auparavant, qu’au terme d’innombrables détours, hésitations et égarements, poussant quelque peu à bout l’impatience caractéristique de Catastrophe.

Il faut dire, qu’au désert, le vent efface toute trace et la mémoire des hommes, les plus talentueux, n’est jamais infaillible. Mais il restera toujours la légende pour les guider.

Finalement, la voiture s’arrête au bord d’une grande cuvette qui se trouve à la fin d’un grand prolongement dunaire.

Les esprits se décrispent. La satisfaction se lit sur les visages fatigués. La tension baisse radicalement, avec un merveilleux coucher de soleil sur l’erg. Le thé est lancé systématiquement, l’odeur du méchoui, qui grille, envahit déjà les narines. Et au bout de l’aventure, la récompense pour le voyageur méritant.

L’endroit est idyllique. Sable fin, ultra propre, quelques arbustes en guise d’ombre, fraiche, et un cordon dunaire, dessinant un long zigzag en hauteur pour s’ériger en paroi naturelle contre le vent qui souffle, principal ennemi pour la prise de son.

Des vieux tessons de poteries sont éparpillés par dizaines. Ils attirent, spontanément l’attention de l’énigmatique Ibrahim, qui en prend quelques uns, les passant, silencieusement, d’une main à l’autre, plusieurs heures durant.

Et au cours des jours qui ont suivis. Comme pour mieux sentir l’histoire, et imaginer les légendes du lieu. Au Sahara, ces morceaux de terre cuite, qu’on retrouve dans certains endroits, témoignent directement d’une existence humaine antérieure. Elle peut avoir eu lieu il y a des siècles, voire des millénaires, avant notre époque.

Ces lieux sont aussi, le terreau de la matière à inspiration infinie, pour prophètes, philosophes, artistes et poètes, de tous temps. Les musiciens touaregs, s’y sentent « comme à la maison ». Inutile donc, d’entacher la plénitude qui s’y dégage, en s’encombrant d’un superflu.

Le grand camping car qui transporte tout le staff depuis la France a été laissé sur le bord de la route bitumée. Les caisses de matériel essentiel au studio d’enregistrement sont transférées dans d’incessants « va-et-vient », du 4X4 piloté avec adresse par l’intrépide Iyadou ag Leche.

Le bassiste du groupe a fini par tracer un sillon de piste, pour relier le lieu de la résidence artistique à l’axe principal, reliant lui-même Nouakchott à l’excentrée ville de Néma, à 1 200 kilomètres, à l’Est du pays.

La poésie : métaphore de l’existence

La grande tente sise dans le creux, au milieu du camp, fait officie de studio d’enregistrement, guitares, câbles, machines et micros, y sont disposés. Un générateur silencieux alimente le campement, en énergie.

Cependant, en journée, l’excessive chaleur désertique ne permet pas de travailler concrètement. C’est donc sous des petites tentes annexes qu’Ibrahim, Abdallah, Hassan Touhami et les autres membres du groupe passent leurs journées, à boire du thé, à jouer au jeu des dames, à plaisanter, mais encore et surtout à rechercher l’inspiration, afin d’enregistrer leur dernier album.

« Ici, nous sommes sensés faire en quinze jours, ce que d’autres font, ailleurs en plusieurs semaines ou en plusieurs mois », dit Abdallah ag Al-Housseïni, s’arrêtant de gratter, tranquillement, les cordes de sa guitare acoustique dont le merveilleux son accompagnée de la sentimentale et profonde voix du bonhomme, portent au loin, en convoquant l’esprit même de la nostalgie des grands espaces, jadis habités par les hommes, à présent hantés par d’innombrables entités invisibles qui murmurent aux oreilles de l’artiste.

Depuis leur installation, l’air des lieux, a complètement pénétré l’esprit d’Abdallah, pour l’habiter intensément. Sans échanger un mot avec lui, quand vous posez un regard furtif sur l’artiste vous découvrez alors, dans ses yeux un monde fantasque fait de mythes et légendes.

Assis seul, – dans sa tente cloitrée en hauteur -, d’un tempérament calme, présent et attentif à son for intérieur, le compositeur œuvre à mettre en musique un vieux poème. Celui-ci met en scène une histoire du premier étranglement solaire observé dans la vallée de l’Azawagh, en pays touareg, au nord-ouest du Niger.

