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11-08-2017

08:41

Référendum en Mauritanie: la Céni répond aux accusations de fraude

RFI - Après la victoire du «Oui» au référendum constitutionnel en Mauritanie du dimanche 6 août, l’opposition – qui avait pour une large part appelé au boycott du scrutin - a dénoncé une « farce électorale ». La Commission électorale nationale indépendante répond aux accusations de fraude et invite l’opposition à saisir le Conseil constitutionnel.

Le « Oui » au référendum constitutionnel l'a emporté avec 85% des suffrages exprimés, selon des résultats proclamés dimanche 6 août dans la soirée, qui font état d’un taux de participation de près de 54%.

Cette victoire du « Oui » entérine les réformes proposées dans ce texte, dont la modification du drapeau national de la République islamique de Mauritanie, qui se voit adjoindre deux bandes rouges, pour « valoriser les sacrifice des martyrs » de la lutte anticoloniale des années 1960. Mais c’est une autre réforme proposée qui a cristallisé l’opposition : la suppression du Sénat, qui doit être remplacé par des conseils régionaux.

Plusieurs sénateurs de l’opposition – dont une large part avait appelé au boycott du scrutin, ont d’ailleurs affirmé ne pas vouloir se conformer à cette disparition annoncée, arguant qu’il ne quitteraient leur poste qu’à la fin de leur mandat électif.

Cheikh Ould Hanena, l'un de ces sénateurs, a expliqué lundi 7 août à RFI, au lendemain du vote, que cette consultation était pour lui un « non évènement », la jugeant « illégale » et « illégitime ».

La Céni se défend

Pour ce référendum, la Commission électorale nationale indépendante a travaillé sur la base d’un fichier biométrique qui « donne une liste électorale comprenant toutes les indications relatives à l’électeur » et « ne permet pas, par exemple, les votes multiples », rétorque Abdoulaye Diarra, directeur de la Communication et de l’Éducation citoyenne à la Céni.

Il insiste également sur le fait que le dépouillement « s’est fait en présence des différents acteurs impliqués dans le processus ». A l’issue de celui-ci, les résultats ont été affichés dans les bureaux de vote, offrant ainsi « la possibilité pour les acteurs du processus de comparer les résultats, les extraits, avec les résultats tels qu’ils sont proclamés sur le plan national », affirme Abdoulaye Diarra.

Recours possible devant le Conseil constitutionnel

Ce porte-parole de la Céni tient également à souligner que « les différents acteurs impliqués » ont la possibilité d’un recours devant le Conseil constitutionnel. « Cette possibilité leur est ouverte pour apporter toutes les preuves éventuellement si il y a eu des manquements », avance Abdoulaye Diarra. Un tel recours est possible jusqu’au 20 août.

Hier jeudi, Mahfoudh Ould Bettah, le leader de la Convergence démocratique nationale -qui est le seul parti d’opposition à n’avoir pas appelé à boycotter le scrutin et à avoir appelé à voter pour le « Non »- a déjà dit son refus d’en passer par un recours devant la haute instance.

Au micro de RFI, l’ancien ministre mauritanien de la Justice a remis en cause la crédibilité des résultats, mais ne saisira pas le Conseil constitutionnel car il « ne veut pas donner une légitimité légale à ce scrutin, parce qu’il a été une opération de fraude de bout en bout ». Mahfoudh ould Bettah insiste : « On n’offrira pas cette occasion au pouvoir en place d’instrumentaliser le Conseil constitutionnel ».



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