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28-05-2015

12:30

Pouvoir/FNDU : Dialogue en Sursis

RMI Biladi - Le dialogue entre le pouvoir et le FNDU n’est pas complètement aux arrêts, mais presque. Les deux parties ne se sont pas parlées depuis plus de deux semaines. Pendant toute cette période, le pôle politique, principale composante de la coalition, peinait à formuler une réponse commune à tous ses membres.

Finalement, un compromis fut trouvé, mais doit être exposé aux autres composantes du FNDU avant d’être présenté au pouvoir. Ce dernier est-il encore disposé à écouter des partenaires aussi exigeants que divisés ?

L’opinion publique ne semble plus très passionné à suivre les informations relatives au feuilleton du dialogue entre le pouvoir et le FNDU qui peine vraiment à démarrer. Annoncé depuis déjà plusieurs, il évolue –ou n’évolue même pas- à la vitesse de la tortue.

Ce constat est d’autant plus réel que le fameux dialogue est toujours à la case départ à cause surtout de l’absence d’une confiance mutuelle entre des partenaires qui ne s’apprécient point et qui ne font rien pour changer la nature de leurs rapports. Et pour éviter la position, peu enviée, de l’empêcheur de tourner en rond, chaque camp multiplie les manœuvres afin de pousser l’autre à ‘’la faute’’. C‘est-à-dire à rompre le premier le contact.

On se souvient que le coup d’envoi de ce dialogue, qui n’est jusqu’ici qu’une partie de poker menteur, est intervenu lors du lancement, l’année dernière, du festival des villes anciennes dans la ville de Chinguetti. A l’époque, le président avait exprimé sa disponibilité à ouvrir un dialogue avec ses opposants. Un appel du pied qui n’a vraiment pas convaincu un FDNU qui a déjà fait sa religion sur l’homme qui, selon lui, n’est tout simplement pas un ‘’partenaire fiable’’.

Pour des raisons qu’on a encore du mal à cerner, le président persiste dans offre du dialogue et revient à la charge en demandant à son premier ministre d’entrer en contact avec le FNDU. Son message est simple : ‘’prêt à discuter tous les dossiers’’. Plus que cela, il envoie une ‘’feuille volante’’, sans signature et sans entête, mais comprend tous les sujets que l’opposition posait tout au long des dernières années.

Toujours méfiante, l’opposition organisée au sein du FNDU se trouve obligée de jouer le jeu et de faire, elle aussi, comme lui. C‘est-à-dire jouer la carte du dialogue. Ou au moins donner l’impression de le faire. Même si différentes n’ont pas la même appréciation du sujet. S’engage alors une période de rencontres entre les deux camps qui n’en finit pas de finir.

Spectre de la division

Comme n’importe quelle coalition, le forum national pour la démocratie et l’Unité est, de par sa composition disparate, très fragile. Il n’est presque en accord que sur un seul et unique point : l’opposition au président Aziz. Ce qui est loin d’être suffisant pour avoir une attitude ou plutôt une lecture commune pour les propositions ou manœuvres qui viennent de l’autre côté.

C’est pourquoi le FNDU prend généralement beaucoup de temps pour répondre aux offres du pouvoir. Ce dernier est conscient de cette faiblesse et ne se prive certainement pas de l’exploiter à son profit.

Le comportement des différentes composantes du FNDU par rapport aux réponses orales à ses doléances apportées par l’ex premier ministre et monsieur côté pouvoir illustre bien cette réalité. Il y avait au sein du FNDU, le RFD, le parti d’Ahmed Ould Daddah, qui a très vite tiré les conclusions et appelé à mettre fin aux contacts avec le pouvoir.

Selon lui, ce que propose le régime ne mérite aucun intérêt de la part du FNDU qui, selon lui, doit tout simplement interrompre tout contact avec le gouvernement et mettre terme définitivement à ce qui n’est autre qu’une mascarade. Presque même son de cloche chez le parti Tawassoul avec une nuance. La formation de Ould Mansour parle d’une offre ou réponse ‘’insuffisante’’.

Ce parti, qui possède un bon paquet de maires et de députés, n’a objectivement aucun intérêt particulier dans le succès du dialogue entre le pouvoir et l’opposition pour la simple et bonne raison qu’il risque de perdre une position politique pour le moins confortable : leader de l’institution de l’opposition démocratique.

Autre parti du FNDU qui a une autre lecture de la situation : l’UFP de Mohamed Ould Mouloud. Ce parti est par essence sensible à toute offre du dialogue qui, selon lui, est la meilleure voie de sortie pour le pays de la crise politique qui couve depuis quelques années et qui risque de le précipiter dans l’instabilité. Et même si ses dirigeants multiplient les déclarations sur l’intérêt qu’ils portent à l’unité du FNDU, ils ont une appréciation pas très négative des réponses du pouvoir.

A côté des formations politiques en vue du FNDU, il y a dix partis politiques membres de la coalition qui, sans avoir une position radicale avec ou contre le pouvoir, œuvrent pour l’unité de la coalition. Et travaillent à arrondir, comme on dit, les angles.

Au moins pour cette fois-ci le FNDU a trouvé la parade en décidant d’envoyer un message commun au pouvoir : réponses insuffisantes qui doivent en plus lui parvenir par écrit. La même commission est reconduite pour apporter ce constat chez leurs partenaires au sein du pouvoir. Avant cela, le président du pôle politique, Mahfoud Ould Bettah, doit trouver le consentement des autres pôles du FNDU. Une démarche qui n’a pas pris trop de temps.

Qu’est-ce pense le pouvoir de tout cela ? Est-ce qu’il a toujours les mêmes dispositions pour le dialogue ? Il semble qu’il demeure toujours ouvert au dialogue. D’ailleurs sa commission chargé du dialogue s’est rencontré, lundi, avec ses vis-à-vis de l’opposition. Elle a entendu leurs nouvelles doléances.

Sans les rejeter, elle leur a demandé des les faire parvenir à elle par écrit. Une manière habile de renvoyer la balle dans le camp de l’opposition, mais qui n’augure pas d’un avenir positif pour le dialogue.

Mohamed Mahmoud Ould Targui



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