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08-08-2019

13:17

Quelle attitude, Ghazwani adoptera vis-à-vis des cadres Peul ?

Le Calame - C’est la question existentielle que se posent nombre de ressortissants de cette communauté Peul ayant voté largement en faveur du candidat de la coalition Vivre Ensemble (CVE) dirigée par Dr. Kane Hamidou Baba.

En effet, après avoir décidé de soutenir le candidat de la majorité Ghazwani, au cours d’une rencontre, chez Kane Yahya, les cadres et notabilités de la cette communauté ont remis à celui-ci, au cours d’une rencontre, à son QG de campagne, quelques jours avant le démarrage de la campagne présidentielle, un mémorundum portant sur leurs revendications.

Dans ce document de plusieurs pages, les cadres de la communauté Peul avaient recensé l’essentiel de leurs préoccupations.

Des préoccupations qui vont de sa représentativité au sein des institutions de la République, des forces armées et de sécurité, la question du passif humanitaire, de l’accès à l’état civil, du foncier rural, de transcription et l’enseignement des autres langues nationales (Pulaar, Soninké et Oulolf), de l’administration territoriale, la promotion des cadres, des infrastructures de base.

Une nouveauté dans la mesure où ses préoccupations étaient défendues par les partis politiques à leadership négro-africains des mouvements proches, taxés, il faut le signaler d’extrémisme (FPC, AJD/MR, PLEJ, PMC arc –en ciel, TPMN…) ou Haratine, comme, entre autre, le Mouvement IRA ou El Hor. Ces cadres et notabilités avaient donc déplacé le curseur, espérant dès lors trouver une oreille attentive de la part du successeur d’Ould Abdel Aziz, d’une part, couper l’herbe sous les pieds du candidat de la CVE, d’autre part.

Dans sa réponse au discours prononcé à cette occasion par l’ex ministre Bâ Bocar Soulé, le candidat Ghazwani s’était montré très prudent, laissant nombre de cadres très sceptiques. Selon nos sources, il se serait engagé, quelques jours avant à apporter des réponses appropriées aux doléances formulées. Entre temps, de l’eau aura coulé sur le pont. Les cadres de la majorité ont reçu un désaveu cinglant de la part de leur communauté lors de la présidentielle.

Rares sont en effet ceux qui ont réussi à convaincre les populations à voter pour leur candidat. C’est le cas à Wothie, le duo composé de Thiam Diombar et de Dieng Adama Boubou s’est beaucoup investi pour faire gagner dans leur fief. Victoire également de Ghazwani à Abdallah Diery et Walo, commune d’El Vora, grâce Mamadou Bass, alias Samba Leeldo et ses amis. Signalons au passage que Dieng Adama, envoyé comme coordinateur de campagne a réussi un score honorable dans la Moughata de Maghama. Maigre moisson tout de même pour toute la partie sud du pays.

En votant presque partout pour le changement, les populations négro-africaines entendaient sanctionner, non seulement leurs cadres mais aussi adresser un message au candidat du pouvoir. Pour les premiers, les dix dernières années du règne d’Ould Abdel Aziz ont consacré leur « marginalisation » à tous les niveaux politiques économiques et sociale...et leurs cadres ont servi de complices ou de caution. Nous avons soutenu Aziz depuis son arrivée au pouvoir, nous l’avons accueilli, applaudi des mains et des pieds voté pour lui, mais, au retour, nous n’avons jamais reçu les dividendes. Regardez depuis N’Diago jusqu’à Gouraye, au Guidimakha, tout cet espace ne compte pas de cadres hauts placés.

Les populations négro-africaines reprochent également à leurs cadres leur suffisances et parfois leur égoïsme. Si certains ont leur maisons grandes ouvertes, rendent services, quelques uns, d’entre eux ont des vigiles devant leurs maisons ou de sonneries et ne rendent pas de services aux nécessiteux. Ils refusent de vous prendre au téléphone, tempête un jeune à la recherche de travail.

Pour le second, Ould Ghazwani, les populations l’interpellent sur les dysfonctionnements de son prédécesseur. Les accueils qui lui ont été réservés pendant sa tournée de précampagne dans certaines régions sonnaient comme une alerte.

De leurs côté, des cadres et notabilité de cette communauté expliquent que le vote identitaire ne favorise pas la démocratie et qu’en votant ainsi, les populations ont opté pour leur marginalisation au sein de la République. Sachant qu’une seule ethnie, fut-elle majoritaire dans le pays ne peut gouverner, les responsables de la CVE auraient du négocier avec un candidat à même de gagner la présidentielle plutôt que désavouer les leurs, regrette un ancien maire. Aujourd’hui, les dés sont jetés et le résultat de la coalition est sans appel, explique un ancien élu. Désormais, certains chauvins seraient tentés de juger la composante à ses résultats, fait-il remarquer.

Il faut reconnaître que le pouvoir n’a pas rendu service à ses cadres de la communauté qui se plaignent de puis bien longtemps de leur marginalisation. La désignation de Niang Djibril comme directeur national de campagne du candidat Ghazwani n’a pas servi de déclic, et certains ont profité de leur position stratégique pour se régler des comptes.

Alors que vont faire ces cadres avant et après la prestation de serment du nouveau président ? Feront-ils une évaluation de ce qui s’est passé sur le terrain ? En parleront-ils avec le président élu ? En tout cas si Ghazwani choisit ses hommes parmi ceux qui font de bons résultats chez eux, beaucoup perdront leur maroquin. Wait and see !





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