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10-01-2019

21:15

Mauritanie: le président, leader d'une marche contre les discours de haine

RFI - Le président mauritanien a mené ce mercredi à Nouakchott une marche contre « les discours haineux et l’extrémisme ». L’opposition avait décidé de boycotter l’événement.

C’est la première fois depuis qu’il est président que Mohamed Ould Abdel Aziz participait à une manifestation. Les marcheurs ont traversé les principales avenues de la capitale avant de s’arrêter dans l’enceinte de l’ancien aéroport international de Nouakchott.

Dans son discours le chef de l’Etat a déclaré que son pays avait développé et diversifié son économie et renforcé ses infrastructures, même s’il reconnaît des disparités économiques et sociales. Disparités qui, selon lui, trouveront leur solution « dans l’enseignement ».

Mais le président mauritanien a surtout dénoncé ceux qu’il appelle les auteurs de messages de haine. « Nous devons préserver et consolider notre unité nationale. Nous devons barrer la route aux criminels, porteurs d’idéologies racistes, séparatistes et extrémistes. J'invite nos compatriotes à se dresser contre ceux qui cherchent la désintégration de la Mauritanie ! », a-t-il lancé.

L'opposition sceptique

La sortie du président mauritanien intervient dans un contexte de plus en plus marqué par des échanges parfois virulents sur les questions identitaires. Mais les propos du président Abdel Aziz, qui s’est présenté en défenseur de l’unité nationale, n’ont guère convaincu l’opposition et une partie de la société civile, qui ont d’ailleurs boycotté la marche.

Comme Hamady Lehbouss, secrétaire chargé des relations extérieures de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA). « Il faut une éducation, que les gens aillent à l’école. Mais où est l’école ? C’est la responsabilité de l’Etat. Qu’est-ce qu’il a fait Ould Abdel Aziz pour que les gens aillent à l’école ? Qu’est-ce qu’Ould Abdel Aziz a fait pour éradiquer le racisme ? pointe-t-il. On est sceptique. C’est vraiment de la politique politicienne. »

Même son de cloche du côté de l'opposition. Selon Mohamed Ould Maouloud, président du Front national pour l'unité et la démocratie (FNUD), le président Abdel Aziz connaît la faiblesse de son bilan sur la question ethnique et tenterait de la retourner à son avantage. Car la meilleure défense, c'est l'attaque.

« Il a tous les moyens pour permettre qu’il y ait un débat national sur la question de la coexistence des différences communautés ethniques. Nous l’avons demandé plusieurs fois et il s’y refuse, affirme-t-il. Évidemment, une marche ne sert à rien pour régler un problème de fond. Probablement que cela rentre dans le cadre des manœuvres du pouvoir pour préparer les élections de 2019. Et cela nous inquiète beaucoup que, dans ce cadre-là, il cherche à manipuler ces questions très sensibles. »

Tout cela à six mois d’une élection présidentielle à laquelle il a plusieurs fois assuré qu’il ne sera pas candidat, la Constitution ne prévoyant pas la possibilité de briguer un troisième mandat.

Par RFI



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