Le poète dont l’époque n’a pas été spécifiée, dépeint dans son récit, l’attitude des humains, des animaux et du vivant dans sa globalité, comme métaphore d’un cataclysme, comparable au jour du jugement dernier. « Une fin du monde », imaginaire et imagée, résumée, ci-après.

« Peu avant ‘’l’Aziwal’’

Première prière musulmane de l’après midi

L’inquiétante tempête noire venue du nord

Se mêle à la terre avant d’emporter arbres, oiseaux, et tout au ciel

A son zénith, le soleil s’est transformé en un étrange point noir

Les étoiles semblent apparaître en plein jour

Comme s’ils descendent sur terre

Les humains rassemblés

Unis par une frayeur accablante

La tendresse amoureuse n’est pas au goût du jour

Une détresse effroyable se lit sur chaque visage

Certains recroquevillés, redoutent l’apocalypse

D’autres sont résignés

Seuls les plus sages observent sereins,

S’attendant à ce jour marquant la fin, tant attendue… »

Dans cette scène décrivant la genèse d’une éclipse de la vie, il faut noter la particularité, du poète qui en dit long sur le rôle, la fonction même, du narrateur dans la littéraire touarègue, dont la présence d’esprit, si singulière, tient une distance vis à vis de l’objet observé.

L’auteur, bien qu’il se trouva au milieu d’un irréversible chaos, semble imperturbable et choisit, comme poste d’observation, – tel qu’il le narre -, de joncher « sur un remarquable méhari », décrit avec tendresse, comme « la belle, à la beauté remarquablement distinguée », qui accompagne le témoin.

C’est cette figure, même, (mythologique, ardente et soucieuse d’imager le réel, sans altérer l’émotion), du poète qui habite constamment le regard lumineux d’Abdallah ag Al-Housseïni, dont le génie créateur est finalement comparable, à celui de l’immense romancier touareg Libyen, Ibrahim al Koni, considéré comme l’un des plus grands écrivains, de langue arabe, de notre temps.

« Il ne s’agit pas d’écrire un texte lambda, ou de composer à la hâte ; cela est à porter de n’importe qui, n’importe où et n’importe quand. Il faut d’une bonne chanson, qu’elle allie harmonie et esprit, qu’elle reste, aussi longtemps que possible dans les mémoires, voire qu’elle marque l’Histoire et au-delà, sa force doit être susceptible d’interpréter n’importe quelle époque », développe, Abdallah, tellement pointilleux sur la perfection et soucieux du niveau dans la conception artistique.

L’Artiste explique que le type de texte recherché, loin d’être anodin, ne surgit dans l’esprit du créateur, la plus part du temps, que sous la forme d’un songe, voire même d’une illumination. « Et, personne ne sait, à l’avance, de quoi son songe sera-t-il fait, ni quand celui-ci se produira-t-il ! », dit-il, avec une justesse décapante !

La voie de la méditation « est toute » tracée. La patience hardie et la tache ardue. Cette dernière est comparable à « un combat », reconnaît, Catastrophe, pour venir à bout d’un disque à la hauteur de la renommée internationale du groupe.

Abdallah évoque cette recherche permanente, en la projetant, encore une fois, sur des images symboliques : « Les choses importantes, comme la composition d’un texte ne peut se faire dans l’urgence ou dans la précipitation. Il faut y aller par étape. Négocier sans cesse, avec fil, parfois tout fin.

C’est comme en courtisant une belle dame, si vous la brusquez ; oui lui annoncez l’épilogue d’une histoire, avant même que celle-ci n’ait démarrée ; alors vous perdez tout : c’est-à-dire la belle ; sa perte vous fera perdre vos moyens psychiques, moraux et sentimentaux, vos forces en un mot…, alors votre cœur entre en disgrâce, en souffrance…».

L’enjeu pour les Tinariwen repose sur une forme de conciliation médiatrice, semblable à la recherche permanente qu’évoque ag Al-Housseïni. En effet, les artistes sont confrontés à l’incertaine approche qui consiste à penser de nouveaux textes ou encore à arranger d’anciennes poésies, en gardant le sens et la substance de la source touarègue ; tout en rajoutant une note spéciale pour l’oreille éclectique, davantage soucieuse du rythme et du tempo pour le balancement du corps.

