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24-06-2017

12:08

Une plainte devant le TGI de Paris contre les tortionnaires mauritaniens

Mondafrique - Lors d'une conférence de presse, ce jeudi 22 juin, au parlement européen sous l'autorité de l'ancien ministre belge Louis Michel, Biram Dah Abeid, président en Mauritanie du mouvement anti esclavagiste IRA , William Bourdon et maitre Georges Henri Beauthier, animateurs de la Fondation pour l’Egalité des Chances en Afrique, ont annoncé qu'une plainte était déposée au TGI de Paris contre les tortionnaires mauritaniens.

L’une des salles de conférence du Parlement européen a abrité, le jeudi 22 juin 2017, une conférence de presse sur l’esclavage et la torture en Mauritanie, animée par la Fondation pour l’Egalité des Chances en Afrique, et sous l’autorité de l’ancien ministre et ex Président de la Commission Européenne, Louis Michel. L’assemblée était composée de députés européens, de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme.

« L’esclavage a été aboli officiellement en Mauritanie en 1981, a affirmé Louis Michel, il a été érigé en crime depuis 2007 et la loi a été renforcée depuis 2015. Malheureusement il existe encore de très nombreuses situations de servitude totale, de travail forcé et non rémunéré. »

Louis Michel a réaffirmé le soutien de l’Union Européenne à l’action pacifique menée par le mouvement politique mauritanien « IRA » et son président Biram Dah Abeid. L’ancien ministre a relevé les dimensions culturelles du phénomène de l’esclavage, notamment la résignation des victimes. Il a pointé du doigt les deux plus grands obstacles à l’éradication du phénomène: l’Etat mauritanien ainsi que la majorité de l’élite harratine, du nom de la communauté noire arabisée en Mauritanie. Tous ont opté, selon lui, en faveur d’une sorte de négationnisme des pratiques esclavagistes en Mauritanie.

Maître Georges Henri Beauthier, président belge de la Fondation pour l’Egalité des Chances en Afrique et Maître William Bourdon, avocat français et un des fondateurs de la Fondation, ont mis en exergue la condamnation par la communauté internationale de la persistance de l’esclavage sous d’autres formes qui selon eux, entraîne la mort sociale d’un grand nombre de Mauritaniens.

Maître Georges Henri Beauthier, a ainsi stigmatisé la France qui selon lui facilite le déplacement en toute impunité des fonctionnaires mauritaniens accusés de pratiques liées à la torture alors qu’elle complique le voyage des défenseurs des droits de l’homme qui veulent aller en Europe pour témoigner. Il a annoncé dans la foulée avoir déposé auprès du Parquet de Paris, une plainte contre les présumés tortionnaires et auteurs d’actes esclavagistes mauritaniens en déplacement en France et en Europe, selon le principe de la compétence universelle. Cette plainte viendrait s’ajouter à d’autres déposées devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, les rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur la torture et la violation systémique des autres fondamentaux des droits de l’homme. Les militants abolitionnistes du mouvement IRA – Mauritanie sont parmi les premiers visés.

L’alibi du terrorisme

Quant à Maître William Bourdon, il a classé le régime de Mohamed Abdel Aziz implanté en Mauritanie comme un régime prédateur des droits de l’homme. Le pouvoir mauritanien, selon lui, soustrait les criminels aux rigueurs de la loi. William Bourdon a dénoncé la torture comme levier d’intimidation et de soumission contre toute revendication des anti esclavagistes. Me Bourdon a dénoncé enfin la complicité de l’Europe avec le régime mauritanien dans ce forfait sous le couvert de la coopération militaire et sécuritaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

En réalité, dira-t-il en substance, la lutte contre le terrorisme est instrumentalisée pour jouer sur la peur des gouvernements occidentaux afin de mieux sévir contre le mouvement IRA dans son combat contre l’esclavage en Mauritanie et en faveur de l’instauration d’une alternance pacifique et démocratique.

Biram Dah Abeid, président du mouvement IRA a d’abord remercié l’honorable député et ancien ministre, Monsieur Louis Michel pour son invitation et pour l’organisation dans l’enceinte du Parlement européen de cette conférence de presse, en présence d’un public d’élus européens, d’avocats, de défenseurs des droits de l’homme et de journalistes. Il a dénoncé lui aussi la situation des droits de l’homme en Mauritanie, caractérisée selon lui par l’application d’une politique de violence indicible tendant à éradiquer le mouvement IRA au lieu d’éradiquer l’esclavage.

Le président Aziz, apprenti dictateur

Qualifiant le régime de Mohamed Abdel Aziz de réfractaire à toute amélioration des droits de l’homme en Mauritanie, mais aussi de «daïchisant » et de «fascisant», le président d’IRA a cité l’Etat mauritanien comme le principal acteur du maintien et de la pérennisation de l’esclavage: mesures liberticides, répressions, arrestations arbitraires, procès inéquitables, condamnations lourdes et tortures.

Biram Dah Abeid a dénoncé également les tentatives du régime de Mohamed Abdel Aziz d’étouffer le mouvement de droit civique que l’action du mouvement IRA a impulsé en Mauritanie.

Dans la foulée de ses dénonciations, il a assimilé la coopération économique, financière, diplomatique, sécuritaire et militaire entre l’Union Européen et les Etats-Unis d’Amérique d’une part et la Mauritanie d’autre part, comme un appui à la gouvernance esclavagiste.

Biram Dah Abeid, a interpellé dans ce cadre les élus européens à qui il a demandé de tenir tête à ceux parmi leurs décideurs qui instrumentalisent l’argent du contribuable européen pour solidifier le pouvoir d’une poignée de personnes, dépositaires d’idées antidémocratiques en Mauritanie.

Il a annoncé que le mouvement IRA Mauritanie va continuer la mobilisation et la dénonciation contre le pouvoir en place, à l’intérieur des frontières comme à l’extérieur, jusqu’à sa chute. Il a appelé toutes les communautés mauritaniennes à faire barrage à la politique du «diviser pour régner » que le pouvoir veut ériger en instrument de dressage des communautés les unes contre les autres. Pour lui, aucune communauté, même celles dont sont issues les esclavagistes et les tortionnaires, ne doit être assimilée à ces derniers.

Des codes noirs « sacrés »

Enfin, le président du mouvement IRA, a dénoncé les deux lois proposées par l’Etat et approuvées récemment par le Parlement. L’une d’elle prévoit une peine allant de un à cinq ans d’emprisonnement ferme contre quiconque critiquerait ou remettrait en cause les Codes noirs de l’esclavage en Mauritanie. En Mauritanie, la Charia est sacrée et principale source du droit dans le pays. Il s’agit selon lui, de mesures moyenâgeuses, contraires à la vraie nature de l’Islam.

Le pouvoir de Mohamed Abdel Aziz se met clairement en porte-à-faux contre la Déclaration Universelle des droits de l’Homme alors la Constitution mauritanienne, dans son préambule, déclare s’être inspirée.

Par La rédaction de Mondafrique



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