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19-02-2017

17:45

Déception au Guidimakha du fait qu’aucune localité soninké ou pulaar ne soit ciblée par la caravane de sensibilisation sur les droits des personnes affectées par les séquelles de l’esclavage

AMDH - Les locaux de la wilaya du Guidimakha ont servi de cadre ce samedi 18 février 2017 au lancement de la caravane de sensibilisation sur les droits des personnes affectées par les séquelles de l’esclavage organisée par le commissariat aux droits de l’homme et à l’action humanitaire.

A la grande surprise du public mobilisé à l’occasion, seules des localités des Hratines de Gourvava dans la commune d’Ould Yengé, Ould Jiddou hel Mbarek dans celle d’Awoynatt, Mbekéré Bilal dans la commune de Sélibaby et Jedida dans celle de Gouraye ont été ciblées par la dite caravane alors que des voix se sont toujours levées dans d’autres localités contre cette pratique inhumaine. Les participants à la cérémonie consacrée au lancement ont manifesté leur mécontentement.

Accompagné donc par le coordinateur régional de l’AMDH, une organisation, habilitée à dénoncer et à défendre les victimes en référence à l’article 22 de la Loi n° 2015-031 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes d’antiesclavagistes et/ou victimes en milieu soninké ont été reçus en audience par Mr Rassoul Ould Khal, le commissaire adjoint.

Le premier intervenant à l’occasion, Mr Yacouba Fofana, le proviseur du lycée de Sélibaby dit que la politique du gouvernement est de nature par méconnaissance des faits à encourager ou à renforcer l’esclavage. Pour illustrer ses propos, il évoque des nominations aux postes ministériels et/ou de responsabilité qui excluent des cadres dont les noms de Familles sont : Diarra, Fofana, Coulibaly, Sidibé et autres. Et d’ajouter ne sont nommés à ces postes que des cadres de nom de famille : Camara, Diabira, Gandéga ou Soumaré, minoritaires dans les villages par rapport aux anciens esclaves.

Et de juger inacceptable l’existence dans les villages soninké du Guidimakha des mosquées, des miradors et cimetières pour les nobles et d’autres pour les anciens esclaves. Il finit par déplorer le fait qu’aucun village soninké du Guidimakha ne soit ciblé par la caravane. Alors que ces derniers regorgent de personnes victimes d’esclavage et de ses séquelles.

Abondant dans le même sens Moro Sidibé de Tachott Botokholo a lui aussi déploré l’existence dans les villages soninké des quartiers à appellation injurieuse tels Komokaani (quartier des esclaves) et horankaani (quartiers des nobles) et l’indifférence de l’administration face aux doléances ou aux réclamations d’anciens esclaves issus du milieu soninké. Enfin, Demba Diarra de Coumba Ndaw s'est dit indigné d’entendre parler de loi contre l’esclavage alors que lui, traité comme esclave au vu et au su de tous, soit empêché de prêcher avant les prières de vendredi dans la mosquée de son village sans qu’aucune mesure ne soit prise contre les esclavagistes.

Répondant aux intervenants, le commissaire adjoint a dit prendre note des cas posés, ajoutant l'Etat ne ménagera aucun effort pour éradiquer le phénomène de l’esclavage et qu’il appartient aux victimes d’être organisées pour pouvoir saisir ou se faire accompagner par les organisations de défense de Droits de l’Homme.

En un mot pour les organisateurs de la caravane de sensibilisation, l’esclavage est une affaire seulement Hratine.

Amadou Bocar Ba,
coordinateur régional de l’AMDH au Guidimakha



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