Cridem

Lancer l'impression
01-07-2017

19:00

Hommage à El Hadji KHOL: Un homme intègre et sociable s’en est allé

Journal Tahalil - L’homme à la grande silhouette, élégant dans son comportement comme dans ses relations intimes et humaines est parti, ce 15 juin 2017, sur la pointe des pieds.

Une maladie anodine l’avait emporté subitement, à la surprise générale. Ni sa propre famille encore moins ses amis avec qui il s’était entretenu au téléphone pour certains avant la rupture du jeûne, ne savaient pas que leur fils ou leur ami avait fini sa mission dans ce monde moribond.

Tous étaient ébahis, pris de court tellement l’annonce de sa mort était tombée comme un couperet au moment où la journée fatidique du ramadan venait de finir pour les jeuneurs. Ah le destin!

El Hadj Khol, la cinquantaine révolue, né en mars 1962 à Saint-Louis du Sénégal, puisque c’est de lui qu’il s’agit est décédé le 15 juin dernier à Nouakchott accompagnant le crépuscule et accueillant la prière de ishaa. El Hadji est issu d’une grande famille religieuse dont le père, le notable Saliou Khol, un homme pieux qui a très tôt éduqué ses enfants à la pratique de l’islam et à la croyance religieuse de la confrérie Khadriya.

Enseignant de profession, El Hadj Khol a trainé sa bosse partout dans les établissements scolaires de la Mauritanie. Le fils de Saliou Khol et de Ténin Camara a fréquenté l’Ecole1 et le collège du Ksar avant d’entrer au lycée national de Nouakchott.

Brillant élève, il réussit en 1984 le concours d’Entrée à l’Ecole nationale des instituteurs (ENI) de Rosso. Une promotion de 35 élèves. A sa sortie en 1986 comme instituteur plein, il est affecté à Kiffa avec son fidèle ami et compagnon de route aujourd’hui directeur d’école publique, Mr Diallo Hamady Bouïlo (nous y reviendrons sur son témoignage). En 1989 il entre à l’Institut national des langues où il a suivi pendant 2 ans, une formation en wolof et son ami Diallo en pular.

Fonctionnaire émérite et modèle, il a aussi servi avec dextérité, comme particulier du Ministre de l’Enseignement supérieur d’alors, puis au Ministère de la Jeunesse et des Sports et enfin, récemment à celui de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme comme chef service de la Propriété intellectuelle. Poste qu’il a occupé jusqu’à son rappel à Dieu, le 15 juin dernier.

Parallèlement, il a, comme tous ceux qui ont toujours l’amour de la craie, continué à servir comme conseiller pédagogique dans une école privée de la place avant d’aider sa sœur Khoudia Khol, à mettre en place en 2012, au quartier de Couveu, dans la banlieue de Nouakchott, une école fondamentale, « Science et Savoir Fatoumata Khol » du nom de sa propre fille décédée qu’il aimait tant. Cet enseignant émérite, hors pair, a servi et assuré avec dévouement la fonction d’éducateur.

A en croire ses proches, El Hadj Khol a formé des cadres et ses autres élèves fréquentent aujourd’hui de grandes universités. Depuis sa mort, des témoignages vivants et vivaces fusent de partout au niveau national et international sur la grandeur de l’homme, ses vertus et son sens inné des relations humaines. Pourtant, quasiment tous ses amis de Nouakchott l’ont vu la veille, en pleine activité professionnelle. C’était l’émoi et la consternation doublés d’un sentiment de résignation. C’est le destin.

Père de 10 enfants qu’il laisse derrière avec deux épouses, El Hadji Khol reste encore dans la mémoire collective de ceux-là qui l’ont côtoyé et qui sont dans de profonds regrets dont sa propre famille d’abord. «El Hadj est aimable, humble, honnête avec un franc parler. Au-delà des liens consanguins, c’est un ami avec qui on se dit et partage tout. Il ne me cache rien du tout » avoue son grand frère Dr Babacar Khol qui dit avoir perdu un « confident ».

« J’ai perdu un ami » dit-il avec émotion. Grandi dans le milieu maure, ce qui explique sa maîtrise de la langue hassaniya, El Hadj parle quasiment toutes les langues nationales à quelques exceptions près. «Je regrette sa mort mais c’est le destin » poursuit Dr Khol avant de témoigner : «Mon petit frère est mort entre mes mains, sur le lit de l’hôpital». Visible émotion mais résignation oblige.

Qui est El Hadj Khol ?

« Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es » dit l’adage. Diallo Hamady Bouïlo, l’ami intime et fidèle du défunt ne s’est pas retenu en répondant à cette question. Lui qui a fait l’ENI de Rosso, puis l’Ecole publique de Kiffa, l’Institut des langues de Nouakchott avec feu El Hadj Khol.

