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27-02-2017

23:45

L’Appropriation des SAVS : un moyen de réduction de la pauvreté rurale

Terroir Journal - La ville de Kaédi a abrité dans la journée du 25 février une séance de capitalisation des magasins communautaires dans le cadre du projet intitulé "Production Agricole pour une Sécurisation Alimentaire des plus Pauvres".

Un projet mis en œuvre par l’Association Solidarité Développement en partenariat avec Mon3, l’Union Européenne et l’Etat Mauritanien depuis 2015. Les communautés bénéficiaires ont répondu à l’appel dans une école du quartier de Kaédi nommé Nity.

L’absence notoire des autorités municipales et administratives de la région dénote de la mauvaise volonté politique de nos gouvernants pour une question aussi importante et qui touche la sécurité alimentaire des populations les pauvres du pays.

Même les communautés bénéficiaires comme celle de Rindiao ont fait faux bond à ce rendez-vous consacré au bilan de cette grande opération.

Les chiffres déclinés par le président de l’Association Solidarité Développement donnent des frissons. Sur 1700 magasins de SAVS, une évaluation de leur fonctionnement a permis de constater que seuls 200 ont réussi la gestion. Parmi ceux qui ont récolté une bonne note, les responsables ont cité les noms des villages de Dioudé Dièri (dans la commune de Bababé) et Sylla (dans la commune de Kaédi).

Il y’a aussi les noms des localités de M’Balladji et Abbaye (dans la commune de Boghé) qui ont été citées. Monsieur N’Diaye Saydou Yéro, instituteur très impliqué dans la gestion du SAVS de son village qui animait cette journée bilan. Il a retracé l’historique des SAVS et touché du doigt les faiblesses qui ont freiné le progrès des ces magasins dont particulièrement les mauvais payeurs ainsi que la rigidité des règles de gestion pendant très longtemps à l’en croire.

Le consultant a fait un long exposé sur le fonctionnement des SAVS en insistant sur leurs atouts et leurs faiblesses, le contrôle des acquis en matière des actions des SAVS, les relations SAVS et les producteurs , l’accès aux denrées au moment voulu, l’accessibilité des prix à toutes les bourses, les conditions de réussite des SAVS, l’appropriation des SAVS, un moyen de sortir de la dépendance, la pérennisation et le financement des besoins des villageois sont entre autres questions abordées. M. N’Diaye Saydou Yéro maîtrise parfaitement le dossier. C’est l’une des raisons qui ont poussées les responsables de Môn3 à faire appel à ses services nous apprend on pour animer cette séance de capitalisation des magasins communautaires.

Les échecs

Les participants ont pris la parole tour à tour pour pointer du doigt les vrais problèmes des SAVS et la cause principale de la faillite de la plupart d’entre eux, notamment le manque de transparence entre les bénéficiaires.

Le village de Pempédiel avait par exemple un fond de départ de 405 000 UM en riz et blé et se retrouve à ce stade avec un passif de 160 300 Ouguiyas entre les mains des bénéficiaires véreux. Même cas pour le quartier de Nity qui avait un fond de départ de 810 000 UM et s’est retrouvé avec un passif de 362 000 UM. Soit le double de Pempédiel. Le village de Rindiao qui avait un fond initial de 405 000 UM est dans la même situation sinon plus pire à en croire une source qui a requis l’anonymat.

Madame, Aîssata Adama Bâ, représentante du village de Pempédiel a fait une proposition dans la perspective du retrait des partenaires. Il s’agit selon elle de créer une coordination entre les trois communautés bénéficiaires des SAVS dans le but de pérenniser le projet qui bat de l’aile en tout dans le Gorgol.

Les succès

Selon le président de l’ASD, leur organisation a construit plusieurs magasins, formé les communautés bénéficiaires en gestion et administrions. Les localités de Dioudé Dièri et Sylla contrairement à celles que nous venons citer plus haut, sont des exemples de réussite a fait savoir M. Bâ Djibril. Le premier village a fructifié le stock mis à sa disposition et il a fait un bénéfice de plus de 4 millions d’ouguiyas. C’est avec ce montant qu’il s’est acheté une pirogue en déboursant de sa propre caisse 900 000 UM. Même chose pour Sylla qui a réussi à financer en 2016 la campagne agricole de la coopérative avec 1 700 000 Um puisés du bénéfice généré par le SAVS de la localité.

Perspectives

L’objectif général du projet était d’améliorer les conditions de vie des ménages les plus pauvres et vulnérables à travers une amélioration de leur production agricole. A ce stade, il faut reconnaitre qu’il reste du chemin à parcourir. Il s’agit de trouver d’autres mécanismes pour renforcer et pérenniser les acquis et cette approche. Les conditions de gestion vont évoluer selon les responsables. D’ici peu, les SAVS seront gérées par les municipalités et qui n’hésiteront pas à traduire devant la justice les mauvais payeurs.

Les Stocks Alimentaires Villageois Sécurisés (SAVS) malgré le taux élevé d’échec ont prouvés qu’ils sont une fiable source de réduction de la pauvreté en milieu rural. Il faut rappeler que cette journée s’est déroulée en présence d’Abdoulaye Camara, représentant local de Mon 3, d’Adama Samba Sow, superviseur officiel d’ASD ainsi que M. Tamboura d’autres cadres locaux.

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