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26-05-2016

09:54

Chambre de commerce : une commission spéciale transitoire pour les prochaines élections ?

Sid Selim - Après le feuilleton de l’Union Nationale du Patronat Mauritanien (UNPM) qui a défrayé la chronique il y a deux mois, c’est probablement la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie (CCIAM) qui fera parler d’elle les semaines ou mois à venir.

En effet, le second mandat du président sortant arrive à terme le 3 octobre prochain dans une conjoncture où les milieux économiques cherchent à s’affranchir de l’ombre titulaire étatique.

Ainsi donc, dans l'attente de l'organisation des élections devant aboutir à l'installation de la nouvelle Assemblée Consulaire, le Gouvernement mauritanien devrait, à travers le Ministère du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme, mettre en place une commission spéciale transitoire pour les prochaines élections et engager, si nécessaire, certaines réformes au sein de la CCIAM.

C’est en tout cas la démarche qui a fait ses preuves aussi bien au Mali qu’au Bénin où deux nouveaux présidents de chambres consulaires ont été élus fin 2015 ; tous deux d’ailleurs issus de cette même commission spéciale transitoire.

Acteur et analyste de la scène économique, ma contribution devrait initialement se limiter à cette information, toutefois, les dernières évolutions au sein de cette institution consulaire m’ont interpellé, notamment des initiatives inopportunes relatives au management de la Chambre de commerce.

Mauvais timing pour un organigramme

Après quasiment quatorze (14) années de « navigation à vue » pour reprendre un vocable déjà utilisé par d’autres intervenants, il semble que la Chambre de commerce s’est décidée de sortir de son hibernation, à recruter du personnel et à élaborer un pseudo-organigramme. Un mea-culpa qui donne raison à ses détracteurs et qui constitue une sorte d’épine plantée, par anticipation, dans le pied du prochain Président de la CCIAM.

En effet, à quatre (4) mois de la fin de ce second mandat, est-ce vraiment judicieux d’entreprendre de telles initiatives ? Pourquoi limiter les marges de manœuvre du prochain Bureau Exécutif en l’encombrant avec du personnel ? Est-ce urgent d’élaborer un organigramme tout en faisant fi de la vision et la stratégie du futur président ? Quels sont les mobiles qui se cachent dernière ce soudain volontarisme…?

Les réponses à ces questions ne sont pas très difficiles à trouver lorsque la personne la plus engagée dans cette entreprise messianique ne s’en cache pas ! Il ne s’agit d’autre que du deuxième responsable de la Chambre de commerce qui répète à qui veut l’entendre que l’organigramme est un impératif dicté par le fameux projet Compagnonnage consulaire.

La Rochefoucauld disait « Nous aurions honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent » ; un adage qui nous paraît tout à fait de circonstance…et pour cause !

Genèse du Projet Compagnonnage Consulaire

Les documents et échanges originaux dont nous disposons et qui seront mis à la disposition des membres du Bureau Exécutif de la CCIAM montrent que le Responsable incriminé n’a joué qu’un rôle de strapontin dans le cadre de ce projet, c.-à-d. deux fois rien. Il ne peut donc se prévaloir d’aucun mérite dans l’aboutissement du projet Compagnonnage Consulaire dont il ne maîtrisait ni les tenants ni les aboutissants.

En effet, c’est grâce à l’abnégation et la ténacité d’un ex-cadre la CCIAM que ce projet a été validé puisque c’est lui qui en a intégralement rédigé la requête. Un document de sept (7) pages pour répondre à trois questions relatives à trois thèmes : management, formation et services dédiés aux entreprises.

Il a, dans une première étape, fait un diagnostic de l’existant au sein de la Chambre de commerce pour ensuite mettre en exergue la vision de la CCIAM dans une logique d’appropriation de ce projet.

Ceux qui ont des notions en Propriété Intellectuelle savent pertinemment qu’il faut être dénué de scrupules et de préjugés moraux pour violer le droit moral inaliénable qui donne à tout auteur le droit de revendiquer la paternité de son travail. Malheureusement, à la CCIAM, on privilégie souvent la médiocrité sur la compétence. Un sabotage institutionnalisé dans la bureaucratie ambiante de ce pays. Chamfort disait que « l’ambition est impitoyable : tout mérite qui ne la sert pas est méprisable à ses yeux. »

Ainsi donc, lié l’urgence d’un organigramme au Projet Compagnonnage Consulaire n’est qu’un leurre pour tromper la vigilance des membres du Bureau Exécutif qui se rappellent très bien que les plans d’action antérieurs de la CCIAM prévoyaient déjà un organigramme beaucoup plus élaboré mais qui a été reporté aux calendes grecques pendant quatorze longues années.

Alors pourquoi ce soudain engouement pour un organigramme ? N’est-il pas intellectuellement plus honnête de laisser au prochain Président l’opportunité de créer son propre organigramme…choisir sa propre équipe, dans quatre (4) petits mois ?

Les enjeux du prochain mandat

Une Chambre consulaire résolument tourné vers l’avenir tout en privilégiant l’aspect marketing plus que l’institutionnel, une Assemblée Générale bien représentative, un Bureau Exécutif renforcé, un Président/entrepreneur, un Secrétaire Général ayant des références académiques et une nouvelle approche en matière d’adhésion à la Chambre de commerce. Se sont là les véritables enjeux de cette nouvelle mandature qui devrait être marquée par le sceau du changement.

Il va sans dire que pour créer une nouvelle dynamique, il est impératif d’apporter du sang neuf au niveau du commandement de la CCIAM. Déjà, le récent passage salvateur de l’Inspection Générale de l’Etat à la Chambre de commerce a mis à nu certaines pratiques ésotériques qui corroborent la nécessité impérieuse du changement du mode de gestion de cette structure publique.

S’agissant de la transparence des élections pour le renouvellement des instances statutaires de la Chambre consulaire, il est primordial de juguler les vagues d’adhésion de dernières minutes qui peuvent changer la donne en fonction des intérêts du généreux mécène. D’où le bien fondé de la mise en place de cette commission spéciale transitoire qui a fait ses preuves dans les pays riverains et dans d’autres zones africaines.

Il est également important et même vital d’exploiter l’apport des cadres permanents de la Chambre de commerce qui ont fait leurs armes sur le terrain, et qui sont, jusqu’ici, largement mis hors des centres de décisions, si bien que les décideurs de la CCIAM ne font que tourner en rond.

A quatre (4) mois de la fin de ce second mandat, je ne ferai aucun bilan puisque d’autres analystes se sont déjà chargés de le faire, à tort ou à raison. Tout de même, je m’insurge contre le comportement de (X) qui est en train de mener la Chambre de commerce vers un chemin de travers.

A leur tour, les cadres permanents de la CCIAM ne doivent plus accepter de subir stoïquement les manipulations de leur supérieur hiérarchique et être payés en monnaie de singe pendant que ce dernier fait des chassés croisés à travers le monde.

Quoi qu’il en soit, le dernier mot revient au Bureau Exécutif de la CCIAM, qui, à l’instar de ses homologues du Mali et du Bénin, devrait s’approprier pleinement ses attributions statutaires et miser sur la carte gagnante de la Commission Spéciale Transitoire pour organiser des élections paisibles et dans les règles de l’art. C’est, à mon avis, la solution la plus intelligente pour sortir de l’ornière.

Dans tous les cas, aujourd’hui, les masques sont tombés, et il ne reste plus que les potions amères de la vérité qui devra être garantie par les plus hautes autorités de ce pays, et qui savent réagir promptement…quand il le faut.

Sid Selim
Sid.selim@yahoo.fr









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