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21-02-2019

11:12

Ghazwani : un candidat « otage » ?

Le Calame - Bien qu’il ait été officiellement désigné – ou obligé… – par son alter ego, le candidat de la majorité présidentielle persévère à garder le silence. Toujours à son poste de ministre de la Défense, au gouvernement, et à son logement, à l’état-major des armées.

Les membres du parti au pouvoir, l’UPR, et autres opportunistes de tout acabit s’égosillent donc seuls sur les qualités et mérites de l’énigmatique dauphin. L’UPR – plus exactement, son président – fut le premier à apporter son soutien au candidat intronisé à la succession de l’actuel président de la République.

Pour maître Sidi Mohamed Ould Maham, également porte-parole du gouvernement, Ghazwani est le meilleur choix pour continuer l’œuvre de son compagnon, Mohamed Ould Abdel Aziz, pour la stabilité et le développement du pays. Il l’a dit devant les députés et maires de la majorité qu’il a rencontrés, leur demandant de soutenir « cet homme de confiance, maîtrisant tous les dossiers de l’Etat.

Ould Maham enchaine les réunions, tressant des lauriers au probable successeur d’Ould Abdel Aziz, proclamant que l’actuel ministre de la Défense est le seul à même de répondre aux aspirations de la population mauritanienne.

Mais, de l’avis de nombre d’observateurs, l’Union Pour la République dont le président s’active tant n’aurait pas été associée au choix du dauphin. Tout s’est passé au sein d‘un cercle restreint de gradés.

C’est dire que le principal parti de la majorité n’a fait que prendre le train en marche et doit, par conséquent, se mettre au pas. La réunion, fin Janvier, avec les députés et les parlementaires, n’avait pour seul objectif que d’entourer la candidature annoncée d’Ould Ghazwani d’un maximum de consensus. Le mot est lâché.

Le communiqué de la présidence mettant fin aux gesticulations des députés réclamant un troisième mandat, alors même que la Constitution l’interdit – un vœu longtemps entretenu par un Ould Abdel Aziz, flouant ses véritables intentions, tout en répétant, à qui voulait l’entendre, qu’il respecterait la loi fondamentale – a surtout révélé une cassure, au sein de la majorité présidentielle.

Un certain nombre de députés s’étaient opposés ouvertement à l’option du troisième mandat. Tandis que, du côté de la Grande Muette, des rumeurs distillées donnaient à croire qu’elle avait arrêté son choix sur son patron, le général Ghazwani.

Une atmosphère quelque peu malsaine, accentuée par d’autres rumeurs sur l’opposition de certains membres du gouvernement et de députés, principalement les partisans du troisième mandat, à la candidature du général. Une rencontre, entre le candidat désigné et les présumés hostiles à sa candidature, est venue clore cette polémique, qualifiée, par certains, de « manipulation ». Peut-être mais, alors, de quel cercle ?

Les mots utilisés, pour présenter le ministre de la Défense en candidat « personnel » du président Ould Abdel Aziz, laissent, de surcroît, les observateurs perplexes. Selon leur lexique, Ould Ghazwani ne se serait pas imposé en incontournable, pour succéder à son alter ego. Il a été choisi, désigné ou obligé, par notre président-fondateur, à la poursuite – pourquoi pas sous contrôle ? – de la « révolution ».

En tournée dans les régions du pays, le ministre de l’Intérieur s’est appliqué à vanter les réalisations du Président, en ne pipant mot – un non-fait troublant unanimement relevé par les observateurs – sur le candidat Ghazwani, lors de l’étape de Tidjikja, capitale du Tagant. Alors, le général Ghazwani qui semblait bénéficier – en tout cas jusque-là – de circonstances favorables, serait-il un candidat otage de son mentor ?

Toutes choses qui ne manquent pas de polluer le processus de succession du Président sortant lequel aurait chargé le président de l’UPR de notifier, aux anciens parlementaires, réunis, voici deux jours, à l’hôtel Mauri-Center, et à tout le microcosme politique de la majorité qu’Ould Ghazwani est seul et unique candidat d’Ould Abdel Aziz et de la majorité et que tous battront campagne pour le faire élire.

A chacun, donc, de s’impliquer en cet objectif. Des propos qui viennent écarter les rumeurs selon lesquelles l’ex-Premier ministre, Moulaye ould Mohamed Laghdaf, briguerait la magistrature suprême. Et quand on sait les rapports que celui-ci entretenait avec Ould Abdel Aziz, le Rubicon est vite franchi, par les détracteurs du tombeur de Sidioca.

Aujourd’hui, les dés sont jetés. Ould Ghazwani est le candidat d’Ould Abdel Aziz et de sa majorité. Son intronisation officielle est attendue dans les jours prochains. Des informations circulent, dans les salons, évoquant d’intenses préparatifs, au niveau du gouvernement et de l’UPR.

Des invitations, à des chefs d’Etat, de gouvernements et d’organisations internationales, seraient en passe d’être lancées. Le président Ould Abdel Aziz voudrait conférer, à cette cérémonie d’investiture, annoncée au 23 Février, un cachet particulier. Un évènement médiatique, à la veille même du congrès de l’UPR, le 2 Mars.

Mais, à en croire certaines rumeurs, divers cercles du pouvoir prôneraient le report du congrès au lendemain de l’élection présidentielle, craignant l’immanquable étalage des divisions, à cette foire d’empoignes, susceptible d’impacter négativement sur le consensus recherché autour du général Ghazwani. Si les dés sont jetés, les jeux sont-ils faits ?

Les apparences sont parfois trompeuses…

DL



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