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08-12-2014

09:11

Le Maghreb discute des droits de l'Homme

Magharebia - Le deuxième Forum mondial des droits de l'Homme (FMDH) a réuni cette semaine à Marrakech des militants, des responsables politiques, des professeurs et des étudiants venus de quatre-vingt-quatorze pays.

La présidente de la Fondation tunisienne Chokri Belaid contre la violence faisait partie des quelque cinq mille personnes venues assister à cet événement mondial, qui a refermé ses portes dimanche 30 novembre.

Basma Khalfaoui Belaid, veuve de l'ancien responsable politique tunisien assassiné, a souligné la nécessité de "mobiliser toutes les composantes de la société pour défendre les droits de l'Homme et bâtir un Etat démocratique moderne".

Les Tunisiens sont déterminés à lutter pacifiquement contre toutes les formes de violence, a-t-elle ajouté.

Les participants à ce forum ont reconnu que la promotion des droits de l'Homme aidera à résoudre d'autres problèmes que connaissent la région du Maghreb et la communauté mondiale.

Le représentant spécial de l'Union européenne pour les droits de l'Homme Stavros Lambrinidi a souligné pour sa part le besoin de lutter contre "les forces extrémistes et obscurantistes qui veulent imposer leur loi aux populations et aux personnes les plus vulnérables".

La sensibilisation de l'opinion publique à cette question se renforce, selon le chercheur tunisois Obaid Khlifi.

La société civile "connaît une évolution rapide et significative concernant la création d'associations, de forums et d'instituts de recherche dans les domaines de la démocratie et des droits de l'Homme", a précisé cet universitaire.

Mustapha Manouzi, président du Forum marocain pour la vérité et la justice, a pour sa part rappelé que le Maroc connaît depuis 1999 un mouvement fort en faveur des droits civils.

Le ministre marocain de l'Education Rachid Belmokhtar a souligné quant à lui l'importance de former les enfants dès leur plus jeune âge aux principes des droits de l'Homme, afin d'avoir "une génération montante respectueuse de ces valeurs et assumant pleinement ses droits et devoirs de bons citoyens".

L'éducation nationale a fait de grands progrès en matière de promotion de la culture des droits de l'Homme, par le biais des programmes, des méthodes d'enseignement, des manuels scolaires et de la vie scolaire en général, a-t-il ajouté.

La Mauritanie a récemment lancé une initiative similaire.

En octobre, le ministère de l'Education a lancé un projet destiné à intégrer la culture et les concepts des droits de l'Homme dans les programmes scolaires mauritaniens.

Selon Ali Ould Rafea, de l'université de Nouakchott, "les jeunes ont une vision contemporaine de la manière de traiter les droits de l'Homme, et ils sont peut-être mieux en mesure de comprendre les concepts à intégrer pour les générations actuelles et futures."
Et d'ajouter : "Je pense que les idées religieuses qui prévalent jouent un rôle important dans le problème des droits de l'Homme, comme le manque d'harmonie sociale et le complexe lié à l'acceptation des autres et à la coexistence, ainsi que la poursuite de l'esclavagisme et du racisme".

"C'est la raison pour laquelle nous devrions concentrer notre attention sur ce point par la reformulation des fatwas et des règles religieuses en vigueur, qui ne font que consolider les disparités et les opinions hostiles à l'égard des autres", a ajouté cet universitaire.

Pour Ould Rafea, l'éducation est "la seule façon de combattre le racisme, la culture de l'exclusion et la perception d'une infériorité liée à la race, la couleur, la religion et la culture".

Un sentiment repris en écho par Zeinab Mint Sid Ahmed, étudiante à l'université de Nouakchott.

"L'enseignement de la culture des droits de l'Homme nous permettra de comprendre les particularismes de l'autre", explique-t-elle. "Et cela facilitera une plus grande ouverture d'esprit et l'acceptation des autres."

Par Siham Ali à Rabat, Imrane Binoual à Casablanca et Jemal Oumar à Nouakchott pour Magharebia



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