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27-07-2017

09:21

Menace de grève des médecins spécialistes et généralistes : « Les médecins réclament un statut et des meilleures conditions de travail », dixit leur porte-parole.

Le Calame - Les médecins spécialistes et généralistes ont organisé, le 17 Juillet, un sit-in devant le ministère de la Santé. Cette action intervient après une première sortie, le 3 Juillet, dans les locaux du Centre hospitalier national (CHN), qui a rassemblé « trois cents de leurs confrères », selon les organisateurs.

L’objectif de ces sit-in est d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur leurs conditions de travail, « devenues intenables », souligne le porte-parole des blouses blanches, le docteur Haïmida, chirurgien cardiologue.

« Revendications légitimes »

Les spécialistes, rejoints, aujourd’hui, par tout un bataillon de généralistes, s’étaient constitués, en Novembre 2016, en syndicat des médecins spécialistes. « Cent soixante adhérents », affirme le porte-parole du mouvement. Ils ne disposeraient pas de statut spécifique, en Mauritanie.

Ils sont considérés, par la Fonction publique, comme des médecins généralistes, malgré leur spécialisation. A en croire le docteur Haïmida, il n’y a pas de formation de spécialistes en Mauritanie, ceux qui y aspirent doivent payer de leurs propres deniers, en s’expatriant le temps de leurs études.

Mais, toujours considérés en généralistes à leur retour, ils ne sont jamais reclassés. Mêmes traitements, donc. Leur premier combat se concentre sur la reconnaissance d’un statut officiel de spécialiste, par la Fonction publique, et un traitement approprié.

En dépit de l’existence de spécialistes en différentes disciplines, le syndicat s’étonne de voir le gouvernement « importer des médecins étrangers, pour exercer dans les structures médicales. Et, là où un généraliste mauritanien spécialisé touche 200000 UM, en sus de diverses motivations (environ 100 000 UM), leurs collègues étrangers touchent 1,4 million d’UM.

« C’est cette différence dans le traitement, pour ne pas dire cette injustice, que les médecins mauritaniens entendent dénoncer », reconnaît le porte-parole des blouses blanches. Les spécialistes mauritaniens demandent à être alignés sur le traitement de leurs homologues étrangers.

C’est cette préoccupation partagée par les médecins généralistes qui amènent ceux-ci à rejoindre le mouvement de leurs confrères. Mais, au-delà de ces revendications légitimes, « nous voulons envoyer un message clair, non seulement aux pouvoirs publics mais, aussi, aux citoyens, pour leur dire que les médecins ne sont pas responsables des défaillances du système mauritanien de santé, ils se démènent pour s’acquitter de leur mission », tient à ajouter le docteur Haïmida.

Après la mise en place de leur syndicat, les médecins spécialistes et les généralistes ont rédigé une plateforme remise à leur tutelle. Mais, depuis leur première rencontre avec le comité mixte (Ministère de la Santé – ministère de la Fonction publique) mis en place pour l’occasion, aucun nouveau contact n’a été développé avec la tutelle qui « demeure sourde » aux revendications des médecins.

« Face à cette situation, nous allons passer à une deuxième étape de notre action. Nous préparons une conférence de presse, pour dévoiler, au public, nos légitimes revendications. Nous ne sommes pas encore en grève comme le prétendent, hélas, certains media, nous menaçons seulement d’y aller, si nos revendications ne sont pas prises en compte par notre département. Pour être plus précis, disons que le mot grève n’est pas approprié, pour le moment », fait remarquer le docteur Haïmida.

Plateforme revendicative

Les revendications principales des médecins spécialistes et généralistes présentées dans leur plateforme tiennent en peu de mots : reclassement après la spécialisation et meilleures conditions de travail dans les structures publiques. Actuellement, pas de bureau, le plus souvent, pas d’armoires, pas de chaises… », déplore leur porte-parole.

Les médecins dénoncent, également, l’absence de formation continue, pour une bonne mise à niveau. Ils sont obligés de payer de leurs propres poches, pour assister à des congrès ou séminaires à l’étranger, « pas plus d’un par an », renchérit-il.

Autre revendication, l’élargissement du système d’assurance-maladie ou la gratuité des soins, dans les urgences, parce que les médecins se retrouvent, souvent, confrontés à des cas pathétiques qui nécessitent une prise en charge rapide, alors que ni les intéressés ni leur famille ne disposent pas de moyens. « Nous demandons une assurance-maladie universelle, comme cela se fait, par exemple, au Maroc ».

Autre incongruité, les médecins spécialistes ne peuvent pas bénéficier de cours (assistants, résidents) à la faculté de médecine, un privilège qui ne serait accordé « qu’aux médecins formés au pays ou à des médecins étrangers », selon le docteur Haïmida. Et d’exiger une meilleure protection du métier : « on est, aujourd’hui, concurrencé par des charlatans, de soi-disant tradithérapeutes ou tradipraticiens, s’érigeant en médecins et écumant nos villes ».

Enfin, les médecins protestataires demandent également, à l’Etat, de revoir le contrôle sur les médicaments et la chaîne de distribution, au laboratoire national de contrôle des médicaments et à la CAMEC. « Il faut leur donner les moyens d’assurer leur mission, parce que le trafic des médicaments est devenu un fléau mondial et qu’il faut, en conséquence, bien surveiller le marché».

DL




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