Ainsi, ils écrivent puis mettent en musique, parfois au cours des nombreuses palabres journalières. Mais c’est généralement, en solo, que les principaux compositeurs – Ibrahim, Abdallah et Hassan – travaillent chacun de leur côté.

Et au soir venu, la succulente fraîcheur, sous une pleine lune toujours au rendez-vous, adoucit la rudesse caniculaire de la journée. L’atmosphère est idéale, ce sont les moments choisis par l’ensemble du groupe pour passer sous la grande tente « studio-laboratoire », afin de tester le résultat des recherches et procéder, parfois, directement aux enregistrements. « Avec les Tinariwen, ce n’est pas comme avec d’autres artistes, c’est spécial car tout peut venir, tout d’un coup ! » s’exclame Patrick Votan, le manager du groupe, vigilant et attentif à tout.

Au cours de l’une de ces séances studio, lors d’un crépuscule fort et si mémorable, par la diversité, la beauté des couleurs, abritant le ciel et par des tangibles émotions, traversant l’ambiance, les Tinariwen invitent la chanteuse mauritanienne Noura mint Seymali, descendante d’une lignée d’artistes virtuoses, issus du « Pays des mille et un poètes ».

Quand cette diva de la musique maure, donne la réplique, à ses cousins touaregs, (Maures et Touaregs descendent tous, majoritairement des Sinhaja, fondateurs de l’empire Almoravides) du bout de ses immenses doigts fins, c’est pour faire exalter, inlassablement, les voluptueuses sonorités de son hardine (la harpe mauritanienne). À entendre le duo, c’est l’enchantement qui vous pénètre.

Les cœurs sont envoutés, les esprits subjugués et le temps suspendu. Et, ce n’est pas tout, puisque les nuages aussi, se sont arrêtés de leur longue traversée de Nouakchott vers Tombouctou, pour écouter la partition et pleurer de leur joie, au grand bonheur des nomades sahariens.

Transfigurer la révolte : l’évolution du discours

Présentés trop souvent, à tort, de manière obstinée, celle caractéristique d’une méconnaissance profonde – par une certaine critique et quelques spécialistes -, comme étant « les rockers » du Sahara ; les Tinariwen sont simplement les précurseurs d’un mouvement culturel contemporain que les Touaregs – y compris les membres du groupe eux-mêmes – appellent « Guitare n’shoumar » : la guitare des flâneurs (Guitare ‘’ des chômeurs’’ dans une moindre mesure).

Avec le groupe, c’est la poésie traditionnelle touarègue qui est mise en valeur à travers l’usage de la guitare acoustique, l’électrique ayant pris une place, dans un second temps. Cette révolution dans la musique touarègue, s’inscrit en droite ligne des évolutions, aux cours des décennies 70-80, qui ont marqué les musiques arabes et maghrébines, en contact avec le monde global, entrouvert par la période des indépendances post coloniales.

Autant dire que l’image des Tinariwen, en « rockers–bluesmen touaregs », « parachutés en étoiles du ciel saharien », est une pure construction (voire un fantasme) qui ne colle pas aux réalités culturelles et à l’histoire des Touaregs. Quoi qu’il en soit, il est par ailleurs, admis et tolérable que notre monde globalisé, où l’imaginaire s’essouffle et s’appauvrît, ait besoin de cases et de catégorisations. Peut-être pour tenter de garder ses repères vacillants (?).

C’est donc en étant profondément marquée par leur tradition culturelle originelle que les Tinariwen puisent leur source d’inspiration dans le souvenir de leur vie nomade d’antan, afin de proposer une lecture du monde Touareg, à travers la sensible entrée de la poésie.

L’attention du récepteur-auditeur est certainement mieux retenue, probablement plus perméable et davantage sensible au message politique du groupe. Ceci, avec une ouverture d’esprit qui s’aiguise, d’années en années, par le commerce avec autrui et la rencontre du monde extérieur, ainsi que l’exprime ag Al-Housseïni, « Sans l’avoir cherché, au préalable, le monde m’a ouvert les yeux, je suis arrivé à me désincarcérer, complètement, – dois-je dire -, de mes propres préjugés sur l’ensemble du monde touareg, mais également sur le monde, dans sa globalité».

