Hamedine Kane - Le potentiel agricole mauritanien a toujours été sous-exploité en raison de plusieurs facteurs négatifs qui le plombent. Ces facteurs se présentent sous diverses formes bien connues de tous les mauritaniens En faisant la somme de l’ensemble des contraintes qui pèsent sur l’avenir de notre agriculture on comprend aisément pourquoi celle-ci n’est pas performante en comparaison avec celle des pays voisins.

A titre d’exemple un pays voisin au notre a produit lors de la campagne agricole 2015-2016 : 950000 Tonnes de paddy alors que pour la même période, nous n’avons pu produire, avec plus d’espace cultivable, que la moitié de cette quantité.

Pourtant l’Etat déploie depuis 1997 d’énormes efforts pour soutenir le secteur agricole par divers plans de relance et d’ajustement structurel, d’aménagements agricoles et de vulgarisation de techniques culturales modernes ; actions qui ont été soutenues par plusieurs bailleurs de fonds dont: la Banque Mondiale, le FIDA, la CFD, les fonds arabes et les autres pays amis.

Le Crédit agricole qui est le fruit de cet effort de soutien de l’Etat aux agriculteurs avait été mis en place pour accompagner le financement des campagnes agricoles de l’irrigué ; mais cet instrument n’a servi, en définitive, que enrichir des hommes d’affaires dont certains avaient, en réalité,peu de liens avec la profession agricole.

Cette situation de complaisance manifeste avait eu pour effet de conduire, progressivement,nos malheureuses coopératives de crédits agricoles à la faillite financière; faillite due à une accumulation de stockd’impayés avoisinant 10 Milliards UM.

A défaut de pouvoir recouvrer ces montants par des voies légales, les engagements gelés des agriculteurs avaient subi, sur autorisation de l’Etat, plusieurs mesures de rééchelonnements qui ont fini, en définitive, par être effacés, pour solde de tout compte, du portefeuille des organismes des crédits.

Si on a l’habitude de mettre tout sur le dos de l’Etat, s’agissant de l’échec du développement de l’agriculture en Mauritanie, pour ma part en tant que citoyen, directement concerné par l’agriculture, j’approuve la fermeté affichée par le gouvernement envers les mauvais payeurs des crédits agricoles et souhaite aussi que ce nouveau financement de 10Milliards accordé par le Royaume d’Arabie Saoudite à notre pays ne subisse pas le malheureux sort des crédits agricoles déjà définitivement compromis.

Certains hommes d’affaires, fort heureusement, –ils ne sont pas nombreux- font encore la fierté de nos paysans en investissant leurs ressources propres dans des projets d’unités industrielles agricoles dont l’impact sur nos populations améliore sensiblement leurs conditions de vie quotidienne.

Hamedine Kane
Ancien Maire dans le département de RKIZ