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15-09-2020

13:51

Cas de viols à Nouakchott, l’incroyable compromission des autorités judiciaires

L'Authentique - A Touil, dans la Wilaya du Hodh Gharbi, un gendarme accusé de viol sur une fille mineur, a été placé en détention puis mis sous liberté provisoire par un juge de la Cour Suprême après le refus du parquet d’Aïoun et de la Chambre d’Appel de Kiffa, ce qui lui permettra de quitter tranquillement le territoire, échappant ainsi à la justice.

A Nouakchott, un étranger accusé de viol sur une fillette, a bénéficié lui aussi de complicité, profitant de sa liberté provisoire, pour se soustraire à la justice. Deux exemples entres de nombreux autres de laxisme observé dans le traitement des cas de viols en Mauritanie, et dont les principaux auteurs sont les autorités judiciaires.

Et entre ces crimes odieux, se sont glissés en l’espace de quelques mois, deux cas de viols suivis de meurtre. Le premier a eu lieu au mois de mars 2020 sur une fille originaire de Kaédi et dont le corps à moitié décomposé sera découvert à Tiguint, 100 Km environ de Nouakchott, entre les dunes et l’Océan. L’auteur de ce crime odieux a été jugé au tribunal de Rosso et condamné à mort.

Un autre crime aussi odieux a été perpétré il y a quelques jours à Dar Naïm, sur la route dite « Route de la Résistance » à Nouakchott. Une fille de 28 ans, en ballade avec deux hommes et sa copine sur les dunes environnantes, sera elle aussi retrouvée au crépuscule, le cou tordu, morte après un viol collectif.

Ce meurtre a entraîné, comme tous ceux qui l’ont précédé, une vive indignation de l’opinion publique, poussant plusieurs organisations des droits de l’homme à manifester devant le ministère de l’intérieur et celui de la Justice, pour réclamer la traduction des auteurs devant les tribunaux.

Huit personnes ont été déférées dans ce cadre au Parquet de la République, le mercredi 9 septembre 2020, parmi elles, un célèbre blogueur et défenseur des droits de l’homme et une femme.

Ces quelques cas glanés ne sont que la face cachée de l’iceberg, car entre les affaires exposées devant les allées de la justice et celles refoulées au tréfonds des secrets familiaux, dont plusieurs cas d’incestes et autres parricides, les listes entretenues par les ONG spécialisées dans les viols des femmes et des filles sont longues comme la Muraille de Chine.

La Mauritanie et sa justice continuent en effet de prendre ces affaires à la légère et rares sont les cas de viol qui aboutissent à des peines de prison. Les arrangements familiaux entre clans du bourreau et clans de la victime parviennent dans la plupart des cas à étouffer les cas de viol contre monnaie sonnante et trébuchante.

En attendant, les organisations de défense des droits de l’homme continuent de réclamer le vote du projet de loi contre les violences faites aux femmes et aux filles, dont la troisième version dort encore dans les tiroirs de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, bloquée par la furie des conservateurs qui se sont levés comme un bouclier pour s’opposer à son adoption.

Déjà proposé à deux reprises, en 2016 et en 2018, la Loi sur le genre, sera en effet repoussée à plusieurs reprises, pour non-conformité aux valeurs locales selon les thèses de ses détracteurs. Mais selon les défenseurs des droits de l’homme, c’est la seule arme pour réprimer les auteurs de viol et mettre fin à la série macabre qui plonge chaque jour des familles entières dans la désolation.

Phénomène purement urbain auparavant, fait nouveau, les viols se sont exportés à présent, à l’arrière du pays, là où les mœurs sont pourtant les moins relâchés. Plusieurs cas ont été signalés dans des zones insoupçonnées comme Adel Bagrou, Bassiknou, et autres recoins pourtant aux valeurs sociales encore bien conservées.

MOM




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