«Je l’ai connu il y a 38 ans. C’est un homme social, disponible qui avait de bonnes relations avec toute la classe. Il était ami à tout le monde … » dit-il par moment, la parole entre coupée par l’émotion et par l’absence de mots ou de qualificatifs pour qualifier celui qui est parti sans lui dire au revoir, à Dieu. «Nous étions à l’ENI ensemble, puis à Kiffa. C’était le meilleur enseignant de l’établissement qui avait des classes d’examen. Il a fait de très bons résultats à l’Ecole1 de Kiffa où il a formé beaucoup de cadres dont des ministres avant de revenir à Nouakchott à l’Institut national des langues» a-t-il souligné.

«Mame Demba Khol, dit El Hadj Khol, est un enseignant doué qui a de l’amour pour l’enseignement, ce métier qu’il aimait tant. Il était très fréquent chez moi alors que moi, j’étais rare chez lui. Malgré tout, il est resté égal à lui-même. Khol est social, plein d’abnégations, généreux et honnête, adorable, aimable et sans histoires. Il est prêt à donner tout, de l’argent, de la charité, il assiste les nécessiteux. C’est un homme jovial, plein d’humour, que je dois beaucoup et qui est parti sans me dire au revoir».

Un dernier mot qui fait couler des larmes de notre interlocuteur tellement l’émotion était encore grande et l’image de celui qui fut pendant de très longues années « un ami inséparable » était encore vivante devant lui. Difficile de le consoler en ce moment. Comme quoi, le destin peut fausser et faucher tout d’un seul coup sans crier gare.

L’un de ses amis qui le fréquentait au Ministère de la Jeunesse et des Sports, notre confrère Mohamed Feily dit Antar revient sur la personne d’El Hadji Khol. «C’était un homme humble, souriant et attachant, il était l’ami de tout le monde parce que prompt à rendre service. Ce n’est pas pour rien qu’il était devenu incontournable à la Direction de la Culture où il occupait le poste de chef de service » a-t-il dit dans sa page facebook en témoignage à un honnête serviteur et ami.

«Mon ami Khol est parti. C’est triste mais c’est la dure réalité de la vie avec son lot de mauvaises nouvelles. C’est ainsi que j’ai accueilli la disparition prématurée d’El Hadj Khol, cadre au Ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, qui est parti sans dire au revoir à ses amis d’enfance dont je fais partie. El Hadj Khol, comme son frère Babacar Khol, ont partagé avec moi les meilleurs instants de notre jeunesse dans le ksar ancien.

C’était chez les Khol et les Diagne où l’on se regroupait tous les soirs pour échafauder des plans pour tromper la vigilance de Barabiche ou de Djongo pour suivre sans payer les derniers films au cinéma Sahara. C’était la belle époque celle de l’insouciance et de l’amitié sincère.

Plus tard, lorsque nous étions devenus grands, chacun a suivi sa voie et El Hadj Khol était devenu un enseignant modèle avant de passer dans l’administration centrale du Ministère de la Culture où il s’est très vite fait une place grâce à ses compétences, son sérieux et sa rigueur. Sa disparition subite laissera un grand vide qu’il sera difficile de combler. Que Dieu lui ouvre les portes de son paradis éternel.»

Comme si cela ne suffisait pas, l’un de ses meilleurs amis et compagnons d’infortune, Mr Souleymane Seck dit Jules, ému par la mort subite de son désormais ancien ami dans ce bas monde, revient sur la grandeur, la gentillesse et la tendresse de cet homme.

« Nombreux sont les hommes que j’ai connus durant mes années de carrière mais aucun d’eux n’a captivé mon admiration plus que lui » soutient-il. «Il était l’objet de mes citations devant les interlocuteurs valables. Ce que j’admirai le plus en lui, c’était sa simplicité sans vulgarité ; sa précision sans sécheresse, sa correction sans froideur, sa concision, son laconisme et surtout une élégance sans affection. Ce sont ces qualités qui lui donnaient une véritable âme d’éducateur », poursuit-il.

«Croyez-moi, ses qualités l’ont conduit au plus haut faîte dans l’enseignement territorial de la Mauritanie. Il était parmi ceux sur qui la Mauritanie comptait pour la grande œuvre de sa construction ». Ces paroles traduisent les sentiments de profonde affection d’un de ses anciens amis qui le connaissait à fond et qui n’a pas l’habitude de louer des personnes de qualité qu’elles n’ont pas.

«Son indulgence et son vrai sens de l’humain le guidaient à savoir recueillir les bonnes initiatives à regrouper les bonnes volontés, à prendre des décisions et à assurer les responsabilités. Il ne confondait pas l’autorité à l’autoritarisme. Que Dieu l’accueille dans son paradis. Amen ». Depuis la France où il vit depuis quelques années, Amadou Mokhtar Sarr, l’un des fidèles amis de Mr Khol, a juste lancé ces mots : « C’est un homme humble, honnête et sociable que nous venons de perdre … nous lui devons beaucoup. Prions pour le repos de son âme».

Voilà en quelques mots des témoignages vivants recueillis auprès des anciens amis d’El Hadj Khol. Inna Lillahi Wa Inna Illeyhi Rajioun.

Ibou Badiane



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org