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14-12-2017

06:00

Nouvel Ouguiya : Le marché flambe

L'Authentique - Il a fallu juste une semaine après la conférence de presse du gouverneur de la BCM sur la nouvelle ouguiya, pour que le marché de consommation du pays soit perturbé. Autant les devises ont vu leur côte monter au marché noir, autant les prix des produits de consommation sont montés en flèche.

Dans la seule journée de dimanche dernier, au marché noir de Nouakchott, l’Euro est passé de 405 ouguiyas le matin, à 415 UM en milieu de journée puis à 445 UM en début de soirée. Pour sa part, le Dollar américain est passé de 320 à 355 UM, l’espace de 24 heures ! Lundi, la tendance s’est stabilisée, mais les craintes étaient toutefois nombreuses de voir l’ouguiya chuter davantage les jours à venir.

Cette situation serait due à deux facteurs : l’émission dès le 1er janvier 2018, des nouvelles gammes de la monnaie nationale et la rareté des devises au marché noir. Elle serait aussi provoquée par des professionnels du change et des spéculateurs en quête de profit.

Il faut toutefois dire que pendant ces trois dernières années, la valeur de l’ouguiya a baissé de 241 à 370 pour un dollar et de 354 à 455 pour un euro Depuis l’annonce le 28 novembre dernier de l’émission de nouveaux billets de banque en lieu et place des billets en cours d’usage, les commerçants et autres hommes d’affaires se sont en effet rués vers les devises, tous persuadés qu’en transformant leurs réserves financières en devises, ils les protégeraient d’éventuelles crises financières à venir.

Mais le flux le plus important des candidats au change, provient sans nul doute du monde rural. En effet, les propriétaires de cheptel ont été nombreux à se rendre à Nouakchott, pour disent-ils sécuriser leur argent. Très lotis ces derniers mois pour avoir vendu nombre de leurs animaux puisqu’incapables de les entretenir au terme d’un hivernage avare, ils ont été aperçus devant les Agences de change comme devant les guiches de banque.

Soit pour s’approvisionner en devises, soit, pour placer des fonds, dans l’attente de les récupérer sous forme de nouveaux billets de banque. Le marché de change du pays connait ainsi une forte ébullition, marqué toutefois par la suspicion et la prudence.

En effet, une forte crainte est perceptible auprès des professionnels du change qui craignent l’intrusion de faux billets de l’ancienne monnaie à quelques semaines de l’introduction des nouvelles coupures. De tradition, ces faux billets proviendraient surtout des éleveurs, souvent arnaqués par des acheteurs qui ont l’habitude de se servir de faux billets de coupure de 5000 UM.

Dans le commerce, la spéculation a fait des ravages. Non seulement les produits de consommation se sont faits rares mais plus, ils ont vu leurs prix revus à la hausse. Le riz, l’huile, le lait en poudre ont particulièrement été visés, puisqu’importés.

La viande, le poisson, les fruits et légumes, les produits de chair ont gardé leur prix, mais sont de plus en plus rares. Tous les produits de ménagers, les matériaux de construction, les produits de luxe ont vu leur prix revus à la hausse ; dans les circuits du marché, une forte rumeur interprète le changement de monnaie à une dévaluation de l’ouguiya !

C’est fort de cette situation que le gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie a rencontré jeudi dernier les membres de l’union nationale du patronat mauritanien. L’occasion pour lui de réaffirmer en substance que la valeur de la monnaie nationale demeurait inchangée et qu’elle pourrait même connaître prochainement une amélioration. En vain ! Plus grave !

Quelques heures après la réunion, la spéculation a repris de plus bel, avec l’ouguiya qui a de nouveau chuté dans le marché noir, passant de 403 à 1 Euro à 405 à l’achat.

JOB



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