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20-03-2016

18:16

BERGEFS Consulting organise une conférence-débat sur l’Autonomisation des femmes

Essirage - Le Bureau d'Etudes et de Recherches sur le Genre, l'Education et les Faits de Sociétés (BERGEFS Consulting) a organisé vendredi 18 mars 16, dans ses locaux à Tevragh zeina, à côté de l'ancienne clinique Kissi, une conférence-débat dans le cadre des festivités commémorant le 8 mars.

Il faut noter que le bureau BERGEFS Consulting avait choisi comme thème de cette activité «L’Autonomisation des femmes, un moyen de lutte contre la négligence et ses conséquences? ».

Modérée par Bilal Ould HAMZA professeur de sociologie, la conférence a été marquée par différentes interventions à travers Madame Baye Tidiane DIAGANA, chercheure et consultante, Madame Aicha Mint MOUHAYMIDE première conductrice de taxi en Mauritanie, l’écrivaine-chroniqueuse Madame Meriem Mint Derwich et Madame Maro Hadya DIAGANA, cheffe d’entreprises.

Dans sa communication, Madame Baye Tidiane DIAGANA a soulevé plusieurs formes de violences que sont : les violences physiques, les violences sexuelles, les violences verbales et la négligence. Elle a également ajouté que «toutes ces violences ont des répercutions psychologiques»

Abordant le terme de la négligence, la directrice du centre BERGEFS a précisé que « La négligence est une forme de violence qui n’est pas souvent évoquée contrairement aux trois autres formes de violences.»

Madame Baye, qui est aussi consultante a précisé que de nombreuses femmes mariées ou divorcées sont victimes de la négligence car étant abandonnées avec leurs enfants par leurs époux ou ex-maris.

« Les hommes abandonnent leur femmes, souvent sans emploi et en plus d’une absence de prise en charge de leurs enfants nombreux » affirme t-elle.

Traitant son thème sous un angle sociologique et juridique, la consultante a souligné que le cadre législatif (code du statut personnel et code pénal) protège la femme en obligeant au mari de la prendre en charge ainsi que ces enfants, durant la viduité, l’allaitement, la garde (prise en charge des enfants), etc.

«Mais ce qu’il faut malheureusement retenir, c’est que les textes diffèrent de la réalité. Les femmes et leurs enfants abandonnés n’ont pas tous accès à la justice afin d’être assistés comme il se doit» a-t-elle déploré.

La chercheure a aussi souligné que les hommes peuvent aussi être victimes de la négligence. «Certains hommes peuvent dire que le fait que leurs femmes travaillent fait qu’eux et leurs enfants soient négligés. Néanmoins, il faut retenir que les femmes en sont beaucoup plus victimes.» a-t-elle conclus.

Conductrice de taxi depuis 2007, Madame Aicha Mint MOUHAYMIDE a beaucoup ému l’auditoire par sa courageuse expérience. Un taxi qu’elle a gagné grâce à ses efforts personnels et sa propre sueur. La « taxi-women », qui est la deuxième à s’exprimer devant l’auditoire a expliqué les dangers qu’elle rencontre chaque jour et les méthodes qu’elle utilise pour faire échouer ces tentatives malsaines.

Parlant de l’autonomisation des femmes, Madame Aicha a exhorté les femmes à travailler pour vivre dignement au lieu de continuer à pleurnicher sur leur sort ou de dépendre des hommes qui peuvent à tout moment abandonner le foyer conjugal et les enfants pour convoiter une autre plus jeune.

«Il n’y a pas de métier honteux sauf le mal. En plus de mon métier de chauffeure, je vends aussi du charbon. J’achète en quantité pour revendre dans des sachets ensuite je les dépose dans certains points de ventes comme les boutiques. C’est grâce à ça que j’arrive à régler mes problèmes quotidiens et à entretenir ma famille ainsi que la scolarité de mes enfants » à expliqué Madame Aicha.

Madame Maro Hadya DIAGANA ( 30 ans) peut être présentée comme un modèle de jeune femme ayant comme l’entreprenariat dans la peau. Elle est la présidente du groupe Hadiya, qui est composé de Cabinet de Consulting et de Formation en Entreprise (CCFE) ainsi que d’autres structures spécialisées dans l’aménagement et la décoration intérieure. Elle est également directrice de Mauritanian Business Center (MBC), qui est beaucoup sollicité.

La jeune entrepreneure qui s’exprimait devant une assistance de femmes a affirmé qu’elle a beaucoup peiné pour en arrivé là. Et que malgré que son père fût très riche, elle a cheminé toute seule pour réussir son entreprise.

Pour elle, il faut que les femmes croient en elles mêmes et qu’elles fournissent des efforts pour réussir l’autonomisation financière. « Pour cela il faut mettre en place une stratégie pour être indépendante » a- t-elle ajouté.

La directrice de Mauritanian Business Center a conclu en disant que «une femme doit se respecter et une femme qui veut qu’on la respecte doit d’abord être autonome. Que l’homme sache que si il n’est pas là elle a la possibilité de gérer sa vie ».

L’intervention de l’écrivaine-chroniqueuse Madame Meriem Mint Derwich a marqué la salle. Mint Derwich qui haranguait les femmes, n’a pas mâché ses mots en parlant de la condition et de la stigmatisation de la femme. Meriem Mint Derwich a souligné que beaucoup de femmes subissent des souffrances intérieurement même si elles ne le manifestent pas.

Répondant à une question sur la polygamie la chroniqueuse a déclaré qu’elle ne pense pas que ça soit une solution pour le célibat des femmes. «C’est difficile d’être femme en polygamie. C’est une bataille perpétuelle. Les femmes passent tous leur vie à faire de la concurrence dans leur foyer à travers la polygamie» a-t-elle précisé.

Mint Derwich pense que pour s’autonomiser il faut des canaux, des aides et surtout l’accès aux microcrédits. Il faut que les tribunaux fassent appliquer le droit, il faut que les religieux jouent leur rôle conféré.

Mint Derwich a souligné que « il faut qu’on cesse de dire l’islam à fait, l’islam a dit. Car l’islam a déjà libéré la femme, mais on sait très bien que les hommes font ceux qu’ils veulent de la religion. Ils l’appliquent, il la tournent comme ils veulent et quand ils veulent ».

Elle a indiqué que si dans une république islamique de Mauritanie on appliquait juste le droit, on aurait dépassé tous les problèmes, on n’aurait pas de débat sur la pédophilie, ni sur la polygamie, ni sur celle des femmes abandonnées par leur mari. »

Mint Derwich a exhorté les autorités religieuses à accomplir leur devoir en rappelant aux gens que «l’excision ce n’est pas juste. Que frapper sa femme ce n’est pas juste. Abandonner la mère de ses enfants dans la rue sans soins, ce n’est pas juste »

La conférence a également été enrichie par les interventions des participantes. Certaines on demandé qu’une prise en charge sociale soit introduire pour accompagné des femmes comme aicha, qui peut être handicapé dans son travail par une malade ou celle de ses enfants.

le BERGEFS Consulting est une structure polyvalente crée en 2014 et ayant pour mission de mener des réflexions, des études et des recherches qui portent sur diverses thématiques sociales migratoires, sanitaires, culturelles, linguistiques, identitaires, publiques, territoriales, politiques, genre éducation.

OAM



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