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04-10-2015

21:15

De nouvelles atteintes à la liberté d'expression en Mauritanie

DuneVoices - En Mauritanie, la liberté d'expression est confrontée à une nouvelle vague de menaces, bien qu'en matière de liberté de la presse, le pays soit classé deuxième en 2015 à l'échelle des pays arabes, selon l'organisation "Reporters sans Frontières".

Et, malgré les progrès considérables réalisés par la Mauritanie dans le domaine des libertés de la presse et d'expression en général, toujours selon cette organisation mondiale, des avertissements et des arrestations frappent encore nombre de journalistes et de médias.

La dernière intimidation en date est la suspension d'un programme radiophonique de la radio "Sahara Média", ce qui constitue, selon le rapport du Syndicat des Journalistes Mauritanien, un nouvel épisode du feuilleton des restrictions des libertés.

Zaed Mohamed, présentateur de "Sahara Talk", l'émission radiophonique suspendue le 17 septembre 2015, affirme: "la liberté d'expression en Mauritanie est une mise en scène et les arguments des Hapa ne sont pas fondés et sont à la limite ridicules".

Les Hautes Autorités de la Presse et de l'Audiovisuel justifient la décision de suspendre l'émission "Sahara Talk" par le fait qu'"elle comporte de nombreuses infractions dont des atteintes à l'union nationale, à la solidarité et à la paix sociales, ainsi que des incitations à la violences".

Au nom de l'atteinte à l'ordre public et aux exigences du cahier des charges, les Hapa avaient d'ailleurs accusé au mois d'août dernier certains journalistes de rapporter, sans vérification ni authentification, toutes les informations qu'ils recueillent et de lancer des accusations gratuites aux gens.

Par ailleurs, le conseil d'administration des Hapa a condamné l'atteinte portée à la personne du président mauritanien Mohamed Weld Abdelaziz et aux membres de sa famille qui n'ont pas été épargnés de ces dépassements nuisibles aux intérêts suprêmes de la nation.

Des activistes, des forces politiques et des partis de l'opposition dénoncent ce sûils qualifient de "nouvelle vague d'oppression pratiquée à l'encontre de la liberté d'expression en Mauritanie par le gouvernement à travers l'appareil des Hautes Autorités de la Presse et de l'Audiovisuel, HAPA.

Le parti opposant de l'Union des Forces Progressistes considère l'alerte donnée par la radio "Sahara Média" et la suspension de l'émission "Sahara Talk" comme une grave première qui reflète l'absence de sérieux chez les autorités en matière de libération du secteur audiovisuel, ainsi que leur obstination à vouloir ramener le pays vers le bâillonnement de l'expression et de l'opinion.

D'un autre côté, des observateurs, des activistes politiques et des militants de la société civile insistent sur les répercussions négatives sur le citoyen mauritanien ordinaire de cette vague d'atteintes que connaît en ce moment la liberté d'expression en Mauritanie et de ce que cela induit comme dégradation des droits juridiques et civils dans le pays.

Mohamed El Mokhtar Weld Mohamed Fel, journaliste et activiste politique, pense que "la vague de restrictions et de marginalisation systématique du secteur audiovisuel est le signe d'une nouvelle manigance politique qui se trame au Palais Gris".

"Puisque le Système, poursuit-il, compte prendre des mesures concernant la mission constitutionnel et le mode de gouvernance, il entend liquider tous ses adversaires, y compris les médias libres, en réprimant matériellement la presse et en ordonnant de suspendre les versements qui lui reviennent de droit".

Le militant des droits de l'homme et dirigeant au sein du mouvement opposant du 25 février, Mohamed Abdou, considère que la prospérité médiatique tant vantée par les instances internationales est la résultante du grand développement des technologies d'information et de communication, ainsi que de l'expansion du réseau Internet, à tel point qu'il devient difficile de contraindre ou de limiter la liberté d'expression.

" Malgré le fait que la Mauritanie soit classée deuxième en 2015 à l'échelle des pays arabes en matière de liberté de la presse, le droit d'accès à l'information demeure interdit aux médias, aux partis politiques et aux instances de la société civile", conclut Abdou.



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