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03-08-2016

03:39

Initiative de Transparence : La Pêche peut elle faire mieux que les Mines ?

Baliou Coulibaly - Le 3 février 2016, la Mauritanie a lancé lors d’un sommet international le processus d’intégration des ressources halieutiques dans l’initiative de Transparence des Industries Extractives communément appelée, FITI :

D’après les services publics, cette initiative marque la volonté des pouvoir publics Mauritaniens d’élargir la transparence aux ressources halieutiques. Elle vient compléter les efforts de l’état dans la promotion d’une gestion transparente et responsable des ressources naturelles de grande envergure comme l’eau, la forêt ou la pêche selon les pays.

Certes, si la publication régulière des rapports de conciliation des paiement entre l’état et les compagnies constitue une avancée pour une meilleure transparence, mais cet exercice de publication mécanique des chiffres des revenus n’arrive pas à se refléter dans l’amélioration des conditions de vie des population et particulièrement dans le panier de la ménagère, loin s’en faut.

Bien que l’odeur du poisson, frais ou transformé, sente plus que le fer ou le pétrole beaucoup de mauritaniens ne se font plus d’illusion. Ils pensent que les revenus tirés du poisson vont aussi passer inaperçu.

Présentement, le dispositif institutionnel du comité ITIE, n’intègrent pas expressément les communautés. Force est de reconnaitre que le déficit de légitimité ; la prégnance du politique des élus locaux et la forte reproduction des hiérarchies sociales rendent difficiles ces possibilités. Mais la Mauritanie, est aujourd’hui l’un des rares pays riche en ressources ou n’existe pas des études stratégiques qui prennent en compte les interactions durables entre les différents secteurs socio-économiques d’un pays ou d’une région donnée. Mêmes les études d’impacts environnementales et sociales qui sont diligentées pour justifier l’activité des entreprises, sont très souvent biaisées et faites sans implication réelle des communautés riveraines.

En Mauritanie, plusieurs fois des communautés se sont mobilisées ces dernières années pour se plaindre des externalités des industries extractives aussi bien sur le littoral qu’à Akjoujt avec la récurrence de maladies récurrentes et à Zouérate avec la silicose non reconnue comme maladie professionnelle. Comparée au secteur minier, le secteur halieutique constitue un grand pourvoyeur d’emploi et de régulateur social dans les communautés côtières des Imraguens et des Walo Walos.

Le lancement de la mise en œuvre du FITI doit être une occasion pour réparer cette lacune. Aussi sera t- il indispensable que les pécheurs artisans et les femmes vendeuses et transformatrices de poisson soient représentées au sein du comité de FITI qui sera mis en place. La complexité du secteur ne doit être un prétexte pour exclure ces acteurs de base qui vivent toutes les difficultés du secteur : la surpêche, la forte concurrence dans les zones de pêche, la rareté des ressources, le déficit des infrastructures, l’absence de mécanismes de financement du secteur, autant de champs de plaidoyer que les pécheurs et les GIES de femmes peuvent et doivent porter en alliance avec les organisations de la société civile.

Malal Dada



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