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23-09-2017

20:30

Dioudé-Djeri/Bababé : 8 communautés déclarent solennellement l’abandon de l’excision !

Terroir Journal - Le Secrétaire général de la Mouqata’a de Bababé, M. Zayed O/ Mbareck El Id a présidé ce samedi 23 septembre 2017 à Dioudé Diéry,

la cérémonie de « Déclaration solennelle d’abandon de l’excision » organisée par l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) en partenariat avec Equality Now dans le cadre du projet « Amélioration de la protection juridique des filles contre les pratiques traditionnelles nuisibles en l’occurrence les MGF à travers l’utilisation de la loi et des mécanismes juridiques ».

Cette cérémonie a été rehaussée par la présence de la Présidente de l’AMDH, Me Fatimata Mbaye, de son vice-président, le poète et ex-commissaire Sall Djibril, du Secrétaire général, M. Mbow Amadou, du député Fall Mika, des Maires adjoints de Bababé et d’Aéré Mbar, respectivement MM. Mbaye Abderrahmane et Ndiaye Oumar.

Les représentants locaux de l’association en l’occurrence, MM. Dioum Ciré et Djigo Moussa ont mis les bouchées doubles pour donner à cet évènement tout l’éclat qu’il mérite.

Ce projet d’une durée de 17 mois a démarré en février dernier dans le but de « mener des campagnes de sensibilisation de masse et de porte-à-porte pour promouvoir l’abandon de l’excision en s’appuyant sur les leaders d’opinion (imams, chefs coutumiers, élus locaux en s’appuyant sur les comités de veille mis sur pied ». Il intervient dans les 4 wilayas du sud du pays. Au Brakna, il est exécuté dans les localités de Nouara, Dounguel Réo (commune Aéré Mbar), Abary, Dioudé Djéri, Dioudé Walo (commune de Bababé), Hamdallaye, Sayé, Touldé, Thidé et Roty (commune de Boghé).

Ouvrant le ballet des discours, le chef du village de Dioudé et l’Adjoint au Maire de Bababé, respectivement MM. Boun Oumar Ndiaye et Mbaye Abderrahmane ont exprimé toute « leur satisfaction d’accueillir cette cérémonie de déclaration publique contre l’excision qui comporte de graves conséquences sur la santé et la dignité des filles ». Ensuite, la Présidente de l’AMDH, Me Fatimata Mbaye a d’abord remercié l’assistance pour « sa mobilisation grandiose qui traduit leur engagement au service de la défense des droits humains ».
Poursuivant, la célèbre avocate a indiqué que « l’excision est une pratique traditionnelle qui ne repose pas sur la charia et qui comporte des effets néfastes sur la santé de la fille future mère, d’où la nécessité pour les communautés de se mobiliser pour l’abandonner car il y va de leur survie ». Prenant la parole à son tour, Mme Mariata Sow, a expliqué, au nom du médecin-chef de Bababé, les conséquences sanitaires de l’excision dont les risques de transmission d’IST en raison de l’usage d’objets non stérilisés, des hémorragies, des rétentions d’urines, des saignements entre autres.

Cet avis scientifique est partagé par l’imam Sow Ibrahima Samba qui rappelle que « l’Islam qui est une religion de justice et d’égalité proscrit toute pratique qui nuit à la santé de l’être humain ».

« C’est le cas de l’excision qui, a-t-il dit, n’est ni une obligation, ni une recommandation ». Enfin, le député Fall Mika et l’Adjoint au Maire d’Aéré Mbar, M. Ndiaye Oumar ont pris la parole pour apporter de l’eau au moulin de ceux qui les ont précédés. Le député a d’abord rappelé la fatwa des Ulémas contre l’excision en 2010 et la loi en vigueur en la matière avant de porter son blouson de professionnel de la santé pour expliquer que cette pratique est un vrai problème de santé publique en raison de ses effets sur la vie conjugale de la femme.

Après un sketch sur l’excision présenté par un groupe d’enfants suivi d’un témoignage fait par une ex-exciseuse, Aïchettou M/ Abdallahi, Houlèye Sarr et Zeïnabou Aliou Bâ ont lu respectivement en Arabe, en Pulaar et en Français, la déclaration solennelle d’abandon de l’excision. Le texte est ainsi libellé : « Nous, les représentants de huit communautés pulaar et hassaniya des départements de Boghé, Bababé et Aéré Mbar, réunis ce samedi 23 septembre 2017 à Dioudé Djery, prenons l’engagement solennel en toute connaissance de cause, d’abandonner toutes les pratiques néfastes notamment l’excision et les mariages précoces des filles ».

Cette déclaration publique qui vient couronner 6 mois d’activités de sensibilisation contre cette pratique traditionnelle néfaste contribuera sans nul doute à la vulgarisation de l’Ordonnance 2005-015 du 5 décembre 2005 portant protection pénale de l’enfant qui prévoit des sanctions pénales contre les auteurs de l’excision.

Dia Abdoulaye Alassane



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