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06-01-2017

13:54

Les Nations Unies s'engagent à libérer le blogueur mauritanien Ould M'Kheitir

Pressenza - La Société pour les Peuples Menacés (SPM), qui prend fait et cause pour les communautés autochtones et les minorités afin qu'elles puissent se faire entendre, est tournée vers Zeid Ra'ad Al Hussein, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, afin de s’engager, à ses côtés, dans la libération du blogueur Mohamed Cheikh Ould M'Kheitir, condamné à mort en Mauritanie pour apostasie.

Le sort présentement réservé à l’auteur du blasphème contre le Prophète Paix et Salut sur Lui (PSL), dans son propre pays la Mauritanie, ressemble étrangement à celui du blogueur saoudien Raif Badawi, dont le cas a bénéficié d’un vaste élan à l’échelle mondiale, à la différence de l’affaire de Ould M’Kheitir, condamné à mort, qui passe inaperçue.

Agé de 34 ans, Mohamed Ould Cheikh M'Kheitir est accusé d'avoir abandonné l'Islam, en dénonçant dans un article la discrimination et l'injustice sociale qui prévalent dans son pays. Il a été arrêté le 2 Janvier 2014 suite à sa publication en arabe sur facebook de son article intitulé «la religion, la religiosité et les forgerons ».

Jugé en décembre 2014, il a été condamné à mort pour apostasie. La sentence a été confirmée par la Cour d'appel.

Dans son article, le blogueur a critiqué le système rigide des castes de la société mauritanienne et en particulier la marginalisation des forgerons. Discrimination, écrit M'Kheitir, non imposée par Dieu, mais l'homme. Pour M'Kheitir la religion ne peut pas être utilisée pour justifier la discrimination faite par l'homme contre d'autres hommes.

Au cours de ses différents procès, Ould M’Kheitir a catégoriquement démenti avoir porté atteinte à la sacralité du Prophète Mohamed PSL, affirmant avoir seulement attiré l'attention sur la situation sociale en Mauritanie.

M'Kheitir est personnellement issu de cette caste (forgerons) qui s’estime victime de discrimination, mais qui a eu la chance d'avoir un père, devenu préfet. Une situation professionnelle, qui selon Mohamed Cheikh, lui a permis de ne pas vivre les mêmes souffrances et calvaires que les autres membres de son groupe social.

Le père de Ould M’Kheitir a par ailleurs, perdu ses fonctions à la suite de la condamnation de son fils, mais surtout, en raison des nombreuses menaces de mort, obligé de se retirer de la vie publique et de s’entourer de beaucoup de discrétion, avant de fuir en décembre 2016 au Sénégal et de demander l’asile en France.

Le prochain procès de Mohamed Cheikh est prévu le 21 Janvier courant. Une reprise judiciaire qui se prépare au milieu d’une série de manifestations organisées en Mauritanie, demandant l’exécution de Ould M’Kheitir.

Les islamistes sont parvenus, dans la foulée de cet élan populaire, à faire sortir des milliers de personnes dans les rues pour exiger l’application immédiate de la peine de mort contre M'Kheitir. Le célèbre poète mauritanien Douh Ould Beyrouck a même annoncé, qu’en cas d'acquittement, il tuera en personne Ould M'Kheitir.

Si la Cour suprême confirmerait le verdict, ce sera la première fois, qu’un cas d'apostasie fasse l’objet d’une exécution dans un pays africain. Ce sera aussi, la première fois en Mauritanie, depuis 30 ans (1987), que la peine capitale est appliquée sur un condamné.

Göttingen 5 Janvier, 2017

Traduit de l’italien par Cridem



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