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23-04-2015

18:00

Village Harj Cheams : Quand le citoyen reste attaché à une patrie qui le maudit ! [PhotoReportage]

Kiffa Info - 29 années se sont écoulées sur la création du village Harj Chems, relevant de la moughataa de Kankoussa et situé à 134 km au Sud de la ville de Kiffa.

La création du village est intervenue après les périodes de sécheresse qui avaient décimé les troupeaux de bétail détenus par les peuls bergers, qui se sont rassemblés par la suite, dans les environs de l’Oued et construit leurs cases, espérant après leur stabilité, bénéficier de l’Etat la réalisation de certains édifices publics et projets indispensables liés aux exigences de la sédentarisation.

Mais la déception était plutôt forte. Les années se sont succédées les unes après autres, depuis la création de Harj Chems, sans que le village ne jouisse de la moindre attention de la part des autorités.

En effet, les malades bénéficient de leurs premiers soins après un voyage pénible à dos d’âne sur un parcours de 30 km, où opère le plus proche infirmier, dans la localité de Blajmil.

Pour ce qui est de l'école, ils ont perdu tout espoir de voir des salles de classe s’ouvrir dans le village d’où l’obligation, malgré leur extrême pauvreté de louer les services d’un enseignant coranique de la ville de Kiffa. Ils ont demandé par ailleurs, au cours de toute cette longue période, la création d’un forage pour assurer l’accès des habitants à l’eau potable.

Un espoir resté vain pendant les 3 dernières décennies, obligeant également les habitants à s’approvisionner d’un puits de fortune construit en argile, comparable à un marécage, vers lequel, les femmes portent sur leurs têtes les bidons, les ustensiles et les outres pour prendre l’eau, sur un parcours pénible de 400 mètres au minimum.

Pour ce qui est des champs cultivés, leur productivité est devenue très faible pour ces habitants privés de tout barrage et de toute clôture et dont les rares semences plantées sont déterrées et dévorées par les bêtes, les oiseaux et les divers ravageurs.

En dépit de ces conditions pénibles, les habitants du village Harj Chems ont refusé de céder au désespoir, poursuivant, bon gré, mal gré leur culture et leur récolte.

Les jeunes de la localité qui n’ont pas trouvé d’opportunité pour aller à l’école, se sont dispersés dans les villes et les villages, pour exercer le métier de berger moyennant des salaires dérisoires.

Le responsable du village Bango Boubacar dit Mody a évoqué à l’agence Kiffa d’information les divers aspects des souffrances vécues par Harj Chems, qu’il a résumées, en disant qu’ils sont des citoyens privés et oubliés de tout, qu’ils se sont lassés de demander de l’attention de la part des autorités, jetant son courroux sur les élus de la moughataa de Kankoussa, exprimant sa détermination à renoncer à participer à toute élection future, non assortie de garanties assurant le service public minimal à la localité.

M. Boudé, le démuni qui prend en charge plusieurs familles, dit ne pas se souvenir de la moindre intervention de l’Etat faite au profit des habitants de Harj Chems, à part une ou deux opérations de vaccination des enfants.

Des citoyens attachés à une patrie qui n’a sur leur témoigner à ces fils oubliés que les malédictions de la faim, de la maladie, de l'ignorance, de l’enclavement et de l'exclusion et qui restent déterminés à braver leur calvaire autant que pourra.

Malgré l'extrême frustration qu'ils vivent, les habitants de Harj Chems ambitionnent la délivrance chaque fois qu’une lueur d’espoir pointe à l’horizon, dont ce présent reportage réalisé par l’agence Kiffa d’information à laquelle ils ont confié leur situation déplorable.

Traduit de l’Arabe par Cridem




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