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20-08-2013

06:54

Des accords énergétiques au Mali pourraient renforcer la région du Sahel

La décision prise par le Mali d'accorder des autorisations d'exploration pétrolière à des entreprises internationales dans le Bassin Taoudeni est considérée comme un nouveau signe de stabilité régionale. Le spectre du terrorisme, des trafics et des enlèvements a longtemps hanté le Taoudeni, qui s'étend de la Mauritanie à l'Algérie, et à travers tout le Mali.

Mais au mois de juillet, le gouvernement transitoire malien a donné l'autorisation à des entreprises étrangères d'explorer les terrains en quête d'hydrocarbures dans le Nord du pays.

La firme tchèque New Catalyst Capital Investments s'est engagée à investir 51,7 millions d'euros pour procéder à des prospections dans la partie malienne du Bassin, rapporte l'Agence Ecofin. La compagnie irlandaise Circle Oil PLC consacrera presque 7.7 millions d'euros à ses explorations dans tout le reste de la zone.

Tandis que certains ont jugé cette initiative comme étant un peu hâtive, considérant que les élections présidentielles au Mali n'ont pas encore été établies, d'autres ont affirmé qu'attirer les investisseurs était une étape importante dans la sécurisation de la paix et de la sécurité régionales.

"Le Mali est au centre des attentions des investisseurs des compagnies étrangères depuis un bon moment déjà", déclare à Magharebia le politologue mauritanien Said Ould Habib. "Mais la majorité des entreprises intéressées par la région ont eu peur d'y investir dans le passé pour des raisons de sécurité".

"Peut-être le gouvernement malien a-t-il compris par l'implication de la coalition internationale contre le terrorisme qu'il y avait une opportunité d'attirer l'attention sur cette zone et d'y investir, une fois la sécurité établie et les forces de maintien de la paix, soutenues par l'Occident, descendues sur le terrain", ajoute-t-il.

La région devient également plus stable dans la mesure où les Touaregs tendent dorénavant à passer un accord avec le gouvernement malien, note-t-il.

Une telle convention exigerait que les communautés locales reçoivent leur part dans la gestion des ressources. Les Touaregs pourraient ainsi, par exemple, être embauchés pour surveiller les installations pétrolières, suggère Ould Habib.

"Cela créera un pôle de développement pour les Touaregs, qui pourront profiter de leurs richesses pour assurer la sécurité. Les pays de la région peuvent également en tirer des bénéfices, et en particulier la Mauritanie, l'Algérie et le Niger", ajoute-t-il.

L'analyste Mohamed Ould al-Akel partage le même point de vue, notant que "l'argent peut dissiper les craintes et promouvoir les investissements dans la zone du Bassin Taoudeni, où trois pays du Sahel sont implantés".

"Cela contribuera à leur croissance économique, améliorera les revenus de la population et offrira des opportunités d'emplois aux jeunes", poursuit Al-Ake. "Cela ouvrira également la voie à une plus grande coopération entre le Mali, la Mauritanie, le Niger et l'Algérie, parce que tous ces Etats ont subi les flammes du terrorisme", ajoute-t-il.

Mohamed Ag Ahmadou
, intervenant au nom des jeunes Touaregs réfugiés en Mauritanie, salue l'initiative prise par le Mali comme étant "le premier pas dans la direction qui mènera au développement du Nord".

"Permettre aux entreprises internationales d'investir dans le Nord créera des emplois et poussera la roue du développement dans notre région, en particulier dans la mesure où cette initiative survient au moment où toutes les factions Azawadi ont convenu de renoncer à la violence et au terrorisme", explique Ag Ahmadou.

Selon Kabad Ould Abdelrahman, historien du Maghreb, les Maliens "saisissent l'opportunité de la guerre contre le terrorisme pour construire une économie aidant à diminuer le chaos dans tout le pays."

Le premier test que devra subir le nouveau président malien, indique Ould Abdelrahman, sera la "corrélation entre la sécurité et l'économie".

Par Jemal Oumar à Nouakchott




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