Cridem

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26-08-2014

07:29

Maurichronique : Mon nom est eau

Adrar Info - Je suis là. Je suis revenue. Je suis l’eau. Pas la précieuse. Mais la pernicieuse. Je reviens pour mettre à nu, pour faire sombrer les allégations et autres petites vanités des pouvoir publics.

Pour noyer leurs bonnes paroles et faire rejaillir leurs immondices. Et les jeter sur eux. Sur leurs tronches, sur leurs murs, leurs bâtisses. Pour salir leurs véhicules. Et pour leur rendre la vie difficile. Et pour leur dire, enfin, qu’ils sont des menteurs.

Qu’il suffit que je laisse tomber une goutte de moi pour que leurs mensonges soient ressuscités. Je suis l’eau, la pernicieuse. Je suis la résurrection des menteries de l’autorité publique mauritanienne.

J’ai entendu votre président et vos prétendument spécialistes de l’eau se targuer des prouesses. Je les ai entendus livrer des contre-vérités à l’opinion. J’ai vu la meute de ministres autour de président acquiescer, applaudir et feindre l’émerveillement du génie militaire. Je suis revenue pour inonder ce génie, les quartiers davantage. Et davantage vos mensonges.

Je suis l’eau. Celle-là, la potable, que vous avez promise aux marginaux assoiffés. Mais, vos promesses ne m’engagent pas. Je manquerai à ces rendez-vous, là. Je suis l’eau, la salée, qui anéantit vos fantasmes fonciers. Qui les rend illusoires et chimériques. Et qui réduit à néants les valeurs foncières. Et les fait fondre dans la boue pestilentielle et immondices de toutes les espèces. Je l’ai vu se délecter d’une victoire certaine. Je suis l’eau.

Et je suis revenue pour lui apprendre sa défaite. Je l’ai même entendu dire des choses et des choses. Des énormités, dites, en période de paix, songeait-il. La saison des euphories. Je suis l’eau et je suis là. Revenue pour dire l’anti-langue de bois. Ma langue, à moi, l’eau, la cruelle, qui ramollit le plus robuste des bois, la plus tenace des langues.

Je suis l’eau, l’anti asphalte de la Mauritanie-Nouvelle. Celle qui ronge les goudrons, fiertés et orgueils des autorités. Qui y siège, en les peuplant de merdes et d’odeurs de toutes les races. C’est mon peuple que je vous renvoie sur la figure chaque jour.

"Pour relever le défi de l’assainissement au niveau de la capitale Nouakchott." C’est l’un des passages de la dépêche de l’agence mauritanienne d’informations. Relever le défi. Je suis l’eau. Je suis revenue. Aujourd’hui, vous savez mieux qui relève quoi et qui ne relève pas. Quelques gouttes et vous êtes au cœur de la merde, et à son bout, aussi.

Encore un passage : "Le Chef de l’Etat s’est aussi enquis de l’état d’avancement de l’évacuation de l’eau de pluie dans la moughataa de Tevragh Zeina où une autre grande mare est évacuée via des canalisations pour ouvrir cette zone et la faire revenir à la normale." Ouvrir cette zone et la faire revenir à la normale. Allez-y, faites un tour, maintenant. Vous sauriez qui est revenue à la normale ? Et qui est revenue. Tout court.

Cette normalité qui s’évanouit, disparaît et meurt quand deux gouttes de moi tombent sur ladite normalité.

Je suis l’eau. Je suis revenue. Revenue pour vous dire que vous avez menti. Et que je reviendrai à chaque fois, pour vous démentir davantage. Je sais que vous croyez pouvoir me retenir. Je veux dire que vos routes me retiennent, en pensant dans leur idiotie de routes de la Mauritanie Nouvelle, qu’elles me retiennent. Alors que c’est moi qui les retiens…

Les retiens de devenir routes. D’oser répondre présentes quand un appel aux routes s’opère. Il y a au moins une chose que vous sauriez retenir. Mon nom. Mon nom est eau.

Mouna Mint Ennass



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