Cridem

Lancer l'impression
07-03-2019

09:54

Ligne rouge : Et si Aziz disait la vérité ?

Cisse Housseynou - Interrogé sur son soutien actif à la candidature du nouvel homme fort de Nouakchott, le président Aziz dira qu'il n'a pas imposé quiconque et que le général Ghazouani a choisi de se présenter lui-même. Ironie pour le peuple et mensonge pour l'opposition. Mais il est fort probable que cela soit la stricte vérité.

La manière, la voix et les gestes trahissent fort la volonté de l'homme pour faire apparaître combien l'homme n'est pas d'avis avec ce choix. Il aurait aimé rester encore et encore le pilote apparent de ce pays de dociles et suiveurs incapables de faire ou de défaire.

Rien et personne ne pouvait jusqu'ici compromettre le règne de l'unique « génie de tous les temps ». Excusez-moi, je dois dire de celui qui est convaincu d'en être l'unique. Mais le charisme d'un homme d'hier, fin stratège, effacé et bon soldat au front ont fait le poids. Le général Ghazouani a vu son heure sonnée.

Un moment qu'il a toujours attendu et qui devenait incertain du fait des multiples errances du président Aziz et ses soutiens de circonstances. Des virements aux revirements, les virages en disent beaucoup.

Des œuvres aux manœuvres, les hommes du parti doivent finalement se contenter de couleuvres et se voir imposer la candidature kaki. Elle est vraiment belle la démocratie militaire ! Comme disait mon ami ironiquement « Ma andkoum charav» ou approximativement « vous n'avez pas de dignité».

Mais que dis-je ? Le président Aziz n'a pas encore dit son dernier mot lui qui nous a toujours surpris. Ma conviction est que l'homme tentera quelque chose. Libre à vous de penser à ce que vous trouverez juste. Je vois votre regard et dites-vous que c'est bien possible aussi.

Toutefois, Si le général Ghazouani parvient à faire face aux obstacles et devenir le nouveau pilote, nous serons dans un bicéphalisme exécutif qui risquerait fort bien de compromettre la survie de notre Etat. Je préfère ce mot à la démocratie.

Il devra faire face à l'ambition d'un homme de revenir au pouvoir par tous les moyens et à sa propre dignité de prouver aux Mauritaniens qu'il n'est pas le valet du général Aziz. Se défaire d'un ami de longue date avec qui on a eu une histoire commune ne sera nullement une chose facile pour tous les deux.

Mais le pouvoir à sa propre logique et ses réalités imposent généralement un choix pas toujours compréhensible pour le peuple. Le destin imposera donc deux cas de figures : la continuité ou la rupture. Quoi qu'il en soit une crise institutionnelle sera inévitable. Les rares amis du président Aziz seront au front, les opportunistes du côté de Ghazouani et le peuple incapable attendra fera la prière comme une vielle dame sans espoir.

Enfin, l'heure du choix sonnera bientôt et il reviendra aux Mauritanien de se maintenir dans la continuité du système militaire posé et imposé père ou de prétendre vivre le rêve de la démocratie des civils et non des militaires civilisés. La beauté du choix résidera dans l'espoir et dans volonté sans complexe du choix à assumer librement, selon la logique d'homme ou de citoyen.

Cissé Housseynou Birama

L'avocat du peuple



"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org