Cridem

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24-06-2019

20:30

Gueule de bois

Tijane Bal - Tout ça pour ça ! La séquence électorale n’aura donc été qu’une hypnose collective.

L’intermède démocratique, ses meetings, ses débats, ses affiches, ses slogans, un rêve éveillé. Plus rude a été le réveil. En sursaut et secoué d’interrogations dont celle-ci : quel bilan ? Quelle onde de choc éventuelle ? Et maintenant ? Et après ? Quelques constats basiques s’imposent.

Jusqu’ici, deux figures géographiques figuraient notre pays en un raccourci : le désert et le fleuve. En ce lendemain électoral, la métaphore de l’archipel le caractérise davantage tant l’intrusion écrasante d’un vote ethnico-racial dessine plutôt un univers d’îlots isolés.

Jusqu’ici, la Mauritanie était pays clivé mais unitaire au plan institutionnel. Elle le demeure. Reste que sa configuration électorale en fait plus que jamais une fédération de fait. La cartographie électorale compartimente la carte territoriale.

La ligne de partage (électorale s’entend) entre le Nord et le Sud est plus flagrante que jamais. On se croirait revenu à l’aube de l’indépendance quand d’aucuns proposaient un fédéralisme aux motifs et contours ethniques bien délimités. A plusieurs décennies de distance, les voilà entendus. Pour le meilleur ou pour le pire.

Vient s’ajouter à cette polarisation majeure, une fragmentation sociale qui est l’antithèse même du Vivre ensemble, formule dont on mesure à quel point elle fait figure d’idéal, de souhait fort mais lointain. La lecture combinée des résultats électoraux officiels et officieux donne la distance à parcourir.

Il est un autre clivage subsidiaire sans être subalterne. Plus que jamais, la diaspora n’aura mérité son nom. « Communauté » à la fois lointaine et en déphasage avec les institutions du pays. Pas nécessairement avec ses réalités. La distance n’aplatit pas le réel.

Les institutions, parlons-en. Le discrédit qui affecte la fameuse CENI en est un archétype caricatural.

De quoi l’avenir sera-t-il fait ? Vu d’aujourd’hui, de nombreuses incertitudes : quant à la paix civile, à la confiance dans les gouvernants, dans les institutions qu’ils sont censés représenter et par- dessus tout dans les principes réputés républicains censés les soutenir.

Un climat de défiance s’est installé sinon amplifié. Le ressentiment le dispute à la discorde. Réconcilier tous ces contraires ne sera pas aisé. Il faudra pourtant en passer par là. Bon courage.

Tijane Bal



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