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13-02-2018

23:30

Mauritanie-Sénégal : victoire même si c’était le gaz, d’abord et le poisson, ensuite

Dr Sidi El Moctar Ahmed Taleb - Malgré l’atmosphère qui l’avait précédée, la visite que vient d’effectuer, chez nous, le Président du Sénégal Macky Sall, sur invitation de son frère et ami le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, a été un réel succès. Elle était, autrement dit, une victoire pour les populations de la Mauritanie et du Sénégal, même si c’était le gaz, d’abord et le poisson, ensuite.

En Mauritanie et au Sénégal, des opposants, des opportunistes et des perturbateurs de tout ordre, avaient voulu exploiter le dernier incident représenté par la mort d’un pêcheur sénégalais (Allah Yerehmou) et les saccages contre des commerces mauritaniens à Saint-Louis, pour tendre les relations bilatérales, voire créer une véritable crise entre deux pays liés - pour toujours et malgré eux- par l’histoire et la géographie.

Quant au succès de la visite et le triomphe de la raison, ils se traduisent, selon le communiqué final, dans quatre (4) points essentiels.

Premièrement, il y a l’approche apaisée et la manière dont a été élucidée la question du dernier incident : « les regrets exprimés par les deux Présidents suite à l’incident ayant entrainé la mort accidentelle d’un pêcheur sénégalais sur les côtes mauritaniennes ainsi que les saccages contre des commerces de mauritaniens à Saint Louis ».

Deuxièmement, la signature d’un accord de coopération pour l'exploitation d'un champ de gaz naturel off-shore, considéré "le plus important en Afrique de l'Ouest", est certainement bien vue sur les plans national, sous-régional et international.

Là, aucune surprise en ce qui concerne cette priorité accordée à la question de l’exploitation de ce gisement gazier "Grand Tortue - Ahmeyim" (GTA), situé au niveau des frontières maritimes entre les deux pays.

D’abord, il s’agit d’un dossier en préparation depuis longtemps ; cet accord de coopération intergouvernemental (ACI) signé, constituant le véritable motif de la visite de travail du Président sénégalais dans notre pays.

Ensuite, les partenaires étrangers intéressés par l’exploitation de cet important champ gazier ont joué un rôle non négligeable dans l’accélération de la conclusion du présent ACI.

Le Troisième point en constitue la volonté des deux chefs d’Etat de signer un Protocole d’Accord de pêche d’ici fin mars 2018 ; ceci doit réjouir, à un an d’une échéance électorale très importante, tant les pêcheurs de Guet Nder que leurs autorités politiques supérieures.

A remarquer qu’à la veille de cette visite présidentielle, ce dossier de pêche a exagérément été mis avant dans les médias au point de faire croire à l’opinion publique qu’il constitue l’unique motif de l’invitation adressée au chef de l’Etat sénégalais pour effectuer une visite en Mauritanie.

Nul ne doute que la pêche a été le troisième domaine de coopération, à côté de l’énergie et de la sécurité, sur lequel les deux Présidents avaient fortement insisté dans leurs pourparlers.

A propos du délai de fin mars prochain, il serait peut-être le temps nécessaire au département des pêches pour clôturer l’opération de recensement de son parc piroguier artisanal, d’évaluer sa politique tant de mauritanisation des emplois à bord des navires étrangers que d’approvisionnement du marché national en poisson.

A l’issue de ce travail, ce département disposera des ingrédients nécessaires pour éclairer les hautes autorités du pays sur les possibilités de pêche disponibles par rapport au TAC annuel défini par la recherche, aux engagements déjà pris face à des partenaires bi et multilatéraux et à d’autres objectifs de la stratégie sectorielle 2015-2019 ( ).

Par ailleurs, il est opportun de rappeler à ceux qui font feu de tout bois pour nuire aux relations bilatérales de la Mauritanie et du Sénégal, que l’histoire ne constitue pas toujours une entrave insurmontable. Il suffit qu’existent chez les dirigeants politiques une volonté réelle et un engagement sincère pour dépasser les mauvais côtés de tout passé, bâtir un présent solide et envisager un avenir prometteur et un destin commun.

L’exemple de la France et de l’Allemagne, est éloquent à ce sujet ; celui-ci devant alors constituer une réelle source d’inspiration, surtout pour ceux qui croient à l’importance des relations de bon voisinage et ambitionnent construire un projet régional, continental ou mondial.

Dr Sidi El Moctar TALEB HAMME



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