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24-12-2014

13:10

Communiqué de presse conjoint sur l'arrestation en Angola de milliers de ressortissants africains victimes de graves violations des droits humains

RADDHO - Les forces de l’ordre angolaises procèdent depuis quelques jours à des arrestations et détentions arbitraires, des traitements cruels et inhumains sur plusieurs ressortissants africains.

Tout en condamnant ces graves violations des droits humains des personnes migrantes, nos organisations exhortent les autorités angolaises à faire cesser ces exactions, conformément aux instruments juridiques internationaux et régionaux des droits humains ratifiés par l'État angolais ; et attirent l’attention des États africains dont sont originaires les migrants sur la gravité de la situation.

Les autorités angolaises se sont engagées dans une nouvelle opération de lutte contre l'immigration clandestine qui s'apparente à une véritable traque aux migrants, 3000 personnes ayant été raflées dans les rues de Luanda ces dix derniers jours.

Les ressortissants africains sont violemment arrêtés dans les rues de Luanda, à leurs domiciles ou sur leurs lieux de travail avant d'être transportés vers le centre de rétention de Trinita, à 30 kilomètres de Luanda, et certains rapatriés de force. Là-bas, ils sont détenus dans des conditions cruelles, inhumaines, humiliantes et dégradantes.

Les personnes sont entassées dans des cellules exiguës, sans eau ni nourriture. Certaines femmes enceintes, dont deux originaires du Mali et de la Guinée, ont été contraintes d'accoucher dans la promiscuité de ces lieux. Des actes de torture et d'extorsion de fonds auraient également été rapportés.

Ces violations des droits humains des personnes migrantes sont perpétrées sur fond de stigmatisation et d'attaques répétées à l'encontre des populations immigrées en Angola, et particulièrement des ressortissants ouest-africains. Les arrestations seraient aussi entachées de discrimination à caractère ethnique et religieux car ayant majoritairement ciblé des ressortissants musulmans originaires surtout de la Guinée, la Mauritanie, du Mali et du Sénégal. Des témoignages ont fait état d’encerclement des mosquées par les services de l’immigration le vendredi 19 décembre 2014.

Face à ce constat, nos organisations rappellent aux États leur responsabilité dans le respect du principe d'égalité en dignité et en droits (article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – DUDH) qui impose le respect de tous les droits protégés par la DUDH.

Nos organisations recommandent :

- aux autorités angolaises :

- de mettre immédiatement un terme aux pratiques d’arrestation et de détention arbitraire perpétrées par les forces de sécurité;

- de fermer immédiatement le camps de rétention pour migrants de Trinita où les conditions de vie constituent une violation de la dignité humaine;

- d’élaborer une politique migratoire qui s’inscrive dans le cadre d’un État de droit et dans le respect du droit international.

- aux États africains dont sont originaires les migrants :

- de veiller au respect des droits fondamentaux de leurs ressortissants immigrés en Angola et d’assurer leur défense et protection en cas de violation de ces droits;

- d’exiger des autorités angolaises la libération de leurs ressortissants du camp de Trinita où ils subissent des traitements inhumains et dégradants, ainsi que la condamnation de toutes les pratiques et attitudes xénophobes qui stigmatisent leurs ressortissants.

- À l'Union africaine :

- d’assurer le respect des droits humains et du droit international dans la conduite des politiques migratoires de ses États membres.

Ont signé:

- Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH)

- Associacao justica, Paz e democracia (AJPD)

- Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO)

- Organisation nationale des droits de l'Homme (ONDH)

- Association malienne des droits de l'Homme (AMDH)

- Association mauritanienne des droits de l'Homme (AMDH)

- Association Malienne des Expulsés (AME)

- Amnesty International Mali

- Ligue sénégalaise des Droits humains (LSDH)

- Organisation guinéenne de défense des Droits de l'Homme et du Citoyen (OGDH)

Contacts presse

FIDH : presse@fidh.org

Arthur Manet (Français, anglais, espagnol) - Tél: +33 6 72 28 42 94 (à Paris)

Audrey Couprie (Français, anglais, espagnol) - Tél: +33 6 48 05 91 57 (à Paris)

RADDHO : M. Aboubacry Mbodji - Tél. : +221 77 740 86 83 - Email: mbodjiaboubacry@gmail.com

AMDH : Me Moctar Mariko (président) – Tél : +223 76 42 35 70 – Email: amdh@orangemali.net

AME : Amadou Konaté – Tél : +223 66 67 01 19

AI : Saloum Traoré – Tél : +223 76 74 72 40

Suivez-nous sur Twitter @fidh_africa et sur @AMDHMali

Luanda, Bamako, Conakry, Dakar, Nouakchott, Paris, le 24 décembre 2014



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