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09-05-2019

01:00

«Where did Ramsis go?» Un fascinant voyage dans le temps

Yero Ndiaye - Le film de l’égyptien Amr Bayoumi a gagné le premier prix de la compétition du long documentaire de la 21ème édition du festival international pour les documentaires et les couts d’Ismaïlia qui s’est tenu du 10 au 17 avril 2019.

L’œuvre est d’une beauté remarquable. L’auteur commence tout d’abord par dresser sa propre biographie. Du haut d’un balcon surplombant l’une des corniches du fleuve Nil, il se remémore les années d’enfance. Les premiers pas à l’école, les différents lieux habités avec chacun sa particularité, les relations avec les parents et les proches … Le tempo de la narration nous conduit dans l’intimité de l’auteur.

Avec les précisions et les détails, on croit apriori que son objectif premier est de se présenter au public dans les différentes facettes de sa nature et de son existence. Mais c’est peine perdu. Le cinéaste « signale à gauche, il bifurque avec panace à droite ».

Il projette dans un tout nouveau champ aussi soudainement que les battements des ailes de pigeons qui s’envolent brusquement des berges du célèbre cours d’eau, se posant, çà et là, sur les toits des maisons environnantes.

En mettant la figure de Ramsès II au centre de son récit, de par sa glorieuse histoire, ses épopées, ses étonnantes réalisations architecturales dans l’antiquité mais aussi et surtout en montrant les différentes étapes de la relocalisation en 2006 de son imposante statue qui trônait majestueusement au centre du Caire, Amr Bayoumi, fait un trait d’union entre le passé et le présent. C’est plus de trois mille ans d’histoire de ce magnifique pays qu’est l’Egypte qui est remise au goût du jour. C’est étonnant de voir encore, au temps moderne, la présence de ce pharaon, fortement acclamé par la grande foule pendant que sa figure trottine vers le quartier des pyramides, son actuelle demeure.

Le réalisateur abandonne ainsi insidieusement son égo en choisissant courageusement de mettre la lumière sur l’histoire passée, présente et s’interroge sur l’avenir de son pays. Les grandes périodes sont citées de manière chronologique. L’indépendance, suivie de la révolution des officiers des années Cinquante avec la figure de Mohamed Naguib, les années soixante avec le règne de Gamal Abdel Nasser, l’assassinat du président Sadat dans les années quatre vingt et en fin la chute de Moubarak en 2011.

Et après tout cela, « where did Ramsis go? » où va le pays maintenant ? s’interroge-t-il. La métaphore est parfaite. Le personnage du roi n’est qu’un fil conducteur dans le raisonnement de l’artiste. Il revient toujours à lui pour passer à une nouvelle scène, pour montrer une autre réalité dans l’évolution historique de la société égyptienne.

Le parallélisme fait avec le Nil, sève nourricière du pays, perçu comme étant un lien vivant entre le passé et le présent est éloquent. Pour rendre compte de leur importance à travers toute la période allant de l’antiquité à nos jours, le pharaon et le fleuve mythique sont mis en gros plan tout au long du film qui a été particulièrement très bien documenté en images, photos, et coupures de presse…

Ce travail bien fouillé dans les archives a enrichi à coup sûr cette magnifique œuvre qui pourrait servir d’un véritable support pédagogique aux enseignants des classes d’histoire. C’est un film plaisant bien rythmé par les différentes musiques des époques traversées.

Un voyage poétique qui brassent « des couleurs et des formes qui célèbrent la vie et la beauté ».

Yero NDiaye, journaliste critique de Cinéma



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