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12-05-2016

16:00

Sacre de Beyrouk, succès de la littérature mauritanienne

Le Quotidien de Nouakchott - La littérature mauritanienne francophone est sous les feux de la rampe. Et pour cause, notre compatriote Mbareck Ould Beyrouk vient de remporter haut la main le « Prix Kourouma », décerné chaque année depuis 2004 à un auteur africain dans la cadre du Salon du Livre et de la Presse francophone de Genève.

A voir la liste des noms des précédents lauréats, nous ne pourrions être qu’admiratifs, et en cela le succès de Beyrouk mériterait d’être salué et apprécié à sa juste valeur.

Avant lui, ce furent en effet des auteurs tels que Tanella Boni, Sami Tchak, Nimrod, Emmanuel Dongala, Scholastique Mukasonga, Kossi Efoui, Tierno Monénembo… tous, aujourd’hui, bien installés dans le solide et douillet fauteuil de la République continentale des Lettres, si ce n’est dans la Littérature-monde, concept si cher à cet autre digne fils de la littérature africaine, Alain Mabanckou qui vient d’être nommé titulaire de la chaire annuelle de Création artistique au Collège de France.

La récompense de Beyrouk n’est pas qu’un succès individuel ; elle vient mettre du baume au cœur de toute une génération d’auteurs et chercheurs mauritaniens qui ont toujours cru à la qualité et à la vitalité de la littérature mauritanienne de langue française en sacrifiant parfois sur l’autel du militantisme littéraire national des vocations.

Cette consécration vient donc légitimer une littérature qui se débat depuis un demi-siècle dans le difficile mais ô combien exaltant combat de la reconnaissance que des esprits bien pensants lui dénient. Oui, nous le savons depuis Hegel : « Rien de grand ne s'est jamais accompli dans le monde sans passion ».

C’est cette même passion qui a poussé et permis à Beyrouk de hisser haut et fort l’étendard du « pays du million des poètes » et de porter sur les fonts baptismaux une littérature certes peu connue, mais dynamique, qui va incommensurablement son petit bonhomme de chemin, sans tambour ( de larmes) ni trompette.

Au-delà de la modeste personne de notre ami Mbareck, ce prix vient surtout confirmer tout le bien que de nombreux critiques pensent depuis quelques années de la littérature mauritanienne de langue française comme en témoignent les thèses de doctorat et mémoires de master qui lui sont consacrés ; les colloques scientifiques internationaux et les numéros de revues spécialisées qui lui sont dédiés et surtout l’acceptation et l’appropriation de son enseignement dans nos amphis…

Qui oserait encore se demander si « elle tourne » la littérature (terre) mauritanienne ? Et pourtant … En dédiant son prix à la Mauritanie, Beyrouk avait sans doute également une pensée pieuse pour tous ses aînés qui ont su semer avec dextérité les graines de cette littérature et l’ont arrosée avec l’encre aigre-douce de leurs plumes. Le sacre de Mbarcek n’est-il pas le succès posthume d’Oumar Bâ, de Tène Youssouf Guèye, de Habib Ould Mahfoudh ou d’Ousmane Moussa Diagana ?

Heureux Beyrouk qui a échappé aux éloges post-mortem et autres requiem anachroniques. Il est vraiment regrettable d’attendre qu’ils soient « sous la terre, fantômes sans os » pour célébrer nos talents et de ne reconnaitre leur génie créateur que si l’enthousiasme et l’émerveillement provenaient d’ailleurs, de chez ceux qui ne sont imprégnés de nos poétiques plurielles et de notre esthétique singulière que de façon factuelle.

Evidemment, c’est sans attendre une quelconque légitimation fût-ce internationale, que nous avions salué déjà son premier roman : Et le Ciel a oublié de pleuvoir en l’étudiant concomitamment avec La Légende du Wagadu vue par Sia yatabéré de Moussa Diagana, cet autre auteur lauréat mauritanien. Comme si « les beaux esprits se » rencontraient !

M’bouh Seta Diagana



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