L’empathie avec l’extérieur est certainement une arme efficace, de sensibilisation et de mobilisation, pour les musiciens touaregs par rapport à leur propre cause. Mais, au fond, cette disponibilité (d’esprit) est incontestablement le signe d’une maturation dans la construction du discours, qui ressort des textes du groupe, mais surtout des propos et de la réflexion – très étendue sur le monde touareg mais aussi sur le Monde global – de l’artiste Abdallah ag Al-Housseïni, qui s’impose, incontestablement, comme le leader intellectuel de la pensée de l’ensemble de ce mouvement des poètes-musiciens touaregs contemporains.

Le temps a fait son œuvre et le message est véhiculé davantage avec subtilité et universalité. Pour l’emblématique groupe saharien, l’heure n’est plus seulement à la dénonciation, sans détours, des exactions de l’armée malienne sur les populations civiles touarègues, ou encore à la revendication politique directe, nés des évènements de 1963 et des rébellions postérieures, qui en découlèrent.

En effet, jadis déguisé aux yeux du monde, le sort des Touaregs, est devenu « notoriété publique », par la voix des Tinariwen et d’autres artistes (notamment grâce à l’ensemble féminin Tartit, qui fut le pionnier des groupes Touaregs à porter la voix de ce peuple, à l’international, à partir de 1995, en Europe), grâce la démocratisation des médias, avec l’apparition des réseaux sociaux et vis à vis de la transversalité et globalisation des conflits souvent reliés, d’une manière ou d’une autre, à la question touarègue ou se trouvant à la périphérie de celle-ci.

Les Tinariwen progressent, ainsi, vers une transfiguration de leur révolte. Cette transmutation est marquée par les évolutions dans l’histoire du peuple, dont le groupe est issu. Ce dernier est confronté sans cesse aux adaptations vis à vis des changements d’un monde global, interconnecté, complexe et perpétuellement en mouvement.

Dans leur nouvel album intitulé « Amadjar » (l’hôte en Tamasheq), le groupe nous invite, pour une descente, encore plus en profondeur, dans l’essence même de la culture touarègue, puisée dans ses racines sahariennes.

Le message véhicule la place de choix réservée à cet « Invité naturel », susceptible d’arriver chez vous, n’importe quand ; celui que vous êtes, en tant qu’humain-nomade-saharien-touareg, tenu d’accueillir, de traiter avec les plus grands égards, avec attention et de protéger, tant qu’il souhaitera demeurer sous votre toit.

Jadis – il n’y a encore pas si longtemps – dans la tradition de ce peuple, les nomades – quelque soit leurs moyens et niveau de vie – prenaient un soin, particulier, à mettre de côté des réserves en vivres, spécialement gardées à un hôte (ou aux hôtes), dont l’arrivée ne prévient pas. Un souvenir de Manny Ansar, – le tout premier Manager des Tinariwen et fondateur et président du fameux festival au désert d’Essakane-Tombouctou – illustre cette tradition d’accueil chez les nomades Touaregs :

« Quand nous étions enfants, nous courrions les dunes pour guetter des passants-voyageurs, que nous voudrions rediriger vers le campement ; car nous savions qu’à leur venue là-bas, ce serait le festin et l’occasion de déguster tous les mets qui sont scrupuleusement gardés pour les hôtes de passages ».

Ce titre – Amadjar – est donc un hommage à cette tradition menacée, par l’extinction de la culture et par la décomposition même du peuple touareg, à petit feu. Un peuple, dont l’exil est devenu la principale patrie.

Dans ce nouveau disque des Tinariwen, le désert apparaît comme le théâtre d’un monde qui n’en finit point de nous étonner, de nous surprendre et de nous éveiller par l’inestimable richesse, dont il regorge, combien utile aux cœurs et aux esprits confrontés aux multiples vicissitudes contemporaines. La nostalgie y est révélatrice, pour l’humain de sa propre humanité.

Loin de jouer aux moralisateurs, le groupe nous sensibilise finalement à un message universel, militant pour la sauvegarde d’une culture singulière, millénaire et, in fine, pour la préservation du grand Sahara, patrimoine commun à tous les Hommes, qui qu’ils soient et d’où qu’ils soient.

Intagrist el Ansari
(A Nouakchott)



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Source : Africultures
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