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Présidentielle : candidature et appel à candidatures
Debellahi - A l’occasion de l’inauguration ce 23 avril 2014 d’un projet hospitalier à Nouakchott, le président mauritanien a annoncé sa candidature à sa propre succession. Le collège électoral avait été convoqué par décret, trois jours plus tôt, pour le premier tour d’un scrutin devant avoir lieu le 21 juin prochain.
Depuis un certain temps, on assiste à une prolifération d’appels, d’initiatives, et de pétitions demandant à l’intéressé de rempiler pour un nouveau mandat. Comme s’il avait besoin d’avis favorables, ou attendait des supplications pour se décider.
Mais, les sérails de nos gouvernants ont pris goût au fameux « le peuple le demande », même si notre cher président a constitutionnellement le droit – même le devoir pour certains – de postuler à une seconde magistrature suprême. Sans grande surprise ou long suspense, voilà qui est fait.
Dans la même déclaration, le chef de l’Etat n’a pas manqué de banaliser le blocage et l’interruption du dialogue engagé depuis peu de temps avec deux pôles d’opposition, et pour lequel j’avais pronostiqué l’échec ici. C’est ainsi qu’il a ironisé en assurant qu’il n’avait nullement l’intention, lui en tout cas, de boycotter la prochaine élection qui, dit-il, est ouverte à tous. Autrement dit, avec une opposition boycotteuse ou participationniste la machine est en marche, et tous devraient le comprendre.
Pour le moment, les candidats ne se bousculent pas. A ma connaissance, avant l’annonce de la candidature du président non sortant, seules deux candidatures avaient été annoncées.
La première en date était celle de Birame, patron de l’initiative pour la résurgence abolitionniste (IRA). La seconde ayant été celle de Ibrahima Mokhtar Sarr, président de l’AJD/MR (Alliance pour la justice et la démocratie), parti politique à dominante négro-africaine. Si les deux réunis ne risquent pas de faire ombrage à l’homme au pouvoir, Birame en particulier commet, à mon avis, une erreur monumentale, par sa mutation d’un activiste de renommée mondiale de la défense des droits de l’homme, vers un homme à ambitions politiques déclarées.
D’autres candidats se manifesteront certainement, mais la symbolique de l’absence des ténors de l’opposition dite radicale restera forte. C’est ce qui a amené le site électronique satirique mauritanien Chi Ilouh Vchi (à peu près : ainsi de suite), à imaginer un appel à candidatures, lancé par le président Aziz, pour assurer une « élection inclusive ». Je me suis livré à l’exercice périlleux de vous traduire ledit document, au cas où vous serez tentés par un travail de courte durée, pour faire de la figuration politique.