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08-07-2017

11:25

Sahel - la force du G5 et les symptômes d’un échec

Alakhbar - Si la France et les pays du G5 Sahel ont pu surmonter l’obstacle juridique en obtenant le feu vert des Nations unis et l’aval du Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine pour la mise en place d’une force du G5 contre le terrorisme au Sahel, ces pays ont remis sur la table du sommet de Bamako – qui a consacré l’acte de naissance de la force du G5 Sahel- leurs vieux désaccords sur la question.

Les choses étaient allées très même trop vite durant la période peu avant le départ de Hollande et l’arrivée de Macron à l’Elysée. D’intenses tractations diplomatiques ont été menées, allant du déplacement du Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz en France aux visites de ministres français à Nouakchott en passant par plusieurs échanges téléphoniques.

Au final, Nouakchott n’était plus cet obstacle à la création d’une force commune du G5. La République Islamique a cédé aux exigences de Paris. Longtemps, Nouakchott refusait la stratégie de la France qui ne voulait plus apparaître comme l’envahisseur aux yeux des Africains.

En effet, la France cherchait à réduire sa présence sur le front malien et se faire remplacer par une force africaine avec la Mauritanie comme un appui et une base arrière. Tout simplement, parce que Nouakchott interprète, d’abord le conflit au Nord et au Centre du Mali comme une rébellion, donc une affaire inter malienne.

Seulement la haute hiérarchie mauritanienne est convaincue que seule la sécurisation des frontières pourra réduire les chances de survie des djihadistes au Sahel. Autrement dit : Inutile de se constituer en force de guerre contre les terroristes.

Si par la suite Nouakchott a changé d’avis c’est parce que – dit l’opposition mauritanienne - Paris a promis de ne pas barrer la route au président Mohamed Ould Abdel Aziz qui apparemment vise un troisième mandat.

La France a-t-elle renoncé au deal ? Ou le nœud de la guerre est passé par là ? Même si Macron, le nouveau patron de l’Elysée tente de remonter le morale en injectant 8 millions d’euros, il faudra attendre jusqu’à la fin l’année 2017 pour espérer l’enveloppe européenne promise à la force du G5.

Quoi qu’il en soit, Nouakchott s’emble vouloir revenir à la case de départ : Pas de déploiement de soldats mauritaniens au-delà de leurs frontières. Pas d’engagement de Nouakchott dans une force contre le terrorisme sans moyens financiers.

L’on s’interroge d’ailleurs si le président Ould Abdel Aziz n’aurait pas reçu le premier ministre algérien en marge du sommet de l’UA que pour lui rassurer que son armée n’est plus partante pour cette force du G5. Alger refuse toute intervention armée dans la sous-région.

Le prix à payer pour rompre un accord tacite avec les djihadistes risque d’être lourd. Des djihadistes qui - en guise d’avertissement- ont décapité deux officiers de liaison mauritaniens et jeté – le lendemain du 29e sommet de l’union africain- leurs têtes dans un marché populaire.



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